« Il faut que le pays se réveille. Le pays a grand besoin d’une force politique alternative »

Interview: Jack Bizlall

* Certains dirigeants du MMM commencent à remettre en question l’opportunisme ‘pouvoiriste’ de Bérenger. Je souhaite que certains dirigeants du MSM remettent en question la dynastie Jugnauth. Il est grand temps que les vrais Travaillistes remettent en question le leadership autocratique de Ramgoolam. Jack Bizlall se désole de la dépravation des hommes puissants à la tête des plus grandes institutions mondiales et locales. Le problème est-il réellement la soif du pouvoir ? L’instinct primaire de tout avoir en agressant les femmes, en volant et exploitant les faibles, en se boulonnant à des postes, ne doit-il pas trouver de remèdes ? Il faut des alternatives, des figures différentes pour respirer un autre air. A qui la faute ?

 

Mauritius Times : L’actualité oblige, parlons de DSK, qui était considéré comme le deuxième homme le plus puissant de la planète, et de Nafissatou Diallo, cette dernière décrite par la presse française comme étant aujourd’hui « la femme de ménage la plus célèbre du monde ». Alors que l’avocat de Diallo parle d’une « femme traumatisée, apeurée… qui ne sait pas ce qui lui arrive », la défense de Dominique Strauss-Kahn, après avoir nié tout sur tout, aurait parlé d’une « relation sexuelle consentie ». Votre opinion ?

Jack Bizlall : On parle de piège, de relations sexuelles consenties qui ont mal tourné et d’agressions répétées d’un prédateur sexuel. En prenant en considération ce qui a été rapporté contre lui par d’autres femmes (Tristane Banon en particulier) et ce que disent les gens en sa faveur concernant son caractère non violent, je pense que cet homme n’a pu contrôler ses pulsions sexuelles.

Je fais une différence entre l’instinct qui appartient à l’espèce et la pulsion maladive qui frappe les humains en tant qu’individus sur le plan psychique. Une pulsion est une force psycho-physiologique qui ne disparaît chez le malade que quand la pulsion a été satisfaite et que le malade retrouve son calme. Dans une situation donnée, le malade perd tout contrôle de lui-même, passe à l’acte, et puis s’enfuit. Dans certains cas, il peut se jeter par terre, pleurer et s’excuser. Dans d’autres cas, il peut tuer ou se tuer. Je crois que DSK doit faire l’objet d’une enquête en profondeur.

Soit il a été ‘victime’ de certaines de ses impositions sexuelles qu’il n’arrive plus à assumer jusqu’à l’acceptation de l’autre ou bien celles-ci n’impressionnent plus les femmes de par son âge. Soit c’est un criminel qui n’a pu s’échapper cette fois-ci parce que la victime ne l’a pas reconnu ou n’a pas eu peur de lui. Quoi qu’il arrive, il est fini.

* Quelle impression avez-vous ressentie de voir cet homme puissant qui aurait pu ravir la présidence à Sarkozy dans un proche avenir, être acheminé, menotté derrière le dos, pour sa comparution devant un juge américain ?

Je pense à trois choses. Dans ma publication ‘Johnson Roussety ou l’Arnaqueur’, je dis que les politiciens sont presque tous de grands malades. J’argumente évidemment cette opinion. Dans les faits, c’est le pouvoir qui pousse les puissants à agir d’une façon criminelle, et ce impunément, quelquefois sans se rendre compte de leurs actes ou pire, pensant pouvoir tout simplement échapper à la justice. Je salue le courage de Nafissatou Diallo. J’aurais souhaité que les Mauriciens aient un tel courage.

Mais ce qui est intéressant, c’est de voir comment les deux systèmes de justice vont se confronter dans l’opinion commune. Dans les deux cas de figure, la poursuite doit démontrer la culpabilité de l’accusé. La question est de savoir si la poursuite est obligée de prouver la culpabilité de l’accusé ou c’est l’accusé qui est obligé de prouver son innocence. La présomption d’innocence est ensuite appliquée différemment. On se perd dans un labyrinthe où le vraisemblable, le probable, les indices, les preuves, l’a priori, la postériorité, etc., vont s’entrecroiser. On va parler du rôle de la presse, de l’importance de la caution, du rôle du jury, de la pratique de garde à vue, etc. Deux systèmes vont se confronter ; l’un protégeant la victime et l’autre l’accusé. On va pouvoir analyser deux mondes presque totalement différents pour ce qui relève de la nature de la sanction pénale, l’environnement carcéral, les perspectives d’appel, etc. On va tirer beaucoup de leçons car, à Maurice, nous n’avons pas trouvé la solution appropriée surtout dans des cas concernant des agressions sexuelles.

