Un grand fils du sol : Permal Soobrayen

“Achète et lis avec confiance ces livres pleins de vérité. Tu acquerras cette sagesse, belle comme des perles. Tu y verras le chemin du salut. Afin que ta folie se dissipe, que ta bêtise te quitte et que tu puisses devenir un homme nouveau, suis le conseil de Permal.”

Extrait de ‘Poèmes de Permal Soobrayen’ traduit en français par Mootoocoomaren Sangeelee

Nous avons célébré récemment le 130e anniversaire de la naissance d’un grand fils du sol en la personne de Permal Soobrayen (1886-1952). Il est né à Rose Belle le 26 janvier 1886 dans une famille aux moyens limités. Ses parents étaient de modestes laboureurs et gagnaient très peu d’argent. Il a perdu son père à l’âge de deux ans et sa mère juste après avoir terminé l’école primaire à l’âge de treize ans. Après la mort de ses parents, il a dû mettre fin à sa scolarité et il est parti vivre chez son frère aîné à Port-Louis. Les deux frères ont commencé un commerce de thé et ils gagnaient leur vie assez bien. Mais, tout à coup, son frère a décidé de fermer boutique pour se rendre à la Réunion.

Malgré la solitude, Permal n’a jamais perdu espoir. Grâce à son éducation primaire, il a obtenu un emploi comme typographe ; ce qui l’a introduit au monde des lettres. Il a continué à cultiver son anglais et son français ; si bien qu’en très peu de temps, grâce à son intelligence, il a acquis assez de connaissances pour parler et écrire correctement ces deux langues. Outre sa maîtrise du tamoul, langue qu’il a apprise auprès d’un érudit tamoul issu de l’Inde du Sud, Tulasingha Nayanar, il connaissait aussi le sanskrit, l’hindi et le télougou.

À part son métier de typographe, Permal a aussi travaillé comme commis au dock et, par la suite, dans certaines firmes commerciales. Par la suite, il a fait un court intérim comme interprète à la cour de Port-Louis. Il a aussi aidé son guru, Tulasingha Nayanar, en assumant les fonctions de rédacteur en chef adjoint d’un journal hebdomadaire en tamoul et en anglais que ce dernier avait fondé en 1911, The Mimic Trumpeter.

Ensuite, il a commencé sa propre imprimerie dont il se servait pour faire entendre la voix des sans-voix. Ceci lui causait des ennuis avec les commerçants tamouls. Mais Permal n’a jamais baissé les bras : il a toujours persévéré. Il était un excellent orateur et il était tellement populaire avec la masse qu’on lui a attribué le titre de Pandit.

La visite de Manilal Doctor à Maurice entre 1907 et 1911 a été d’un grand apport à Permal Soobrayen. Ce dernier s’en est inspiré. Manilal Doctor, captivé par la lucidité et les analyses de Permal, a décidé de le nommer secrétaire du Young Men’s Hindu Association et aussi celui de son école primaire qu’il a fondée en 1910.

Permal a été aussi actif sur le plan littéraire. Parmi ses œuvres, l’on retrouve une pièce de théâtre, ‘Satharam’, pièce écrite en vers qu’il a fait jouer au théâtre de Port-Louis. On souhaite que la pièce soit publiée un jour pour rendre hommage à l’homme de lettres qu’a été Permal. Il y a aussi la traduction tamoule d’un roman de Guy de Théramont, Ravengar, qui a été publié en 1925 à Madras lors de sa première visite en Inde.

Lors de sa deuxième visite, en 1932, une anthologie de ses poèmes écrits pour être chantés a été publiée. L’anthologie contient une préface du célèbre écrivain et réformateur tamoul Thiru Kalyana Soundar Mudaliar. Cette anthologie a été publiée de nouveau en 1986 pour commémorer le centenaire de sa naissance avec une traduction par Mootoocoomaren Sangeelee, un grand disciple de Permal Soobrayen.

Parmi tant d’autres poèmes, il y en a un qui rend hommage à Anjalay Coopen, décédée lors de la fusillade de Belle Vue Harel pendant la grève en 1943. On lui doit aussi une belle élégie sur Gandhi en 1948 et un très beau poème sur Basdeo Bissoondoyal en hommage à son combat.

En tant que pédagogue Permal a aussi enseigné la langue tamoule dans plusieurs écoles qu’il a fait ouvrir et dont il a assuré personnellement le bon déroulement. Son travail dans le domaine de l’éducation est mentionné dans le livre classique d’Aunauth Beejadhur, Les Indiens à l’ile Maurice. Il fait état à Port-Louis de « cinq écoles tamoules qui sont, chaque soir, fréquentées par de nombreux élèves des deux sexes. »

La mort de Permal Soobrayen le 30 octobre 1952 a été une grande perte non seulement pour la communauté tamoule mais pour l’île Maurice entière. Il a toujours cru en la diversité de la nation mauricienne. Sookdeo Bissoondoyal lui a rendu un vibrant hommage lors d’un rassemblement public où il a retracé la vie de ce héros. Son travail a été repris après sa mort par ses deux disciples, Mootoocoomaren et Rajarethinum Sangeelee, qui ont continué à militer pour l’enseignement du tamoul et des langues orientales en général. Une école porte le nom de Permal Soobrayen à Souillac depuis 1986, l’hommage rendu à un fils du sol par l’île Maurice reconnaissante.

Référence :

Poèmes de Permal Soobrayen avec une traduction de Mootoocoomaren Sangeelee, 1986

Fragrant Garland, Pyneesamy Padayachy, 2015

Les Indiens à l’île Maurice, Aunauth Beejadhur, 2ème édition, 2004

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