‘L’achat de votes et le bribe ont atteint des sommets records lors des dernières élections…

Interview : Catherine Boudet, Sociologue —

… pour financer toute cette distribution de faveurs, il faut bien que les politiciens s’appuient sur des sources de revenus’

« Une clique a juste chassé l’autre mais les méthodes sont les mêmes »

 * ‘C’est encore un autre fantasme politique mauricien, l’arrivée d’un messie providentiel ou leader qui apporterait non seulement la bonne parole mais toutes les solutions’

Dans la République de Maurice, l’ampleur de la corruption d’un gouvernement à l’autre démontre qu’il existe des hommes et des femmes disponibles et prêts pour ce type d’échange social. De plus en plus, les valeurs s’effritent laissant place à un discours ironique : Utiliser la politique comme un levier pour accéder à la mobilité sociale à travers l’enrichissement personnel. Nombreux sont les citoyens engagés qui se posent des questions. L’Etat peut-il faire reculer le patrimonialisme, le clientélisme ou le népotisme ? La corruption va-t-elle assimiler totalement la sphère politique et la sphère marchande et les intérêts privés vont-ils étouffer l’intérêt public ?

Mauritius Times : ‘State House Connection : Documents compromettants’; ‘Dewdanee, Biscuits… Le MSM prépare la riposte’; ‘Abus de médicaments : L’Adsu enquête sur un nouveau trafic’… voilà quelques titres de presse parus ces derniers jours. Pas très réjouissant, n’est-ce pas ? Pouvez-vous nous parler de l’image de notre société que cela reflète ?

Catherine Boudet : L’image… C’est une obsession. Cette notion d’«image» du pays. C’est un argument qui revient à chaque fois que des scandales sont mis à jour. L’idée derrière cela, c’est qu’il est important de faire bonne impression aux investisseurs étrangers. En réalité, c’est un argument utilisé pour museler la contestation et empêcher la révélation des scandales, en culpabilisant ceux qui veulent les révéler ou qui veulent tout simplement questionner le pouvoir.

En fait, cette notion d’«image» repose sur une logique schizophrénique parce qu’au lieu de se soucier d’assainir la vie politique et publique, elle encourage la perpétuation d’un système clientéliste et corrompu qui peut survivre tant qu’il n’apparaît pas au grand jour.

C’est une logique qui pouvait bien fonctionner avant l’ère de l’Internet et des réseaux sociaux, quand il était encore possible de camoufler «en bas tapis» les turpitudes politiques locales et de vendre une image paradisiaque du pays, même si elle était en décalage avec la réalité. C’est de moins en moins possible maintenant avec la circulation de l’information à grande vitesse et à grande échelle.

Tous ces scandales actuels, que ce soit l’affaire Alvaro Sobrinho le milliardaire angolais aux investissements de provenance douteuse et sa connexion avec la State House, celle du «biscuitgate» ou allégations de commercialisation par un proche du pouvoir pour les touristes et certaines administrations, la dernière saisie record de drogue en date avec la découverte d’un réseau et ses connexions politiques alléguées, ce ne sont que des épisodes de plus dans le feuilleton du néopatrimonialisme local, avec son cortège de favoritisme, de corruption et de banditisme.

Mais on atteint des sommets inégalés, lorsque la Présidence de la République est éclaboussée. C’est l’institution la plus sacrée du pays, symbolisant le sommet de l’Etat et la préservation de l’équité républicaine au-dessus de la politique.

* Avec tous les titres de presse et les commentaires dans les médias mais surtout sur les réseaux sociaux qui viralisent et amplifient ces faits, on se limite quand même aux symptômes et très peu aux racines du mal. Que faire ? A-t-on des réponses à cette question ?

Il est vrai que l’actualité en ligne et les réseaux sociaux, en favorisant la propagation de l’information, neutralisent dans une certaine mesure l’omerta (la loi du silence) qui prévalait il y a encore une dizaine d’années sur les affaires.

Il n’empêche que le diktat de la technologie informative et informatique favorise l’expression des réactions épidermiques au détriment de la réflexion de fond. Cette paresse intellectuelle qui caractérise la pensée moderne est encore amplifiée à Maurice par l’absence d’enseignement de méthodes d’analyse à l’école et à l’université, et par les carences en matière de culture politique.

