…mais il est difficile d’envisager un changement aussi radical que le MMM pourrait attendre d’un PTr’

Interview: Sydney Selvon, Journaliste & Historien —

* ‘Il y a une remontée travailliste — je ne la crois pas massive, mais elle pourrait l’être s’il y a un coup de balai au PTr’

* ‘Une grande alliance de l’Opposition sera possible avec Arvin Boolell comme leader du PTr’

Les échéances approchent et Pravind Jugnauth, nouveau Premier ministre, s’active pour apporter des résultats. Toutefois, il a hérité de nombreuses affaires du passé et de nouveaux cas problématiques font surface sporadiquement. Par ailleurs, la situation économique n’est pas vraiment brillante et les perspectives sont limitées. Sydney Selvon nous apporte un éclairage sur plusieurs questions associées aux partis politiques, sachant que la population de la République de Maurice attend patiemment les prochaines élections.

 

* La passation du pouvoir s’est finalement bien passée, le nouveau Premier ministre s’évertue d’imprimer son style – plus « cool » et moins agressif que Sir Anerood Jugnauth – il n’y a rien à première vue qui devrait bousculer la stabilité du Gouvernement. Mais on verra bien de quel bois Pravind Jugnauth est fait face à l’opposition combinée des Duval/Bhadain/Bérenger/Mohamed à la rentrée parlementaire. Comment les choses vont-elles se présenter pour lui et le Gouvernement, selon vous ?

Sydney Selvon : Sur deux plans, la passation des pouvoirs est conforme, à première vue, et respectivement, à la Constitution et à la logique de l’échiquier politique. Je m’explique : le pouvoir peut se transmettre dans le courant d’un mandat et cela s’est fait en 2003. Sur le plan de la logique politique, cela devait se passer encore une fois si le Remake 2000 avait tenu et avait gagné massivement les élections générales comme prévu. Et si le Remake avait ensuite perdu par malheur SAJ, durant les premiers deux ans et demi de son mandat, c’est Pravind Jugnauth qui aurait terminé ce mandat avant de passer la main à Paul Bérenger pour le reste des deux ans et demi.

Mais il y a un troisième plan que l’Opposition et d’autres ont mis en avant. Par exemple, une personnalité de l’Université de Maurice, dans L’Express, a soulevé la question de savoir si la passation des pouvoirs entre père et fils n’enfreint pas l’article 1 de la Constitution faisant de Maurice une démocratie. Un parti politique peut-il être la propriété d’une famille ? Y a-t-il eu, se demandent des avocats de l’Opposition, une planification familiale, un arrangement quelconque pour le partage familial du pouvoir pour l’éternité ? Cela dit, heureusement que la passation des pouvoirs elle-même s’est déroulée pacifiquement et que la justice décidera du reste.

Je pense qu’il faut aussi laisser fonctionner le Premier ministre pendant le temps qui lui reste pour assumer ces fonctions. J’ai été partisan qu’il accède à ces fonctions tôt ou tard en cas de problème de santé de SAJ par un vote parlementaire et non pas en catimini. Par ailleurs, ce qui gêne aussi, c’est que le MSM a manqué de courage pour demander à SAJ de démissionner du Parlement pour s’en aller la tête haute, car il reste, comme Paul Bérenger, un personnage légendaire malgré les hauts et les bas de ses passages au pouvoir des années 80 à ce jour. Il a marqué profondément l’histoire du pays et sa place n’est certainement pas au troisième rang du Front Bench du gouvernement dans une position diminuée.

Il n’y avait rien de mal pour le MSM à risquer de perdre un siège pour une transition que l’Histoire retiendra avec ses failles et ses occasions ratées à la fois pour SAJ et son fils.