Par ailleurs, il y a certains hommes politiques chez nous qui jouent avec le sexe comme on joue au pistolet. Ils gagneraient à respecter les femmes. Le pouvoir politique ne nous autorise pas tout. L’acte sexuel présuppose le consentement mutuel, des rapports non aliénants, non coercitifs, et non dépendants sur le plan économique comme sur le plan sentimental. Tout ce que nous sommes en tant qu’êtres civilisés dépend largement de notre façon d’assumer l’acte sexuel, hommes comme femmes.

* Sexe et pouvoir n’ont jamais été opposés… ils sont même alliés, complices. Presque tous les hommes politiques ont un comportement et un processus déterminés par les fantasmes secrétés par leur libido, nous dit R. Khalsi de ‘Le Temps’. Et il peut arriver parfois qu’ils finissent par « céder à quelques instincts… » et de subir par la suite des conséquences fâcheuses. Avis donc à tous ceux qui lorgnent le pouvoir, n’est-ce pas, car ce dernier est souvent trompeur ?

La majorité des dirigeants politiques sont des criminels. Je prends un exemple qui va choquer vos lecteurs. Le cas du Général de Gaulle. Personne ne semble prendre conscience qu’on a fait assassiner plusieurs dirigeants africains pendant la période de décolonisation. Il y avait aussi certains de leurs avocats. Sous Bush, des millions d’Irakiens et d’Afghans ont été massacrés. Cela continue sous Obama, pourtant Prix Nobel de la Paix.

Je suis outré par le comportement du système politique et médiatique qui occulte les grands crimes de l’Histoire mais surexpose le crime d’un malade et, sans doute, d’un obsédé sexuel. La France n’est pas mon pays. Je n’ai jamais compris pourquoi les Français ont choisi Sarkozy, sinon que ce choix doit être compris comme un prélude à une période de l’Histoire française qui va basculer dans le fascisme avec la montée du Front National ou dans l’austérité la plus dure pour les masses avec DSK ou son émule. Je n’aime ni Sarkozy, ni Marine Le Pen, ni DSK. Mais je suis certain que le peuple français mérite mieux.

Je ne suis ni un pudique, ni un moraliste. On ne peut consacrer autant de place à cette agression sexuelle alors que de nombreuses agressions beaucoup plus graves sont perpétrées dans le monde. Non, il faut arrêter. L’autre jour, un journal a fait sa Une avec la mort d’un homme suite à une copulation matinale avec son épouse. Je n’en peux plus. Je le dis très franchement. Du plus profond de mon cœur.

* Mais que se passe-t-il chez les personnes au pouvoir ?

J’ai écrit dans la publication qui sortira bientôt : ‘Nous sommes en plein dans ce que j’appelle le Darwinisme politique. C’est la domination du plus fort. C’est le règne du plus fort. Il y a plusieurs formes de Darwinisme social. Le Darwinisme politique est de loin plus fort que le Darwinisme économique ou le Darwinisme intellectuel.

Quand un politicien prend le pouvoir, il croit qu’il n’est pas un homme comme les autres. Il n’est pas un surhomme, mais il finira par le croire. Il n’est pas imbattable, mais il finira par le croire. Il n’est pas au-dessus de la loi, mais il finira par le croire. Il n’est pas immortel, mais il finira par le croire. Il n’est pas Dieu, mais il finira par le croire. Il n’est pas infaillible, mais il finira par le croire.

Bref, celui qui est à la recherche d’un pouvoir politique est déjà malade. Le pouvoir le rend dingue. C’est ce qui est arrivé à tous nos dirigeants. De César à Louis XVI. De Néron à Hitler. D’Attila à Ben Laden…’

Dans un cadre pareil, de surcroît patriarcal, la femme devient à la fois un objet comme les autres objets à posséder, un moyen de repos pour le guerrier, la marque de supériorité du vainqueur, etc. Dans ma publication, j’ajoute une analyse pour démontrer pourquoi la femme est dominée dans notre société.