Du coup, on peut observer sur Facebook, par exemple, que les Mauriciens ont tendance à réagir plus à certaines actualités qu’à d’autres. Ils sont très réactifs aux affaires de mœurs ou d’ethnicité, mais beaucoup moins aux questions d’intérêt général, comme la destruction de l’environnement, à moins qu’elles ne les touchent personnellement comme pour l’accès à l’eau potable.

De plus, ils se contentent de réagir mais très peu prennent la peine de réfléchir en profondeur. Quant à agir, encore moins ! Ou alors, épisodiquement.

Donc, effectivement, on se limite à une dénonciation sans passage à l’action politique. Quant aux racines du mal, elles sont tellement profondément intégrées dans l’inconscient national que pour le moment, elles ont du mal à émerger de la conscience collective.

Pour répondre à votre question « que faire ? », à mon avis il faut continuer à faire de la pédagogie à propos de la corruption, du népotisme et du néopatrimonialisme.

Cela aidera les Mauriciens à prendre conscience à quel point ces phénomènes détruisent les fondements d’une société démocratique, et surtout comment ils opèrent.

Malheureusement les sociologues et les politologues n’assument pas leur responsabilité à ce niveau.

* Vous parlez donc d’un néopatrimonialisme à la mauricienne ? Pourtant c’est un phénomène qui concerne davantage l’Afrique, ne le pensez-vous pas ? Comment définiriez-vous ce néopatrimonialisme à la mauricienne ?

La définition du néopatrimonialisme, c’est lorsqu’une clique centrée autour de la personne d’un leader s’approprie les rouages du pouvoir politique, distribuant privilèges et prébendes et confisquant les ressources économiques et politiques à son profit.

Le néopatrimonialisme se caractérise aussi par l’entretien d’un réseau de clientèle qui va confisquer la modernisation économique au bénéfice de ces happy few. On voit déjà que cette définition s’applique tout à fait à la situation mauricienne, quel que soit le gouvernement en place. Une clique a juste chassé l’autre mais les méthodes sont les mêmes.

* Pour en revenir aux allégations par rapport à la ‘State House Connection’ : pensez-vous que Ameenah Gurib-Fakim s’est disqualifiée pour être Présidente de la République pour avoir mêlé l’Etat mauricien avec une personne aussi controversée qu’Alvaro Sobrinho, sachant que rien d’illégal n’a été établi contre cet investisseur angolais jusqu’ici ? Même si nous savons qu’une enquête policière est en cours concernant des allégations de fausses informations dans le cas d’une requête pour l’obtention d’une licence dans le secteur de l’Investment Banking

Concernant la provenance douteuse des fonds d’Alvaro Sobrinho, certes il n’y a aucune condamnation dans le dossier de l’investisseur angolais.

Ceci dit, il pourrait quand même y avoir des reasonable suspicions qu’il s’agissait d’un contact risqué si on prend connaissance ne serait-ce que de l’affaire des toxic loans de la Banco Espírito Santo Angola (BESA) révélée par le journal angolais Maka Angola en mai 2014.

Ces toxic loans auraient été contractés pour un montant de 6.5 milliards d’USD par la BESA – dont près de 200 millions d’USD au bénéfice d’Alvaro Sobrinho lui-même – pendant qu’Alvaro Sobrinho était chairman du comité exécutif de la banque.

Ce sont des éléments trop précis pour qu’on adhère à l’argument selon lequel ils auraient été inventés par une presse charognarde et débordante d’imagination.

Quoiqu’il en soit, nous n’en sommes plus au stade des reasonable suspicions mais du damage control. La machine est lancée pour une investigation sur la légalité des opérations d’Alvaro Sobrinho à Maurice.

Une enquête policière est enfin en cours et l’avis du Parquet a été sollicité. Et c’est ce qu’il fallait pour tenter de tirer les choses au clair parce que les tentatives gouvernementales de minimiser cette affaire visent certes à préserver l’image du pays, mais elles peuvent faire plus de mal que de bien pour la crédibilité de Maurice tant elles sont cousues de fil blanc.

