Comportement électoral – Vote Ethnique et Vote Partisan à Maurice (II)

L’ampleur de la volatilité partisane et de l’abstentionnisme protestataire laisse entrevoir un mouvement sismique du comportement électoral

La première partie de notre étude était consacrée à l’évolution historique du comportement électoral à Maurice. Du vote de classe on est passé au vote ethnique, structuré en 1967 et cristallisé à partir de 1983 autour de deux camps dits « majorité » et « minorités ». La volatilité transgressive – mobilité d’un camp à un autre – est marginale. A ce comportement électoral stable s’est greffé un vote partisan de plus en plus instable.


En France, c’est l’intensité du clivage gauche-droite (camps idéologiques) qui limite la volatilité transgressive. En revanche, aux Etats-Unis, le clivage Démocrate-Républicain étant faible, la volatilité externe est très importante. En Grande Bretagne, la volatilité transgressive avait véritablement débuté avec le recentrage du Parti Travailliste de Tony Blair.

A Maurice, la stabilité du comportement électoral fondée sur l’identification ethno-partisane reste relative. En effet le système se complique, ou s’enrichit, lorsque d’autres formations « fish in the same pond ». Dès lors, l’électeur a le choix entre plusieurs partis qui lui sont proches sur le plan ethnique. De ce point de vue, il devient en quelque sorte un électeur objectif qui va prendre davantage en compte les aspects rationnels – bilan, comportement, programme –, tout en restant, bien entendu, dans le périmètre ethnique, plutôt irrationnel ou affectif.

L’instabilité interne, de plus en plus importante, où l’électeur change de parti à l’intérieur d’un ensemble stable, est une évolution intéressante. Aidée par le jeu d’alliances, elle permet l’alternance et devrait donc influer sur le comportement même des partis politiques.

De ce fait, la modification des comportements de l’électorat, ainsi que l’évolution des partis politiques nous amènent à apporter quelques précisions :

1) Nos chiffres : L’abstentionnisme progresse nettement. De 11% en 1967 il est passé à 26% en 2014. C’est la raison pour laquelle nous l’incluons dans notre étude pour une meilleure appréciation des rapports des forces. Nous avons donc retouché les résultats électoraux en nous basant sur l’ensemble du corps électoral (Electoral Lists) et non pas sur les suffrages exprimés (Votes). Cela permet d’avoir le poids réel des formations politiques lorsqu’elles ne sont pas en alliance, et leur force estimée en situation d’alliance.

2) Le corps électoral : S’agissant de la composition ethnique du corps électoral, les estimations effectuées par les partis politiques à partir des listes électorales indiquent une certaine égalité en termes de poids électoral, des deux ensembles. D’une manière générale, les « Hindi-speaking » – Hindous originaires du Nord de l’Inde – et une partie des TTM (Tamouls, Télougous, Marathis) s’identifient davantage aux partis perçus comme étant du groupe de la « majorité ». Et ceux de la « Population générale », les Musulmans, les Sino-Mauriciens et une partie des TTM se rallient aux partis considérés comme ceux des « minorités ».

ENSEIGNEMENTS
de l’historique des élections
(voir 1er partie dans notre dernière édition)

1)     Le vote ethnique est stable. Si le comportement électoral communautariste s’est structuré en 1967, c’est bien à partir de 1983 qu’il s’est cristallisé autour des partis perçus comme représentant la « majorité », d’une part, et des partis identifiés au groupe des « minorités », d’autre part. Selon nos estimations, le poids électoral des partis identifiés au groupe de la « majorité » et des « minorités » tourne à égalité autour de 40% chacun depuis 1983. 20% passent dans l’abstention structurelle, c’est-à-dire celle qui ne varie pas selon les circonstances politiques et contestataire, affectant davantage le MMM.

2)     Le vote partisan est de plus en plus instable. Durant les années 80, le « hard core » du PTr tournait autour de 20%. Compte tenu de son socle électoral de 35% en 1976, son segment volatile était de 15%, récupéré en totalité par le PSM en ’82 et le MSM en ’83 et ’87.

Le MSM avait déjà un « hard core » estimé à 3%, provenant de l’IFB, l’ancien parti de Anerood Jugnauth. En ’91, le PTr reprend la moitié de son segment mobile, soit 8%. En ’95, cet électorat flottant choisit le MSM – (et le MMSM de Madun Dulloo) – et retourne majoritairement au bercail travailliste en 2000 et 2005, lorsque le MSM s’allie avec le MMM. Le MDN de Raj Dayal en a également profité.

En 2010, le PTr en alliance avec le MSM conserve une bonne partie de cet électorat volatile.

En 2014, le PTr en alliance avec le MMM dans un climat désastreux, perd non seulement ces 15% d’électeurs flottants mais voit son « hard core » de 20% ramené brutalement à 14%. Le segment volatile est donc passé à 21% (15% + 6%).

(Voir le texte complet dans notre édition papier)

D.E.V

ORAC (Opinion Research Analysis Consult)

* Published in print edition on 29 April 2016

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