Drogues: Une gangrène pour la société !

La politique de « ferme-les-yeux », « ferme-les-oreilles » et « ferme-la-bouche » devient un moyen d’auto-protection. Mais pour combien de temps encore ? Entretemps, la drogue tue

Beaucoup de jeunes de 17 à 25 ans environ sont soit consommateurs, ou petits vendeurs ou petits distributeurs de drogues. De quels types de drogues s’agit-il ? Marijuana, crocodile, LSD, entre autres, polluent le milieu scolaire. Des bonbons fourrés aux drogues synthétiques ou des cocktails de boissons gazeuses mélangées aux drogues synthétiques sont vendus ou offerts par des marchands ambulants dans la rue, paraît-il.

Quant aux drogues dures, elles sont mieux cachées. Par ailleurs, elles coûtent plus cher et, sans aucun doute, un certain nombre de passeurs se sont spécialisés dans ce créneau porteur et ils savent gérer efficacement leur petit commerce.

Nos hôpitaux ne tarderont peut-être pas à avoir des wards remplis de drogués. L’île Maurice n’a pas raté le train du développement dans ce cas, nous dit-on…

Drogues et milieu scolaire

Nos jeunes sont les proies les plus faciles des vendeurs de drogues, ces spécialistes qui vont « charbonner » ou « dealer » dans le langage trafiquant.

Devant certaines écoles primaires, ce sont des innocents qui sont arnaqués par les gens qui font miroiter des petits paquets bien attrayants devant eux. En ce qui concerne les établissements secondaires, bon nombre d’élèves connaissent les revendeurs des drogues car, pour eux, ce sont des visages familiers.

En vérité, plusieurs collégiens-lycéens achètent ces produits nocifs des « charbonneurs », à titre individuel ou en groupe, en cumulant leur argent de poche. La somme varie de Rs 200 à Rs 1000. Ils apportent les drogues au sein de l’établissement puisqu’il n’y a aucune forme de contrôle. Les chiens renifleurs n’y sont pas présents non plus !

A ce jour, il s’avère difficile de retracer ces consommateurs car les profanes du domaine sont incapables de distinguer entre l’odeur de la fumée d’une cigarette et l’odeur de la marijuana. Plus grave encore, plusieurs parents compensent leur absence de la maison ou le manque de temps accordé à leurs enfants en leur donnant beaucoup d’argent de poche, avec en prime, aucune forme de contrôle parental. Un certain nombre de jeunes rentrent à la maison, ivres, mais les parents pensent qu’ils se couchent tôt parce qu’ils sont fatigués par le travail scolaire ou les leçons particulières. D’autres jeunes utilisent l’argent des leçons particulières pour satisfaire leurs besoins en drogues et cumulent les retards dans les paiements mensuels aux enseignants.

 Drogue et niveau tertiaire 

Qui serait assez naïf pour croire qu’il n’existe pas de commerce de drogues en milieu universitaire ? Certaines institutions sont le chantier régulier des passeurs tandis que d’autres sont connues pour le passage régulier des voleurs… qui ne volent que des billets, jamais de pièces… car ils ont besoin d’argent pour acheter leur dose quotidienne…

Certains jeunes, parait-il, n’ont absolument aucun problème financier. Ils disposent même d’une voiture pour se rendre à l’université. Mais les problèmes familiaux et affectifs les rongent. Psychologiquement affaiblis, ils commencent par consommer des boissons alcoolisés à un rythme régulier : après un cours, après deux cours, après trois cours, ainsi de suite… La quantité de boissons consommées augmente avec les fréquentations. Un beau jour, ils goûtent à un mélange, un mélange drogues-alcool dont ils ne peuvent s’en passer… Et là, ils deviennent les complices d’une bande discrète.

Il y a aussi l’effet des « energiser drinks ». Depuis plus de 10 ans aux Etats-Unis, certaines marques sont répertoriées lorsque les consommateurs donnent des informations sur les terribles effets de ces produits menant à l’hospitalisation des patients. Certains jeunes seraient plus vulnérables que d’autres aux effets néfastes de ces produits en vente libre dans plusieurs grandes surfaces.

En effet, après trois ans de consommation intensive de ces boissons énergisantes, plusieurs jeunes ont été hospitalisés. Certains ont trouvé la mort. D’autres ont eu des séquelles : problèmes liés aux organes – foie, estomac ou rein – ; palpitations et autres problèmes cardio-vasculaires ; tension artérielle très élevée menant parfois à une rupture d’anévrisme ; anxiété, insomnie, dépression, et autres troubles mentaux,…

Il se trouve que les analyses effectuées sur des patients hospitalisés indiquent parfois un taux très élevé de toxicité. On y retrouve la présence des drogues dures ou des drogues synthétiques… S’agirait-il des effets associés à la composition de ces boissons elles-mêmes ou y aurait-il des ajouts de drogues à ces « energiser drinks »par les bandes pour inciter à la consommation lors de leurs rencontres avant, pendant ou après les heures de cours ? Quoiqu’il en soit, la consommation de ces boissons inciterait à en consommer plus – une dépendance aux boissons et aux drogues s’y installerait avec le temps, fragilisant de plus en plus la santé des jeunes.

Qui sont ces jeunes consommateurs de drogues ?