Au fait, il faut se rappeler à propos des élections partielles, qu’en 1998, SAJ avait perdu une élection partielle à Flacq face à Satish Faugoo du PTr qui avait aussi battu une alliance du MMM avec sa dissidence MMSM, dont le leader, Madun Dulloo, était candidat. Ensuite, Navin Ramgoolam avait gagné en septembre 1999 encore une fois via Xavier Duval, candidat contre Françoise Labelle à Beau Bassin/Petite Rivière.

En dépit de ces deux défaites, SAJ avait quand même gagné l’élection générale de 2000. Une partielle perdue n’est pas nécessairement une élection générale perdue d’avance.

Pravind Jugnauth aurait pu se permettre de privilégier la démocratie par une élection partielle même perdue au No. 7. Il avait le droit de franchir la grande porte. Toutefois, il a la chance d’avoir en face de lui une opposition qui est un peu décousue pour le moment au niveau du Parlement.

Mais la grosse erreur des analystes depuis 1967 est d’oublier que la moitié de la population de Maurice vote le plus souvent pour l’opposition. Et que très peu de votes séparent les deux principales tendances populaires. Les analystes se trompent aussi lourdement sur le fait que cette moitié qui vote massivement pour l’opposition est multiethnique depuis les élections de 1967, et que toutes les communautés et les sous-communautés sont minoritaires dans le pays, un changement assez radical quand vous regardez les chiffres par rapport à 1972.

* Voulez-vous dire que cela change la donne politique considérablement ?

Oui, la donne est mathématiquement de la sorte : soit l’opposition n’est pas loin de 50% et le Gouvernement n’est pas loin de 51% comme en 2010. Cela a souvent été le cas. Soit, en cas de victoire massive comme en 1982 ou 1995 avec des 60-0 subis respectivement par le PTr et le MSM respectivement, l’opposition a entre 25% et un peu moins de 40% des votes populaires et ne se retrouve pas ou peu au Parlement comme le PTr en 1982 et le MSM en 1995 et sans rattrapage proportionnel possible pour le tiers ou le quart de l’électorat qui avait voté pour ces deux partis.

Les élections qui arrivent dans tout au plus 32 mois pourraient être un affrontement à trois entre le MSM-ML et appelons-les peut-être « les transfuges » d’une part, et un MMM et un PTr, d’autre part, menant séparément deux alliances. A défaut d’une lutte à trois, il y aurait un affrontement entre deux alliances seulement. Dans les deux cas de figure, le MSM-ML-Transfuges n’aura aucune vague populaire en sa faveur à mon humble avis, et aussi au vu de ce qui se passe en ce moment.

L’alliance gouvernementale risquerait d’être balayée. Les deux autres alliances se partageraient la quasi-totalité des sièges sans une dose de proportionnelle qui permettrait à ce que quelques MSM et ses alliés se retrouvent dans le nouveau Parlement, tout au moins les leaders.

Pour tous ces scénarios, le comportement électoral sera influencé par une donne démographique qui joue pour le PTr dans les régions rurales surtout, et au MMM dans les régions urbaines. Réduit à 10 députés en 2005-2010 avec le départ d’Eric Guimbeau, le MMM a obtenu 22 députés en 2010, principalement dans les régions urbaines. Rien ne dit que le MMM ne va pas récupérer ses 22-24 députés en 2019, sur la base qu’aucune nouvelle force crédible n’a émergé jusqu’ici, pouvant bouleverser tout l’échiquier.

J’utilise les termes « donne démographique » parce que je ne crois pas que les gens soient vraiment et profondément communalistes et intolérants. Cette « donne démographique » jouera en faveur du MMM dans l’avenir si ce parti sait se renouveler. Ce serait un renouvellement différent de celui du MSM ou du PMSD. Pour ces derniers, l’élargissement est — je ne fais que constater froidement, sans vouloir être méchant — un élargissement du cercle familial avant tout et pour l’essentiel, autour du centre du pouvoir au parti.