On se rappelle l’épisode caricatural du numéro 2 du gouvernement tentant de défendre l’investisseur angolais avec l’argument qu’Alvaro Sobrinho lui a donné sa parole que l’argent investi à Maurice est propre.

Quant à la position controversée de la Présidente de la République dans cette affaire, la section 28(4) de la Constitution est limpide :

«Where a person is elected to the office of President, he shall not, whilst in office, (a) hold any other office of emolument, whether under the Constitution or otherwise; (b) exercise any profession or calling or engage in any trade or business.»

En d’autres termes, même si l’exercice n’était pas rémunéré, il était, à mon avis, anticonstitutionnel de s’engager, même bénévolement, dans les activités de Planet Earth Institute Ltd d’autant que l’organisme était enregistré comme compagnie limitée en Angleterre, ainsi que l’ont révélé plusieurs hebdomadaires récemment.

Donc, à ce niveau-là, l’argument des «bonnes intentions» qui auraient animé la Présidente ne suffit pas. Il s’agit quand même du respect du texte législatif fondateur de l’Etat-nation, la Constitution. Certes, les juristes peuvent adopter une approche juridique qui consiste à chercher des loopholes dans le texte constitutionnel ou ses possibles interprétations. Cependant, en termes de moralité de la vie publique et d’éthique politique, les dégâts sont déjà faits.

C’est non seulement un mauvais signal d’avoir négligé le contenu de la Constitution avant de s’engager avec le Planet Earth Institute. Mais c’est un signal encore plus mauvais que de chercher des échappatoires dans l’interprétation du texte constitutionnel ou dans les motivations de la personne. C’est clair qu’éthiquement et moralement, la Présidente de la République est dans une impasse.

Ceci dit, la presse mauricienne a aussi sa part de responsabilité car elle n’a pas fait son travail d’investigation à l’époque du lancement de Planet Earth Institute en novembre 2015 à la State House.

A l’époque, personne n’avait trouvé que le lancement d’un organisme privé sous l’égide de l’Etat républicain était bizarre. La presse s’est contentée d’écrire des articles de propagande à la gloire du Planet Earth Institute et du partenariat Sobrinho-Gurib Fakim au lieu de faire un background checking sur l’associé de la Présidente et sa fondation dite philanthropique.

* La facilité avec laquelle des personnes controversables parviennent à se faire un chemin dans le cercle privilégié des puissants du jour est quand même déconcertante, ce qui donne souvent lieu à des situations embarrassantes ou qui mènent vers des affaires criminelles – comme celle concernant la saisie record d’héroïne au début de mars. Peut-on vraiment se protéger contre de tels risques lorsqu’on occupe des fonctions publiques au sommet de l’Etat ?

C’est le fonctionnement même du système néopatrimonial mauricien qui expose, voire prédispose, les politiciens à des situations qui deviennent embarrassantes quand elles sont révélées au grand jour.

Tout d’abord, nous avons le système des coalitions pré-électorales qui limite la démocratie en créant des cartels d’élites.

L’alternance au pouvoir de quelques familles politiques, suivant un mode oligarchique, contribue à la monopolisation des fonctions et des ressources étatiques.

Ceci est aggravé par le système électoral de first-past-the-post qui empêche l’accès au pouvoir de partis extérieurs au sérail.

Deuxièmement, la toute-puissance dans le système politique du Premier ministre confère à ce dernier la stature d’un Prince autour duquel s’organisent les allégeances de la clique au pouvoir.

D’abord, il a un pouvoir énorme de nominations, puisque c’est lui qui désigne le Président et le vice-Président de la République ou encore le Speaker de l’Assemblée nationale, avant que son choix ne soit validé par un vote du Parlement. C’est typiquement une logique de power sharing dans laquelle le peuple n’a aucun pouvoir de décision.

Ensuite, s’organise autour de lui une classe de dignitaires parlementaires bénéficiant d’un ensemble très convoité de privilèges : salaires et pensions, voyages et per diems, vie de prestige, etc.

Tout cela contribue à l’endoctrinement des politiciens de tout bord dans le système, ce qui explique une certaine mollesse dans la contestation parlementaire. Un bon exemple en a été la contestation a posteriori de la succession de père en fils au poste de Premier ministre en janvier dernier, par une manifestation symbolique de l’Opposition sans aucune force de contrainte.