* A Maurice les détenteurs du pouvoir politique se retrouvent depuis le début de l’année presque totalement engagés dans des exercices de ‘fire-fighting’ par rapport à différents dossiers : Bagatelle, CT Power, Neotown, mais aussi Medpoint. Que se passe-t-il, selon vous ?

Existe-t-il un homme ou une femme à Maurice qui n’a pas encore compris : 1) que le gouvernement est en train de tout dilapider ; 2) que certains fonctionnaires, ministres, et capitalistes font ce qu’ils veulent avec les biens communs ; 3) que des centaines de personnes s’enrichissent par mille moyens légaux et illégaux ; 4) que des groupes racistes créent un environnement pour faire croire que ce pays n’appartient qu’à certaines familles et que d’autres ont un droit sur les biens communs; 5) que tout est exploité, dilapidé, détruit pour l’enrichissement d’un petit groupe d’accapareurs…

Le comble c’est que Ramgoolam s’en fiche. Fort heureusement que certains membres de l’opposition parlementaire essayent de réveiller l’opinion publique contre certains actes. Mais c’est loin d’être suffisant et je mets en question sa bonne foi.

Mais de mon point de vue, il faut que le pays se réveille. Le pays a grand besoin d’une force politique alternative. Ce que le MMM ne comprend pas, c’est qu’il ne faut point se fixer dans le cadre de la dénonciation des actes commis mais il faut se focaliser sur la dénonciation du système qui est mis en place qui justifie et qui amplifie ces actes. Le MMM va s’épuiser avec sa tactique. Le problème est que cette tactique est soutenue par une section de la presse et une partie de la population dans un cadre que l’on veut légal alors que du point de vue juridique, on ne peut rien faire.

Si on veut aller loin, il faut une stratégie d’action bien pensée. Je dis aux organisations politiques de gauche, aux syndicats et aux organisations citoyennes qui se respectent que l’étau se resserre, et ils sont en train d’être écrasés. Je constate un recul du syndicalisme et je dis qu’il va disparaître dans pas longtemps. Il faut non seulement changer les choses mais il faut aussi adopter une façon de faire.

* En réponse à la PNQ du Leader de l’Opposition sur le projet Neotown, mardi dernier, le ministre Kasenally a déclaré que tout a été fait dans les normes et selon les procédures établies, et qu’en ce qui concerne l’absence d’appels d’offres et autres conditions ‘avantageuses’ accordées au Groupe Patel, il a affirmé que le MMM en a fait autant dans le passé dans l’octroi des terres publiques aux investisseurs privés, d’où la décision du gouvernement de s’aligner avec les mêmes pratiques que celles adoptées par le MMM. En d’autres mots, cela signifie qu’il n’y a pas eu d’évolution dans l’approche gouvernementale par rapport aux terres publiques d’un régime politique à l’autre, n’est-ce pas ?

Dans ma perspective, il faut d’abord analyser la situation du point de vue politique et ensuite considérer comment les rapports des forces s’articulent entre les accapareurs.

Sur le plan politique, je ne vois point de différence marquante entre le PTr et le MMM. Ils ont les mêmes orientations économiques. Si on lit la bible économique de nos dirigeants, c’est-à-dire ‘Competitiveness foresight’ publié en 2004 par la NPCC, on constate que tout le monde est d’accord sur la vente du pays. Il suffit de lire la liste des participants : tout le monde est là — Currimjee, Darga, Lagesse, Lam, Makoond, Ng Kee Chong, Rivalland, Taylor, Vayid, Sithanen et même des syndicalistes. 58 personnes en tout et personne ne s’est dissocié de ce rapport. C’est criminel. J’insiste sur le fait que c’est ce rapport qui est mis en application par le gouvernement.

Vous me direz qu’il existe une différence entre vendre et dilapider. Cela présuppose quoi ? Que l’on vende au plus offrant et que l’on ne pratique pas la braderie ? Que l’on achète au plus bas prix (Medpoint) et que l’on vend au prix le plus fort (Neotown) ? C’est cette logique qui est appliquée et non l’essence de l’orientation économique qui est remise en question.

Quand vous analysez le comportement de Kasenally, vous y voyez quoi sinon que le débat n’est pas sur le fond mais à qui l’on a vendu et qui a bénéficié des avantages, etc.