Les jeunes consomment de la drogue pour plusieurs raisons. Mais on pourrait avancer sans vraiment se tromper que ce sont les jeunes qui ont des problèmes familiaux et autres problèmes affectifs complexes qui cèdent le plus facilement aux diverses tentations offertes à leur portée, soit par les petits vendeurs ou par les peer groups. Un certain nombre de ces jeunes finissent par intégrer une bande de drogués.

Connaît-on ces bandes de drogués ? Il semblerait que l’administration scolaire ignore le plus souvent les noms de ces bandes même lorsque le personnel scolaire soupçonnerait la présence des drogues au sein de l’établissement. Les charbonneurs ne distinguent pas entre la clientèle d’un établissement public ou confessionnel. L’important pour eux, c’est de vendre pendant que d’autres s’emmêlent les pédales dans des guerres larvées…

La division des uns renforcerait la solidarité des autres et ferait fructifier ce commerce. Quelques jeunes disent que ce trafic cesse temporairement à partir du moment qu’une fouille est annoncée. D’autres jeunes affirment que l’ADSU visiterait déjà certains établissements scolaires mais n’aurait pas encore réuni toutes les preuves pour arrêter qui que ce soit…

En cas de danger pressenti, les petits vendeurs et jeunes consommateurs de ces drogues seraient avertis et ils prendraient les précautions nécessaires afin de ne pas se faire attraper. Comme ils fonctionnent en groupe de 5 à 10, ils placent des guets et se protègent les uns les autres. Une fois la drogue avalée, ces jeunes sont coupés de la réalité.

Selon certains observateurs, il y aurait des jeunes qui s’évanouissent, d’autres hallucinent ou restent inertes. Mais ils ne font peur à personne pourvu qu’on ne se mêle pas de leurs transactions ! Dans la plupart des cas, ce sont les garçons qui sont ciblés. Quant aux filles, apparemment, elles avalent ces drogues quand elles sont avec leurs copains. Dans les collèges réservés aux filles, celles-ci ne font pas bande à part. Certaines fonctionnent en solo ou à trois. Le commerce achat-vente et la consommation demeurent plus secrets.

Economie parallèle bien organisée et acteurs fidélisés 

Les groupes sont constitués de façon à ne pas balancer des noms facilement. Malgré les dissensions et les disputes, trafiquants et consommateurs évitent de se trahir pour éviter des représailles. Au cours des fêtes-techno dans plusieurs coins de l’île, on raconte que la vente des drogues est monnaie courante. Les drogues circulent librement et chacun y trouve son compte. Certains s’enrichissent tandis que d’autres éprouvent du plaisir à fumer, à boire…

La question de s’en prendre soit aux charbonneurs ou aux consommateurs ne se pose même pas ! Ce n’est pas compliqué pour eux d’éliminer les opposants à ce commerce, que ce soit à coups de sabre ou avec un scalpel. Ils ont aussi leurs gros bras et ils emploient la force physique pour tabasser à mort, ce qui fait qu’il vaut mieux se taire, laisse-t-on entendre…

Environnement dégradé – Quel modèle pour les jeunes ?

Quelques anecdotes ci-dessous entendues ça et là donnent des frissons dans le dos.

  • Avant la mort brutale d’un caïd de la drogue, les trafiquants n’avaient pas tant d’appréhensions avant de dénoncer mais, maintenant, ils garderaient plus facilement le silence. C’est un milieu mafieux extrêmement dangereux. Ils ont des couvertures partout ; alors autant ne pas les provoquer.
  • On se servirait des bateaux de pêcheurs pour transporter de la drogue à Maurice. La vente des poissons devient un moyen plus commode pour écouler les drogues sur la plage.
  • Quelqu’un avait demandé à un de ses amis de lui prêter son van assez spacieux pour chercher des voyageurs à l’aéroport de Plaisance. Parmi les bagages, le chauffeur avait aussi récupéré de la drogue cachée dans une planche à voile. Toute la bande avait été arrêtée. Malgré les fouilles de fond en comble de la maison du chauffeur, il n’y avait pas de preuves contre lui mais il avait été contraint de suivre la bande. Il s’était rendu compte qu’il avait fait un faux pas à cause de certains amis et cela lui a coûté 4 ans de prison. Rendre un service, cela pourrait faire basculer toute une vie.

Pour conclure

Tout comme la vente de certains produits habituels au coin des rues, il semblerait que la vente des drogues a connu une expansion ces dernières années. C’est en recrudescence dans notre petite société qui voit de plus en plus de jeunes devenir abrutis, voire mourir. Existe-t-il une solution pour contrer la récupération de ceux qui sont des proies faciles et des victimes de ce commerce malheureux ? Nous n’avons pourtant ni la superficie du Mexique, ni celle de l’Italie, ni celle de Madagascar. Alors pourquoi est-il si compliqué de démanteler ces réseaux ?

Il est évident que les drogues gangrènent notre société face à l’impuissance des seniors qui ont de moins en moins les moyens pour y porter remède. Beaucoup sont même dépassés par ces évènements. La politique de « ferme-les-yeux », « ferme-les-oreilles » et « ferme-la-bouche » devient un moyen d’auto-protection. Mais pour combien de temps encore ? Entretemps, la drogue tue.

Au sein de la société civile, quelques vaillants se battent et encouragent à prendre le taureau par les cornes. Pourquoi devrait-on céder face à ces gros trafiquants, à ces petits vendeurs et aux consommateurs ?

Shakuntala Boolell & Vina Ballgobin 

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