Tant mieux si ces partis arrivent à changer, mais c’est comme ça, car le pays écoute, regarde et observe beaucoup en ce moment. Le PTr a la chance de ne pas être le parti d’une famille, au même titre que le MMM, et Ramgoolam capitalisera là-dessus. Ramgoolam n’a pas succédé à son père et a dû lutter pour arriver à la tête du parti. Pravind et Xavier pourraient m’en vouloir de dire cela. Mais cela ne me gêne pas que la franchise puisse déranger même des amis.

* Il est clair que la campagne électorale pour les prochaines législatives a déjà débuté, sinon ce sera « in full swing » dans les prochains mois. Et, au-delà de l’exigence de faire la démonstration de la capacité de son Gouvernement de « deliver », le choix des hommes et des femmes de Pravind Jugnauth pour l’épauler durant son « prime ministership » démontre qu’il s’y prépare dès à présent. Qu’en pensez-vous ?

Il ne reste que 32 mois jusqu’aux prochaines élections et Pravind Jugnauth aura l’occasion tout au moins de prouver que ce temps lui suffira pour émerger comme Premier ministre. Je lui souhaite bonne chance en dépit de certaines réserves que j’ai sur d’autres plans.

Je ne vais pas lier la campagne électorale à la performance du Gouvernement. Cela paraît étonnant, mais les très fortes ressemblances de l’actuel et de l’ancien gouvernement, sous plusieurs rapports, semblent avoir profondément troublé, blessé et offensé les Mauriciens. Il y a quatre Mauriciens sur dix, voire bien plus, qui attendent l’heure du règlement de comptes. C’est ainsi que l’électorat perçoit l’exercice électoral, surtout depuis 2014 où j’ai été au four et au moulin nuit et jour sur le terrain.

Je répète, pour la énième fois, que Churchill a gagné la plus grande guerre de l’Histoire du monde, mais que tout juste après, le peuple lui a administré une formidable défaite électorale lorsqu’il était au faîte d’une gloire universelle. Le vote, dans un sens ou dans un autre, est très motivé, donc, par les sentiments de l’électeur. L’électorat sort très blessé du premier mi-mandat de la défunte Alliance Lepep, remplacée par ce que les gens appellent dans la rue, l’Alliance MSM-ML-Transfuges.

La Cybercité et certaines belles réalisations du gouvernement MSM-MMM comme la construction de nombreuses institutions secondaires ont été des efforts qui ont bénéficié à l’emploi et à l’éducation, mais tout cela ne l’a pas sauvé d’un raz-de-marée travailliste en 2005.

Il semble que Pravind Jugnauth prend bien la mesure de l’ampleur de la tâche qui l’attend sur les plans économique et social, mais ce ne sera pas pour lui un parcours facile durant ces 32 mois. Il sait que, comme toujours, le gouvernement en place doit compter sur l’hostilité d’environ la moitié de l’électorat national, sinon plus.

* Même si les choses se compliquent sur le plan international avec le Brexit et l’effet Trump, la situation économique va toutefois connaître une légère amélioration cette année-ci, selon certains analystes économiques. En plus, il y a de grands projets infrastructurels dont le Metro Express et d’autres qui seront lancés dans les mois à venir. Sauf imprévu, le gouvernement ne devrait pas se faire de souci sur ce plan-là, non ?

Les mégaprojets comme l’autoroute Verdun, l’aéroport, ou Bagatelle Dam sont des projets que le Gouvernement n’a fait que réparer mais ceux-ci avaient démarré avant le gouvernement Lepep et il en est de même pour le métro, et la réforme Mackay du judiciaire.

La situation économique reste problématique. Il faut absolument avoir au moins 5% de taux de croissance et bien plus pour éliminer le chômage. Cela passe par la multiplication d’activités économiques nouvelles et la progression de celles qui sont déjà là. Mais comme un grand diplomate indien me disait déjà sous le gouvernement Ramgoolam, bien que le gouvernement indien se plie en quatre pour nous venir en aide – et nous en sommes reconnaissants bien sûr – les affaires importantes au niveau du commerce et de l’industrie passent par-dessus nos têtes de l’Inde au continent africain.