* Quant aux critiques concernant l’absence d’appels d’offres et la suggestion formulée par certains observateurs que l’allocation des ‘State lands’ devrait se faire sur la base d’un exercice transparent d’appels d’offres publics, certains sont d’avis que cela ne favorisera que les détenteurs du pouvoir économique et serait donc contraire à la politique de démocratisation de l’économie. Qu’en pensez-vous ?

Je mets au défi le MMM de dire que certains ministres privilégient certains intérêts familiaux et ethniques. Tout le monde le voit, tout le monde le sait. Qui s’opposera au VOH et qui soutiendra d’autres familles ? On a eu l’affaire Jean Suzanne. On oppose l’Inde à la Chine. C’est la cacophonie politique.

Il n’y a aucune considération pour la société que l’on veut construire. On est en plein dans la logique ethnico-économique. Je suis outré par ce qui se passe. Les détenteurs du pouvoir économique historique n’ont pas besoin d’acheter des terrains. Si on va au fond, on verra qu’ils sont en association avec les nouveaux capitalistes, qui eux, ont accès au pouvoir politique. Il existe au fond une collusion inacceptable.

Par ailleurs, vous savez ce qui se passe au fond. Certaines familles obtiennent des terrains de l’État et créent des compagnies avec des investisseurs étrangers. Ils reçoivent des millions comme compensation et ils conservent un certain nombre d’actions. Du jour au lendemain, ils deviennent millionnaires. D’autres achètent des terrains au bord de la mer pour les vendre ensuite aux étrangers. Tout le littoral ouest du nord passe ainsi à des propriétaires sud-africains qui s’y installent en créant leurs propres restaurants et leurs propres clubs.

Si cela continue, nous serons des étrangers dans notre propre pays. La population se mettra au service de ces nouveaux riches et de ces étrangers. Nous, nous vivons dans la pauvreté dans plusieurs régions du pays avec tous les problèmes que nous connaissons déjà.

J’observe deux choses. Quand j’étais jeune, neuf crimes sur dix étaient les actes de voyous. Aujourd’hui neuf crimes sur dix impliquent les membres de la famille, les voisins, les camarades, etc. Par ailleurs, nous sommes en plein dans la cassure sociale. Nous entrons lentement mais sûrement dans la fracture de notre société. Voilà ce que je constate et qui est discuté dans le public.

* Il semblerait qu’à défaut d’investisseurs locaux capables de faire le poids contre le secteur privé traditionnel, l’actuel gouvernement se tourne vers l’étranger pour mettre en pratique sa politique de démocratisation de l’économie…

C’est une façon de voir les choses. Je crois que le gouvernement est en train de détruire l’économie réelle. Le secteur privé traditionnel est en train de vendre ses terres. Il amasse une somme d’argent colossale. L’oligarchie sucrière se transforme en secteur financier. Il est en train d’investir ailleurs. C’est une couche du capitalisme mauricien qui est en partance et qui dilapide ses terres et qui détourne les investissements du secteur de production vers le secteur hors production. Il faut agir contre elle et vite, sinon il sera trop tard.

Quant aux nouveaux riches, ils visent des secteurs en particulier. J’ai vu la liste des secteurs contrôlés par certaines familles par exemple – une famille en particulier –, et on peut aisément constater sa stratégie prédatrice et opportuniste.

Nous avons la chance de vivre dans un pays loin des catastrophes naturelles telles que les éruptions volcaniques, les tsunamis, la sécheresse et les inondations qui font des ravages ailleurs. Le climat change et les cyclones se raréfient. Sur ce plan, il faut faire attention car on peut avoir demain des cyclones avec des vents de plus de 250 km/h. Nous ne souffrons ni de la chaleur ni du froid. Nous n’avons aucune maladie transmissible qui nous menace. Nous avons des moyens importants pour contrecarrer des crises énergétiques et alimentaires. Nous avons une population qui est intelligente et qui se tue au travail.

A partir de là, on peut construire notre pays différemment. Il faut une autre logique que le capitalisme hors production, offshore, destructeur de la nature, exploiteur de la force de travail de plus de 700,000 Mauriciens. Il est plus que temps que notre République se réveille.

* Les attaques ciblées du MMM et, en particulier celles de son leader, en disent long sur les choix économiques de l’opposition, disent les travaillistes et les gens du MSM – et qui fait dire à l’éditorialiste du ‘Journal du Samedi’ que ce MMM est devenu « une succursale du secteur privé ». Faut-il monter sur un arbre pour comprendre ce qui est en jeu ?

