Le bonheur vivifiant des bacheliers

Chronique de Jean-Baptiste Placca

Elle faisait plaisir à voir, la joie des heureux élus du baccalauréat 2010, proposée par la télévision ivoirienne, cette semaine. Ils ont beaucoup remercié Dieu. « Le Seigneur Jésus m’a donné le bac ! », s’est même exclamée une jeune fille au bonheur communicatif. Ils ont aussi remercié leurs parents et rendu hommage à leurs enseignants, pour avoir su leur transmettre le savoir.

Au milieu des jeunes lauréats, deux dames se jettent dans les bras, l’une de l’autre, et tournent, dansant quelque chose qui doit se situer entre le tango argentin et l’Adjos, une danse du pays baoulé. Il faut attendre qu’elles aient fini pour que l’une, tout essoufflée, explique pourquoi elle et sa camarade se donnent ainsi en spectacle. Elle est directrice d’un établissement pour jeunes filles, où enseigne également sa partenaire.

« Sur plus de 160 candidates que nous avons présentées au bac, nous n’avons eu que… 3 échecs ! ». Comme on peut comprendre leur bonheur ! C’est d’autant plus rafraîchissant qu’une idée fort répandue veut qu’en Afrique, il y ait de moins en moins d’enseignants qui aiment leur métier. Eh ! bien, en voilà deux !

 Ces margoulins que l’on voudrait nous imposer comme modèles

Sur un continent où la mode est de courir frénétiquement après la fortune, de chercher à devenir riche par la courte échelle ou d’odieux raccourcis, il est réconfortant de voir une partie de la jeunesse célébrer ainsi les études, le travail, la persévérance. Une des jeunes lauréates, d’un ton déterminé, annonce qu’elle ira poursuivre ses études en France. Une certitude qui se fonde sans doute sur l’assurance des parents, prêts à tous les sacrifices pour permettre à leur progéniture de faire de bonnes études, pour réussir dans la vie.
Voilà qui devrait rassurer tous ceux qui craignaient de voir l’Afrique à jamais livrée aux arrivistes et aux intrigants, à tous ces margoulins que l’on voudrait nous imposer comme modèles, simplement parce que, du jour au lendemain, ils sont devenus politiquement importants, ou alors des hommes d’affaires soi-disant prospères, multimillionnaires ou même milliardaires, mais dont la fortune, en termes de traçabilité, mène fatalement à des trafics illicites ou à une proximité douteuse avec le pouvoir.
Avec une jeunesse ayant des ambitions saines comme ces nouveaux bacheliers, des parents déterminés pour les soutenir, les pousser et les préserver des choix aventureux, et des enseignants prêts à tout donner pour le bonheur de former des hommes de qualité, l’Afrique peut encore nourrir de grandes espérances. Car le temps des maquignons, bon gré mal gré, est compté.

Jean-Baptiste Placca
MFI


* Published in print edition on 12 August 2010

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