Selon ce diplomate, lorsque les autorités indiennes essaient d’attirer l’attention des grosses entreprises indiennes sur Maurice, celles-ci leur répondent que Maurice est trop petite pour ce qu’ils vont faire en Afrique où, d’ailleurs, les Indiens ont la chance d’avoir une grande diaspora indienne pour s’y enraciner et y vendre des milliards de motocyclettes et des millions de véhicules commerciaux ou de plaisance, et mille et un produits en tous genres et en toutes tailles, tout en important le charbon et les métaux précieux que lui procure l’Afrique.

Cela dit, souhaitons la bienvenue aux Indiens qui viennent quand même nous faire confiance, tout en sachant que l’effort nous revient de multiplier le rayonnement de nos services financiers internationaux et de nos autres piliers économiques.

Pravind Jugnauth aurait écouté quelques bons conseils pour son dernier budget et je crois connaître les propositions qui ont attiré son attention dans les discours prononcés à cette occasion. Depuis le débat sur le budget, en délaissant plusieurs mégaprojets, il ne rate pas une occasion pour se tourner vers une politique positive pour le plus gros employeur du pays. Ce sont les PMEs détenant presque la moitié des emplois.

Mais son équipe ministérielle et ses équipes dans les administrations régionales ne savent même pas cela ou ne comprennent pas cela. Certains pourraient ne pas être à la hauteur, sauf pour quelques rares exceptions, chuchote-t-on.

* Sinon, qu’est-ce qui pourrait donner des inquiétudes au Gouvernement et au Premier ministre: l’arbitrage dans l’affaire Betamax ou celui par rapport au BAI ? Le challenge de Roshi Bhadain ou l’affaire MedPoint devant les Lords britanniques ?

Il y aura beaucoup de sujets d’inquiétude pour le Gouvernement qui, lui-même traîne trop de casseroles allant de la mauvaise gestion de l’affaire BAI, qui a été plutôt un règlement de comptes et un dépeçage calculé et intéressé du groupe plus qu’autre chose – ce serait la perception de la majorité de la population à ce jour — , à des affaires louches qui éclatent chaque semaine.

Il y a aussi une série de ‘casseroles’ qui font beaucoup de bruit, Sornack et autres copains ont leurs dignes successeurs, et j’en passe. Le Gouvernement n’a même pas une bonne communication et n’en a jamais eu depuis décembre 2014. La communication gagne les batailles.

Si le Gouvernement avait en face de lui le MMM des années 1980 à 2010, je me demande s’il serait allé jusqu’au bout de son mandat. L’affaire MedPoint n’est pas terminée et a été aggravée par la tentative d’évincer le DPP totalement au profit de l’Exécutif pour décider qui ira ou non devant le Privy Council. Les affaires que vous mentionnez sont chaudes. Pravind aura un poêlon chaud entre ses mains.

* Par ailleurs, il n’est pas évident que les actions du Reform Party et de son leader (au sein du Parlement) puissent vraiment déstabiliser le Gouvernement puisqu’on parle de plus en plus de dossiers que détiennent l’un et l’autre pour se protéger des enquêtes embarrassantes…

Des dossiers font leur apparition de temps à autre. Mon expérience et mon petit doigt me disent que d’autres ‘casseroles’ sortiront de l’ombre. Le fameux rapport défalqué du MTC a commencé à paraitre dans la presse. Des fuites d’informations auront lieu au fur et à mesure qu’on s’approchera de l’échéance électorale. Cela est toujours arrivé et continuera de se produire. Tout finira par paraitre dans la presse, sur YouTube ou les réseaux sociaux où se jouent aussi la campagne électorale.