Troisièmement, les pratiques de clientélisme et de corruption sont devenues pratiquement incontournables parmi la caste politique pour l’entretien des réservoirs de votes.

Pour conserver l’allégeance et l’acquiescence du peuple malgré le fait qu’elle prend des décisions au nez et à la barbe et souvent contre les intérêts de ce dernier, rien de tel que la distribution de faveurs sous formes d’emplois, de nourriture, de prêts bancaires à taux préférentiels et même d’argent. Car dans la culture politique grassroots mauricienne, le vote est davantage une monnaie d’échange qu’un exercice citoyen. D’ailleurs l’achat de votes et le bribe ont atteint des sommets records lors des dernières élections générales de décembre 2014.

Pour financer toute cette distribution de faveurs, il faut bien que les politiciens s’appuient sur des sources de revenus. C’est là qu’entrent en jeu à la faveur d’un manque total de transparence sur le financement des partis, les collusions avec les réseaux en tous genres et surtout ceux de la drogue. Ainsi, les logiques de corruption et même de banditisme viennent huiler le fonctionnement du système néopatrimonial.

En l’absence d’un cadre légal efficace pour rendre transparentes les activités financières des partis politiques et avec une législation anti-corruption qui laisse passer plus de poissons dans ses filets qu’elle n’en prend, c’est un triangle noir qui se forme et s’entretient : les politiciens, leurs clients et leurs financeurs du secteur privé formel et informel.

Il est extrêmement difficile pour les personnes qui endossent des charges politiques de se prémunir contre ce système. Ceux qui arrivent à le faire sont les exceptions qui confirment la règle. Mais ils ou elles ont souvent un prix fort à payer pour cela.

* Les autres affaires qui ont dominé l’actualité ces dernières semaines nous rappellent des promesses non tenues par rapport à la bonne gouvernance, mais c’est également vrai que tous les gouvernements, peu importe leur couleur politique, se voient entachés par les mêmes allégations d’abus, de fraude ou de corruption, de copinage, de clientélisme et de favoritisme. A tel point que le citoyen devient de plus en plus cynique, Cela se manifeste par les taux d’abstention d’une élection à l’autre. Diriez-vous qu’au final « zotte tout pareil » ?

A la lueur du fonctionnement néopatrimonial, forcément «zotte tout pareil» pour reprendre la formule de José Moirt. Parce que c’est un problème systémique et non individuel.

La «bonne gouvernance» s’est avérée être surtout un outil de gestion de l’image. Mais personne dans le sérail politique ne veut prendre la responsabilité de réformer réellement le système sur les points qui posent réellement problème, c’est-à-dire

•       l’élargissement du suffrage universel pour désigner les hauts responsables de l’Etat,

•       une réforme électorale permettant un renouvellement de la classe politique,

•       un élargissement de la législation anti-corruption,

•       la transparence du financement des partis.

La classe politique se protège. Quant aux activistes, leur contestation n’a pratiquement aucune force de levier sur ces questions. Alors forcément, les réactions populaires relèvent du cynisme impuissant.

* On peut facilement comprendre que le cynisme des citoyens est tout à fait justifié du fait des positionnements ambivalents des hommes politiques par rapport aux questions d’intérêt public. Ces derniers, dans l’opposition, disent avec facilité tout le contraire de ce qu’ils soutiennent lorsqu’ils se trouvent au pouvoir ou l’inverse que ce soit par rapport au métro léger ou la carte d’identité biométrique… Comment réagissez-vous à cela ?

C’est effectivement très symptomatique ce revirement de position des politiciens selon qu’ils soient dans l’opposition parlementaire ou au pouvoir, sur des sujets d’intérêt général comme la carte d’identité biométrique ou le métro léger. Cela s’explique principalement par le fait que les sujets d’intérêt général ne sont que des arguments électoraux et clientélistes de surface pour les politiciens. Ils n’ont, eux, aucun intérêt à défendre les intérêts de la population puisqu’elle est asservie par les pratiques de clientélisme et de favoritisme.

De plus, les politiciens se servent de ces dossiers comme des cartes dans leur jeu pour contester leurs adversaires au pouvoir. Mais une fois que le jeu des chaises musicales est effectué et qu’ils se retrouvent à la place de leur adversaire d’hier, leur positionnement change fatalement.

