Décollage de la MBC, Air Mauritius clouée au sol

Par KRJ Yash

Ce qui compte vraiment…

En ce mois de décembre, les entreprises organisent leur fête de fin d’année selon leurs moyens et les progrès qui ont été accomplis. C’est donc le plus naturellement que j’ai demandé à un ami, employé à Air Mauritius, où son entreprise allait tenir sa fête de fin d’année. Il m’a paru  gêné, ensuite me fit comprendre que rien n’est prévu. Pour tenter de banaliser la chose, il finit par me dire qu’il venait de perdre son CEO. C’est alors que j’ai compris qu’un CEO à Air Mauritius doit aussi s’occuper de l’organisation de la fête de fin d’année pour ses employés. Et dire qu’il est facile de croire qu’une entreprise de près de 3000 employés doit avoir un comité d’entreprise ou un « Welfare Officer » pour gérer ces événements annuels sans l’approbation d’un CEO ou d’un conseil d’administration.

En toute honnêteté, mon ami me décrit l’ambiance morose qui règne au sein de sa compagnie. Je dois dire que j’ai été assez triste de l’écouter car jusqu’à maintenant Air Mauritius était un peu sa deuxième famille et il ne tarissait pas d’éloges sur ce qu’accomplissait son entreprise. La situation s’est tellement dégradée que les employés se supportent difficilement au boulot alors, s’ils sont regroupés en dehors des heures de bureau, l’alcool aidant, tout cela risque de se terminer en pugilat. Et le Premier ministre aura à répondre à des questions parlementaires.

En y réfléchissant bien, certains employés d’Air Mauritius ne sont-ils pas en train de récolter ce qu’ils ont semé ? Certes, ils ont bâti cette entreprise, mais n’est-ce pas eux-mêmes qui font du lobbying auprès de tout ce que Maurice peut compter comme association culturelle et politique ? En laissant s’établir une culture de lèche-botte, pour masquer les incompétences et justifier des promotions par copinage, n’ont-ils pas perdu le respect de leurs collègues ou pire le respect d’eux-mêmes ?

La gestion d’une entreprise ne peut se faire en dehors de son sein, de manière obscure et téléguidée ; elle doit être faite par ceux qui sont mandatés expressément pour le faire, et qui ont compris que ce n’est pas en instaurant un climat de terreur que les employés donnent le meilleur d’eux-mêmes.

Le mode de gestion qui correspond le mieux aux complications sociopolitiques de notre pays semble être la balance qui a été trouvée par Dan Callikan à la MBC. Certes, il a eu à faire face à la démagogie et à l’interférence des politiciens. Mais il a eu le courage de faire partir tous ceux qui ne peuvent pas travailler, même si certains s’abritaient derrière un patronyme ou d’autres derrière une présence continue à la corporation datant de l’époque de Mathusalem. En faisant un peu de ménage, Dan Callikan a créé l’espace nécessaire pour l’épanouissement des autres, j’en veux pour preuve le développement phénoménal des chaînes radios de la MBC, telles que Best FM ou Kool FM et les autres. Qui aurait pensé qu’un jour nos radios publiques enquêteraient suite aux doléances des auditeurs. Jusqu’à présent, c’était le terrain de chasse des radios privées. La MBC questionne le service public professionnellement, à la grande satisfaction des auditeurs. C’est de cette façon que les employés de la MBC retrouvent leur dignité. Il suffirait que la MBC ouvre son antenne aux commentaires politiques des citoyens pour signer l’arrêt de mort des radios privées.

Qu’est-ce qui a empêché la MBC d’ouvrir son antenne aux doléances jusqu’à maintenant ? Eh bien tout simplement le fait que certains des précédentes directions pratiquaient le « lèche-bottisme» à outrance. Ainsi, jamais, ils n’auraient permis aux journalistes d’appeler les ministères pour rechercher des clarifications ou des renseignements supplémentaires. Les radios privées sentent souffler le vent du changement, est-ce pour cela que Dan Callikan est devenu leur homme à abattre ?

Les employés de la MBC ont de quoi faire la fête cette année, peut-être que si la méthode Callikan est appliquée à Air Mauritius, ses employés auront droit à une fête l’année prochaine…


* Published in print edition on 17 December 2010

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