* Du côté des Travaillistes, les choses ne sont pas très claires : il y a sans doute une remontée des Travaillistes dans le pays, plus particulièrement au sein de sa base électorale, mais même si le leader demeure incontesté au sein du Parti malgré les remontrances des jeunes loups, les tracasseries légales de Navin Ramgoolam ne sont pas encore terminées…

Je vis à la campagne et je constate une remontée du Parti travailliste. Les gens vous disent ouvertement qu’ils allaient mieux sous Ramgoolam. Ce qui m’étonne, c’est qu’on n’hésite plus à le dire dans la rue et dans les boutiques rurales ou sur les plages.

Oui, il y a une remontée travailliste. Pour l’instant, je ne la crois pas massive, mais elle pourrait l’être s’il y a un coup de balai au PTr. En cas d’une réunification au MMM et de la scission d’une aile travailliste comme en 1979 au PTr à la manière du groupe Boodhoo, sous le leadership de quelqu’un d’aussi populaire et charismatique qu’Arvind Boolell, une grande alliance de l’Opposition sera possible pour affronter le Gouvernement et ses transfuges dans ces 32 mois. Xavier Duval y jouerait un rôle crucial. Mais ne spéculons pas sur ce que nous ne savons pas !

Cependant, ce qui est souhaitable, c’est un rajeunissement des cadres politiques du pays et aussi que les alliances se gardent de se suivre et de continuer à se ressembler…

Je n’ai rien contre Navin Ramgoolam en personne. Mais je lui aurais recommandé fortement de devenir un dirigeant Mentor au sein de son politburo au lieu d’essayer de revenir sur le terrain comme Premier ministre. Mais il n’est pas si facile, comme on pourrait le croire, de remplacer des personnalités du calibre de Bérenger ou Ramgoolam et il ne sera pas facile pour Pravind de remplacer son père. Le charisme, de nos jours, prend le pas à travers le monde dans les joutes politiques. Mais le renouveau viendra tôt ou tard.

* Par ailleurs, Paul Bérenger s’est habilement employé pour ne pas contester la passation du pouvoir sur le plan politique. Il est probable qu’il souhaite donner l’impression de laisser la porte ouverte au MSM de Pravind Jugnauth, mais la « wish-list » du leader du MMM contiendra sans doute des ‘couleuvres’ difficiles à avaler pour les Jugnauth, en particulier celle par rapport à la représentation proportionnelle. Qu’en pensez-vous ?

C’est au MSM de réclamer haut et fort la représentation proportionnelle pour survivre aux prochaines élections générales où ce parti pourrait complètement disparaître. J’avais été le seul analyste à prédire une victoire nette et forte du MSM aux élections de 2014 sur la base d’une analyse fondée sur la collection de tous les résultats que je possède et que je publierai bientôt avec des milliers de noms, des élections législatives à Maurice depuis 1790.

Le Remake aurait même approché une victoire de 60-0. Or, les victoires massives constituent le plus mauvais outil que les électeurs donnent à un gouvernement. Il faut cesser de voter bloc et voter tout au moins 2-1 ou 1-2. En démocratie, la majorité des trois quarts est faite pour la recherche du consensus entre gouvernement et opposition sur les sujets pour lesquels l’Exécutif ne devrait pas être le seul à faire un choix d’une portée nationale.

On ne peut pas changer la Constitution pour éliminer un DPP ou, demain, un Président de la République. Et un Président de la République devrait avoir certains pouvoirs de bloquer des lois scélérates.

Mais s’il devait y avoir une alliance MMM-MSM, la wish-list de Bérenger ne sera pas négligeable. Toutefois, je crois que Bérenger pourrait courir le danger de se remettre dans une position identique à celle de son alliance avec Ramgoolam en 2014. L’électorat urbain pourrait refuser de lui permettre n’importe quoi.

Par contre, dans une lutte à trois, Bérenger pourrait se retrouver Premier ministre avec 20-25 sièges et une alliance post-électorale avec une faction qui remporterait au moins 16-18 sièges en région rurale.