Ils se retrouvent désormais en charge des dossiers en question à leur tour, avec tous les impératifs cachés que cela suppose ainsi que la raison d’Etat qui prévaut. Ils peuvent ainsi se retrouver à leur tour pieds et poings liés par des engagements pris par leurs prédécesseurs envers le secteur privé ou envers d’autres Etats sur ces dossiers. Ce qui explique leur changement de position mais, bien sûr, ils ne peuvent pas l’avouer.

* Si on vous disait que la solution à cet état des choses qui prend des allures d’une crise sérieuse ne peut être que politique, que répondriez-vous ? Sinon, que proposeriez-vous en termes de solution/s?

En fait, le système néopatrimonial mauricien n’est pas en crise. Il se perpétue allègrement, à la différence près que ses dessous sont de plus en plus révélés au grand jour et choquent de plus en plus la population.

Mais comme la population n’a aucune force de contestation et se contente d’être choquée, il n’y a aucune chance de réforme du système à l’horizon. Du coup, les politiciens se contentent de mettre en place des stratégies de gestion de l’image, avec des arguments communicationnels désormais classiques : ceux qui dénoncent les scandales sont des rétrogrades ou des anti-patriotes, la presse raconte des mensonges, il n’y a pas de quoi en faire tout une histoire…

Et ça passe, puisque dans la presse une actualité chasse l’autre, un scandale chasse l’autre, sans aucune réelle mobilisation de la population et sans aucun pouvoir de levier de la part des contestataires.

La solution : que la société civile trouve des leviers pour rendre accountable le sérail politique. Mais, dans l’état actuel d’impuissance où elle se trouve, c’est irréalisable !

* La contestation de l’Establishment à travers le monde est en marche. Pensez-vous que devant le sentiment de frustration et de cynisme grandissant des citoyens par rapport à la présente classe politique, une formation populiste puisse émerger dans le pays?

La classe politique en place, opposition comme majorité, est déjà populiste à fond, d’un populisme teinté de clientélisme. Une formation politique qui émergerait de l’espace extra-parlementaire pour renverser ce système, en l’état actuel des choses, c’est de la science-fiction.

Rezistans ek Alternativ ont pris la bonne option du levier juridique, mais ils ne sont pas très crédibles politiquement parce qu’ils sont faibles en termes d’idéologie alternative, ou plus exactement, la communication leur tient lieu d’idéologie. Du coup, leurs actions sont plus folkloriques que galvanisatrices.

Quant au nouveau parti de Roshi Bhadain, on peut se demander comment il va faire du neuf en utilisant les mêmes logiques de dénonciation sélective et d’intimidation qu’il a puisées du système politique dans lequel il est installé.

Du côté de Lalit et du mouvement large de Jack Bizlall, il y a de réelles convictions idéologiques qui peuvent servir à la réforme du système mais malheureusement leur intellectualisme peine à s’accorder avec la superficialité de l’électorat mauricien.

* Croyez-vous quand même que le pays soit prêt pour l’émergence d’un leader national pouvant transcender les intérêts sectoriels et communaux et qui puisse répondre aux aspirations des Mauriciens en faveur d’une société plus juste, inclusive et démocratique ?

Ça c’est encore un autre fantasme politique mauricien, l’arrivée d’un messie providentiel ou leader qui apporterait non seulement la bonne parole mais toutes les solutions. C’est un mythe irréaliste qui permet à tout le monde de continuer de s’accommoder tant bien que mal des aléas du système en vigueur.

Ce messianisme politique a peu de chances de se réaliser parce qu’en réalité, les aspirations des Mauriciens pour une société plus juste, inclusive et démocratique restent au stade du fantasme, voire de l’utopie.

La défense des droits civiques s’avère être une activité du week-end, un passe-temps ou un jeu de rôles qui ne trouve plus de volontaires dès qu’il s’agit de travailler sur des dossiers en profondeur et dans la durée.

Concrètement, ce qui convient aux citoyens mauriciens dans leur ensemble, c’est de pouvoir critiquer leurs élus tout en continuant en pratique de tirer des bénéfices du système comme ils peuvent et là où ils peuvent. Et les politiciens le savent très bien…

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