Le documentaire et la réalité

Ce qui compte vraiment… 

Premièrement

Par KRJ Yash

Est-il nécessaire de montrer les choses crûment sous prétexte que c’est la réalité ? Pas sûr… la question devrait plutôt se poser ainsi. Ce qui est diffusé apporte-t-il réellement quelque chose au sujet du reportage? Il est parfois difficile de savoir jusqu’où aller dans la diffusion de la réalité. C’est d’autant plus difficile que tout repose sur la perception de la personne qui visualise le documentaire. Les mêmes mots, les mêmes images n’auront pas le même impact sur vous que sur moi. Alors qui peut juger ? D’un autre coté, il faut aussi se mettre à la place des personnes filmées et penser aux conséquences possibles sur leur vie. Ne pas tomber dans un voyeurisme malsain qui peut s’avérer dangereux et avoir un résultat finalement contraire à celui escompté.

Un autre piège à éviter sur le sujet de la drogue est de ne pas sombrer dans le misérabilisme, l’interdit et la culpabilisation. Diaboliser la drogue ne fait que renforcer son attrait pour l’adolescent curieux et rebelle. Les discours moralisateurs, au nom de Dieu, ou de l’honneur de la famille sont basés sur la peur, la culpabilisation de la personne (il ne faut pas, ce n’est pas bien, tu es la honte de la famille…) Ils sont aussi stériles qu’inefficaces, et pire ils peuvent faire plonger les personnes un peu plus profondément dans l’enfer de la drogue.

Pour combattre, il faut connaître son adversaire, rien ne sert de nier ces forces, il faut agir sur ses faiblesses. La prévention passe par une communication honnête sur ces produits. Si les gens se droguent, c’est qu’ils trouvent un certain réconfort à le faire. Inutile de le nier, c’est vrai. Mais le prix à payer pour ça est un prix si élevé qu’il n’en vaut pas la peine. La perte de tout, de son environnement affectif, professionnel, de son indépendance. Oui, mais voilà, encore faut-il avoir quelque chose à perdre…

C’est là qu’il faut intervenir, le mal est profond, pour le combattre, il faut encore et toujours un travail de fond, il faut que ces personnes aient une raison de se battre, qu’ils aient des choses à perdre et qu’ils prennent conscience que le prix à payer pour une heure de béatitude est élevé. Prendre conscience que chacun d’entre nous a toujours le choix. Prendre conscience que la vie est belle, et que chacun d’entre nous est responsable de ce qu’il en fait.

Responsabiliser les personnes, les laisser seules, face à leur choix, libre de plonger ou non. C’est vrai, le pari est risqué, la démarche hasardeuse, et le taux de réussite incertain. Mais à long terme, nous serons face à des hommes libres, capables d’assumer leur choix, et non des êtres craintifs, qui croulent sous la menace de châtiments divins ou humains (prisons) toujours sur le fil du rasoir, prêts à basculer du mauvais côté au premier coup dur.  

Deuxièmement

Santé publique: la communication grippée

Samedi dernier la grippe A(H1N1) a fait sa première victime. C’est un événement bien triste et nous sympathisons avec la famille du défunt. Les radios privées n’attendent que ce genre de catastrophe pour jouer sur la fibre émotionnelle des Mauriciens et pour faire du sensationnalisme.

C’est une communication inadaptée qui est à l’origine de cette cacophonie. En période de changement de saison, le ministère de la Santé doit communiquer de façon à rassurer la population. Les radios « palabres » sont là pour créer la panique, mais en les utilisant, le ministère doit pouvoir tourner la situation à son avantage.

L’essentiel est de convoquer toutes les parties prenantes en début de saison afin de bien expliquer les enjeux. Il s’agit d’être proactif, et de ne pas attendre que les médias s’excitent pour ensuite, sous la pression des questions, venir affirmer qu’il n’y a pas de cas de grippe à Maurice.

Ce qui compte finalement, c’est de rassurer la population. Ce n’est pas d’entendre dire qu’il n’y pas de grippe qui rassure, mais de savoir qu’en cas d’épidémie un simple coup de téléphone déclenchera tous les mécanismes nécessaires pour en venir à bout.

Les cliniques privées et les médecins privés doivent jouer le jeu et non pas profiter de la situation pour essayer de montrer qu’ils sont meilleurs car il y va de la santé publique. Le coût de la décontamination des lieux et matériels et la peur d’effrayer leurs clients ne doivent pas pousser les cliniques privées à ne pas diagnostiquer promptement les cas. Les cliniques ne devraient surtout pas dire aux patients que si cela ne va pas mieux d’aller à l’hôpital.  

Troisièmement

Conséquence du gynécide: il manque 43 millions de femmes en Inde

Dans une «société normale», la proportion de femmes est égale ou un peu supérieure à celle des hommes. Or, ce n’est pas le cas en Inde, où le ratio hommes-femmes – le nombre de femmes par rapport au nombre d’hommes – est l’un des plus déséquilibré au monde.

Selon les chiffres disponibles, l’Inde connaîtra jusqu’à 2040 un surplus d’hommes supérieur à 15% de sa population adulte masculine : concrètement, cela signifie plusieurs dizaines de millions d’hommes de plus que de femmes. Et donc d’hommes qui devraient rester célibataires.

Cette tendance découle des normes qui font partie du tissu socioéconomique de l’Inde depuis des siècles. Dans ce pays, les garçons sont jugés indispensables au bien-être de leur famille, car ce sont eux qui gagnent de l’argent, perpétuent la lignée et deviennent un jour le bâton de vieillesse de leurs parents. Par contre, avoir une fille, c’est essuyer une «double perte», car non seulement elle quitte sa famille quand elle se marie, devenant une «ressource» pour sa belle-famille, mais en plus son mariage occasionne des dépenses, dont la dot à verser à la famille du futur époux.

Cela dit, sur le fond, rien n’est vraiment fait pour contrer l’inflation croissante de la dot chez les classes moyennes, ni pour réprimer les milliers de cliniques privées qui prospèrent sur l’avortement sélectif. Les sanctions restent inadaptées à l’ampleur du problème. 


* Published in print edition on 16 July 2010

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