* Malgré ce que disent les leaders politiques concernant la force électorale de leur parti et de leur détermination et capacité de se présenter seul aux élections générales, ils demeurent tous prisonniers du comportement de l’électorat – ce qui rend les alliances inévitables. Remake du MMM-MSM ou PTr-MMM ou même PTr-MSM… rien n’est vraiment à écarter, non ?

Non… On ne peut prédire les alliances, mais on peut prédire l’issue d’une campagne électorale sur la base d’une analyse sérieuse.

Toujours est-il qu’une alliance PTr-MMM reste possible, surtout dans les cas suivants.

1.      Un grand coup de balai au PTr.

2.      L’enterrement définitif de la Deuxième République.

3.      Un engagement écrit dans une forme légale devant l’électorat pour renforcer l’actuelle Constitution en y ajoutant que tout changement par une majorité de trois quarts ou de deux tiers ne pourra avoir lieu sans l’approbation écrite et solennelle du Leader de l’Opposition parce que le principe dans les grandes démocraties, c’est la recherche du consensus pour tout changement constitutionnel majeur.

4.      Un engagement écrit et légal contre le népotisme (copains, copines) et les changements dynastiques de Premier ministre et de leader des deux partis.

5.      Un contrôle du financement des partis politiques dès les premiers 50 jours d’accession au pouvoir ; et l’abolition, toujours sur document légal et signé, dans la même période, du lien le plus infime, le plus minuscule entre l’attribution d’un contrat de plus d’un million et le gouvernement en place.

6.      L’engagement à avoir des élections primaires avec au moins 3,000 électeurs ayant des cartes officielles du parti pour le poste de leader et de premier ministrable pour le cabinet officiel et les cabinets-fantômes.

7.      Une dose de proportionnelle qui assurerait qu’il n’y aura plus de 60-0 et une part juste des sièges au Parlement ; ce qui sera une représentation plus proche du vote populaire.

Le troisième point est le renforcement des postes constitutionnels comme celui du DPP. Pour exorciser les mauvais souvenirs dans les mémoires du peuple, il faudrait une action aussi forte que celle de brûler en public leur manifeste électoral de 2014. En fait, il faudrait que ce soit un événement médiatique, solennel et historique. Les documents devraient être remis en copie à tous les médias.

Par ailleurs, je crois aussi qu’une alliance MMM-MSM est possible. Mais, là encore, il est difficile d’envisager un changement aussi radical que le MMM pourrait attendre d’un PTr qui a eu sa leçon après avoir été amplement rossé aux élections de 2014.

Un ami MSM, proche de notre famille, nous a affirmé que le MSM est confiant de pouvoir sceller une alliance avec le MMM et que ‘le travail a déjà commencé’. Et sur Facebook, la rumeur d’une telle alliance a pris une certaine ampleur. Cela peut aussi être du ‘wishful thinking’ ou pour rassurer ceux qui veulent quitter le bateau et sont déjà en train de négocier avec l’opposition. Je n’en sais rien.

Toutefois, je vois difficilement Paul Bérenger s’embarrasser d’une telle alliance – mais à défaut d’émergence d’une nouvelle force crédible, on pourrait éventuellement s’y attendre et les militants pourraient s’y résigner faute de mieux.

J’ai dit qu’il n’y a peut-être pas d’alternative aux principaux partis actuels. L’avènement d’un nouveau parti reste peu probable. Je connais des gens qui proposent une troisième force, mais cela n’arrive toujours pas. Surtout si le PTr et le MMM vont dans une bonne direction de renouveau, même séparément, alors que la moyenne d’âge au Cabinet ministériel aurait augmenté selon la presse. Pravind Jugnauth n’a pas trouvé mieux, parait-il. Avec le Mentor, la moyenne d’âge doit avoir encore augmenté. On va faire du neuf avec du vieux.