Comme je vous l’ai dit, le MMM n’a pas une autre logique économique que le PTr. Dans ce sens le Journal du Samedi a raison. Mais il faut que ce journal fasse attention. C’est le PTr qui est au pouvoir. Il faut éviter la tactique de faire réagir ces deux partis politiques l’un contre l’autre.

Je sais que certains dirigeants du MMM commencent à remettre en question l’opportunisme ‘pouvoiriste’ de Bérenger. Je souhaite que certains dirigeants du MSM remettent en question la dynastie Jugnauth. Il est grand temps que les vrais Travaillistes remettent en question le leadership autocratique de Ramgoolam.

Il y va de l’avenir de la population. Il faut appliquer une autre politique. Notre économie est une économie insulaire. Elle a des limitations en elle-même que l’on ne pourra transcender par la politique actuelle. Pourtant nos secteurs économiques peuvent être développés autrement.

* Paul Bérenger à qui l’on prêtait l’intention de vouloir démolir le MSM à tout prix pour qu’il puisse négocier une alliance et son entrée au gouvernement a lui-même repoussé toute possibilité de cassure entre le PTr et le MSM. A-t-il vu juste, selon vous ?

Je crois que les membres du MMM qui se respectent doivent comprendre que l’on ne peut reconstruire un parti politique et appliquer une autre politique avec cette stratégie d’alliance. Il y a des raisons plus sérieuses pour combattre le MSM.

C’est un parti politique qui appartient à une famille que Bérenger a lui-même aidé à construire. Cela n’est pas conforme aux valeurs de notre République. Il faut lire le livre que Bérenger a écrit sur Anerood Jugnauth et lire de nouveau notre histoire à partir de 1987.

En conservant le MSM dans son alliance, Ramgoolam paralyse le MMM. Entretemps, il fait ce qu’il veut. La question est celle de savoir jusqu’à quand ce sera ainsi. L’autre jour, j’étais à la radio et il y a eu deux interventions. La première, outrageusement, anti-Ramgoolam et la deuxièmement, outrageusement, pro-Jugnauth. C’est le reflet de la cassure politique dans le pays. Cela indique qu’il existe une partie de la population qui est tout à fait satisfaite avec la politique de Ramgoolam alors qu’une autre partie commence à remettre en question ses pouvoirs et sa politique.

Dans un pays qui se casse en deux, cela indique quoi ? Qu’il y a un mouvement vers deux pôles extrêmes. C’est un premier signe que la lutte des classes est en train de s’animer concrètement dans notre société et non plus dans l’abstrait. Je vois que plusieurs intellectuels prennent position sur des choses concrètes.

* On dit que les vacances non remplies au sein de quelques institutions gouvernementales et des ambassades seraient source d’agacement du côté du MSM, mais pensez-vous qu’il y a concordance de vue entre ce parti et le PTr en ce qui concerne les choix économiques de l’actuel gouvernement ?

J’ai déjà dit que le MSM a adopté une tactique de nommer des travaillistes à des postes de commande. Jugnauth est en train de préparer lentement et sûrement son petit chemin vers le poste de Premier ministre. Croyez-vous qu’il a affaire à un imbécile en la personne de Ramgoolam ?

Qui parle de concordance dans les choix économiques ? Ce sont les considérations de pouvoir politique qui animent les dirigeants de nos partis politiques. Pas autre chose. Comme je vous ai déjà dit, je ne suis plus intéressé par la chose politique

* L’ICAC prend son temps pour tirer au clair ce qui s’est réellement passé dans l’affaire Medpoint. Est-ce l’expérience du passé qui l’a amenée à être plus prudente ?

Je pense qu’il faut prendre l’ICAC avec prudence. Je ne sais pas comment cette organisation opère. Mais je crois que cette institution n’a pas de grands moyens pour faire son travail et qu’elle est handicapée à bien des égards.

Dans l’affaire Medpoint il me semble que l’ICAC a pris la bonne direction dans la manière de mener son enquête. Mais elle est en train de confronter de hauts fonctionnaires et des politiciens. On ne peut étouffer ce dossier. Ce n’est pas possible.


* Published in print edition on 20 May 2011

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