Les femmes au pouvoir

By Eric NG PING CHEUN

On vante ces jours-ci la participation féminine aux élections locales. Mais on apprécie moins le côté sombre de la femme politicienne. Elle est expressive, cette caricature de Deven T., qui a ceci pour message: Les femmes peuvent mieux faire que les hommes comme transfuges politiques. Attirées par le pouvoir, elles se bercent d’illusions.

Platon, reconnu comme le philosophe de la Cité idéale, écrit dans Les Lois, 942a: “Le précepte le plus essentiel est que nul, ni homme ni femme, ne reste sans chef ; que nulle tête d’homme ne s’habitue, soit en combat réel, soit dans les jeux, à agir seule et sans contrôle ; il faut, au contraire, en guerre comme en paix, vivre les yeux constamment fixés sur le chef et soumis à ses ordres et se laisser diriger par lui jusque dans ses plus simples gestes.

Voilà ce qu’enseignait Platon, qui continue d’inspirer tous les Marxistes qui existent encore sur cette planète et qui rêvent d’une société parfaite sous un esprit de commandement.

Pour Platon donc, « nul, ni homme ni femme, ne reste sans chef ». Le chef, c’est celui ou celle qui est au pouvoir. L’homme ou la femme doit être soumis à quelqu’un d’autre qui détient le pouvoir. Donc, le problème de la femme peut être aussi le problème de l’homme.

Ce n’est pas un problème de sexe, mais un problème de pouvoir. La soif du pouvoir, l’abus du pouvoir, la concentration du pouvoir: c’est ce qui peut changer une femme ou un homme.

Si nous cessons de parler en termes d’hommes et de femmes, si nous parlons plutôt en termes d’individus, nous serons à même de mieux saisir les grands enjeux de société. La société, c’est quoi au juste ? C’est une entité abstraite, mais concrètement, c’est un ensemble d’hommes et de femmes. Il n’y a pas un être social, mais il existe des êtres humains, des individus, qui entretiennent des relations et qui se côtoient.

Donc, quand on se réfère au « social », on ne parle pas du « collectif », mais de « l’inter-individuel », du « relationnel ». Ce sont les relations entre les individus qui tissent une société, une famille, une association.

Relations dépersonnalisées, anonymes et abstraites

De l’individu, on arrive à l’inter-individuel, au relationnel. L’inter-individuel concerne d’abord deux personnes, le mari et la femme ; puis trois personnes, le mari, la femme et le fils ; ensuite quatre personnes, le mari, la femme, le fils et la fille ; et ainsi de suite.

A mesure que le nombre de personnes augmente, les relations deviennent dépersonnalisées. Citons ce célèbre passage du Traité de la Nature Humaine de David Hume : « Un homme aime naturellement mieux ses enfants que ses neveux, ses neveux mieux que ses cousins, ses cousins mieux que des étrangers ».

Aussi, les relations deviennent anonymes, car on ne peut pas connaître tout le monde. De plus, les relations deviennent abstraites : lorsque nous envoyons une lettre à l’étranger, nous n’avons pas à savoir si le facteur qui va déposer cette lettre aime les gens de notre pays.

Cela étant dit, quand nous sommes entre quelques personnes, nous pouvons former une société close, une société dans laquelle les relations sont de type face-à-face, comme dans une tribu. Ici, nous sommes dans le relationnel pur. En revanche, lorsque nous sommes en présence de milliers d’individus, liés par des relations dépersonnalisées, anonymes et abstraites, nous sommes condamnés à vivre dans une société ouverte qui est gouvernée par des règles générales. Ici, nous sommes dans l’institutionnel.

Ainsi, pour avoir un vrai débat sur la place des femmes au pouvoir, il ne faut pas confondre le relationnel et l’institutionnel.

Au niveau relationnel, la plupart des hommes n’ont aucune réticence pour mener un combat en faveur des femmes. Ils seront d’accord pour dire que les hommes ne doivent pas faire violence aux femmes, mais qu’ils doivent aider à l’épanouissement des femmes. En ce qui concerne les problèmes de couple, quoi qu’en fasse l’Etat par voie de législation, si la femme n’a pas un conjoint compréhensif, ou si le mari n’a pas une épouse compréhensive, personne à part eux-mêmes ne pourra résoudre leurs problèmes, à moins que nous voulions vivre dans une société communiste où l’Etat a un droit de regard sur tout, même sur notre vie privée.

Au niveau institutionnel, les relations humaines ne sont pas du type face-à-face : elles sont dépersonnalisées, anonymes et abstraites. Dans ce cas, on doit se battre pour des droits égaux, sans aucune discrimination de sexe, de race ou de religion. Pour cela, il faut promouvoir les institutions de liberté, soit les règles générales et non-discriminatoires. Ces règles sont la concurrence plutôt que les quotas, le marché plutôt qu’une redistribution coercitive des richesses, et l’Etat de droit plutôt qu’une justice de résultats.

Si l’on touche à ces institutions de liberté, on fera obstacle à ce qui fait le progrès même des femmes – et des hommes.


* Published in print edition on 30 November 2012

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