* Donc, rien n’est vraiment à écarter en termes de nouvelles permutations et de combinaisons d’alliances d’autant plus que l’électorat ne fait pas toujours confiance dans les autres alternatives. Les « autres » ont du chemin à parcourir avant qu’ils ne puissent inquiéter les partis dits « mainstream », n’est-ce pas ?

Les gens sont nombreux à approcher des personnalités de bonne réputation pour leur demander de former un nouveau parti pour faire ce que le MMM avait admirablement réussi dans les années 70. J’ai personnellement vécu cette situation, en y contribuant beaucoup de ma personne.

D’autres disent qu’il faut donner sa chance à Paul Bérenger, le seul leader politique d’envergure et ancien Premier ministre encore actif qui ne traîne pas de casseroles. C’est aussi ce que j’ai entendu dans le public dans le nord. Par ailleurs, le problème de Bérenger n’a pas été sa communauté, mais le comportement que lui dicte son appartenance ethnique alors qu’il aurait pu être Premier ministre en 1982, soutenu par les villes et les villages. Les analystes n’ont jamais compris que les élections de 1967 étaient moins communales qu’on ne le croit généralement.

Il y a eu un grand nombre d’Hindous qui ont posé et qui ont voté contre l’indépendance et on ne le dit jamais assez pour continuer à nourrir le communalisme. SAJ m’a un jour confié que si Duval n’avait pas aidé à renvoyer les élections, il aurait eu toutes les chances d’accéder au poste de Premier ministre en 1972. Bérenger a raté sa chance. Mais la dernière chance pourrait se présenter, surtout que, comme le disait le grand Jagatsingh, Maurice n’est composée que de minorités et il n’y a aucune majorité.

Les derniers chiffres des ‘religions’, en fait, des communautés – chiffres tirés de Statistics Mauritius – sont éloquents en ce qui concerne les changements intervenus sur le plan de la démographie. Les changements démographiques ont accentué le caractère de Maurice comme un pays uniquement composé de minorités ethniques. Quand les gens sont appelés à décliner leur religion aux recensements, ils donnent des noms des castes et des communautés ethniques et les chiffres et faits enregistrés officiellement par Statistics Mauritius illustrent cela dans le document officiel de Statistics Mauritius.Ce document, utilisé durant les campagnes électorales et raffiné rue par rue, s’apparente étroitement à un recensement des communautés, dont deux, « Islam » et « Hindouisme » sont décrites comme des communautés ethniques dans la Constitution de Maurice, une par un groupe ethnique, « Sino-Mauritians » et une quatrième communauté qui est un fourre-tout pour tous ceux qui n’appartiennent pas aux trois groupes.

D’ailleurs, l’élimination de la déclaration des communautés aux recensements n’a jamais eu d’effet et le document précité indique d’ailleurs, clairement, que Maurice, comme le disait Sir Kher Jagatsingh, grand penseur et politicien, n’est, en fait, qu’un pays composé uniquement de minorités.

Des dizaines de milliers de gens disent qu’ils sont de « religion tamoule », ou « télégou » ou « marathi » même s’ils sont tous des « Hindous » par leur religion. Il semble y avoir un souci identitaire lié à des revendications politiques ou religieuses (les subsides, peut-être) et d’autres éléments.

Au Canada, il y a beaucoup de prêtres catholiques tamouls ou télégous et les ethnies en Inde sont multi-religieuses. De ces statistiques à propos des religions et sur le terrain, il y a des partis qui ont établi qu’il y a aujourd’hui 38% de personnes appartenant à la communauté fourre-tout, la Population Générale… Vrai ou invérifiable, notre démographie change et dans 200-500 ans bien malin sera celui, demographe ou non, qui y retrouverait son latin !

Je terminerai en saluant Pravind Jugnauth pour avoir eu le courage de ne pas identifier sa communauté sur sa forme de candidat aux dernières élections et d’avoir eu le courage une deuxième fois de ne pas prendre la parole au Ganga Talao, le lac sacré qui mérite bien d’être à l’abri de la partisannerie politique.

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