Lovena

Entrée dans le monde universitaire : Entre rêve et déception

Les résultats de la HSC sont connus depuis peu et les démarches vont bon train afin que la plupart des jeunes intègrent le milieu universitaire dans quelques mois, à Maurice ou dans un pays étranger. Nous avons souhaité découvrir les impressions des jeunes en première année dans une université mauricienne. Que pensent-ils de ce milieu ? L’université répond-elle à leurs attentes ? Tout étudiant, fraîchement issu du collège à la fin de ses études, pense naïvement que l’université lui ouvre un nouveau monde où règne la liberté totale : c’est un lieu de rencontre des jeunes, une atmosphère idéale pour leur épanouissement intellectuel et ils assimileraient des connaissances nouvelles qui les aideraient à l’avenir. Cependant, de découverte en découverte, le constat des jeunes est différent. Leurs attentes ne sont pas exaucées, entraînant parfois un sentiment de frustration ou même de déception.
L’idéal d’une nouvelle recrue de l’université se dissipe le jour même de l’Orientation Day. L’étudiant se retrouve en pleine confusion face à la mauvaise organisation. Il découvre, avec stupeur, une grande foule amassée dans les couloirs d’un grand bâtiment, attendant avec impatience les instructions pour se diriger vers les facultés respectives. Cette opération est menée par une seule personne, vociférant les noms des différentes facultés à tour de rôle tandis que les étudiants essaient tant bien que mal d’entendre sa voix au milieu du vacarme de la foule tonitruante.
Ensuite, les jeunes parviennent à se frayer un chemin jusqu’à l’intérieur d’une salle. Après s’être installés, ils doivent prendre leur mal en patience : au lieu d’un accueil chaleureux et instructif, ils assistent, pendant plusieurs minutes, à de longs et ennuyeux discours. Des terminologies et des abréviations inconnues, incompréhensibles et difficiles à assimiler, leur sont imposées. Plusieurs intervenants répètent sans cesse les mêmes informations et ne captivent aucunement l’attention des jeunes.
L’étape suivante de l’Orientation Day est tout aussi déplaisante. En effet, les étudiants sont entraînés dans une exploration incongrue du campus. Même si, à première vue, une telle activité devrait avoir pour objectif la familiarisation avec les lieux, ils se sentent abasourdis à la fin du parcours de découverte du campus. Tout se passe à une vitesse ahurissante. Le guide marche trop vite, ce qui n’a pour effet que de les désorienter encore plus. L’attitude mécanique de certains employés dérange beaucoup les jeunes. Cette visite est dénuée d’intérêt réel. Il y a beaucoup trop d’étudiants sous la responsabilité d’un seul guide. Plusieurs nouvelles recrues profitent de ce manque d’organisation et de discipline pour rentrer chez eux.
L’espace dédié aux étudiants de l’université paraît très limité en considérant les mètres carrés des salles de classes, les couloirs, les bancs et les cafeterias toujours bondés. Bien que la superficie de la bibliothèque soit agréablement surprenante et que la quantité d’ouvrages mis à la disposition des étudiants dépasse les attentes, la superficie du campus elle-même est décevante. Bien sûr, qui dit surpopulation dit aussi manque d’hygiène. L’état des toilettes, un peu partout sur le campus, laisse à désirer et démontre une négligence de la part des responsables. Ainsi, l’intégration en ces lieux s’avère assez lente et difficile, contrairement aux attentes initiales des nouveaux venus.
Cependant, les premiers contacts entre professeurs et élèves se déroulent dans une ambiance chaleureuse. C’est avec beaucoup d’enthousiasme que les premiers cours sont dispensés. Mais les professeurs exigent une plus grande maturité de la part des étudiants tout de suite et ces derniers tentent tant bien que mal à faire le pont entre les niveaux secondaire et tertiaire. Certains réussissent, quelques-uns abandonnent, d’autres s’accrochent plus ou moins, comptant sur l’indulgence du système pour passer le cap.
A l’université, les professeurs adoptent la même attitude envers chaque étudiant. Ils sont constamment en contact avec eux pour leur apporter leur savoir et favoriser leur intégration dans le milieu universitaire. Il n’y a pas de leçons particulières. Même si certains étudiants en font une demande explicite aux professeurs, ceux-ci leur expliquent qu’ils doivent développer une capacité de travail en autonomie. Ils s’attendent à plus de rigueur et d’indépendance de la part des étudiants. La situation est paradoxale : les nouvelles recrues sont libres de faire ce que bon leur semble (ils peuvent s’amuser et ne pas travailler du tout) mais ils assument aussi entièrement les conséquences de leurs actes.
Le programme académique lui-même paraît intéressant à l’écrit mais dans la réalité, les choix de modules, particulièrement entre les « electives » sont limités ou n’existent même pas ! Les horaires dans l’emploi du temps sont aussi une nouveauté pour les nouveaux étudiants. Alors qu’au collège, les cours commencent à partir de 8H00 pour se terminer à 14H00, à l’université les cours sont dispensés à différentes heures de la journée, incluant le samedi. [Notons que l’emploi du temps n’est pas connu dès le premier jour de la rentrée pour tous les modules et c’est la croix et la bannière pour trouver la classe.]
La manière de travailler en classe (comme rédiger un projet et faire une présentation orale) représente une certaine nouveauté pour plusieurs jeunes. D’abord, il faut beaucoup de courage et de volonté pour faire un bon travail. Ensuite, la peur de faire une présentation devant une classe ou encore le stress lié aux nombreux projets qui doivent être travaillés et rendus dans un temps limité est un sentiment nouveau. Ces projets sont très importants car les points sont comptabilisés pour les examens de fin d’année. Un nombre d’étudiants éprouve beaucoup de difficultés à suivre le rythme et finissent même par tout abandonner. Beaucoup comprennent que l’autonomie et la responsabilité doivent désormais être le mot clef de cette nouvelle vie, ce qui est synonyme de sacrifices (pas toujours faciles pour certains qui ne pensaient pas devoir sacrifier des week-ends dès leur première année universitaire).
Néanmoins, même s’il y a beaucoup de désillusions, quelques aspects de cette nouvelle vie émerveillent les nouveaux venus. L’université offre la chance de construire de nouvelles amitiés ou encore de consolider celles qui existaient déjà. Ainsi, beaucoup retrouvent leurs amis de collège ou de leçons particulières sur le campus. Cependant, les extravertis sont plus aptes à se faire de nouveaux amis alors que ceux qui sont plus timides prennent plus de temps pour s’intégrer à la nouvelle communauté.
Les innombrables activités extra-curriculaires, qui se déroulent sur le campus, éveillent l’intérêt des nouveaux venus et leur offrent ainsi la chance de se familiariser avec les autres étudiants du campus : le football, le badminton, le billard, les jeux de société, entre autres. L’université est très tolérante en ce qui concerne les tenues vestimentaires alors qu’au collège, tous doivent porter l’uniforme. De plus, même les bijoux ou autres accessoires de mode excentriques ne sont pas interdits d’après le règlement. Les étudiants à l’université ont aussi la chance d’affirmer leur personnalité grâce aux loisirs.
Par ailleurs, les installations sportives dont dispose l’université représentent un aspect non-négligeable de l’architecture. Le gymnase moderne, mis à la disposition des étudiants, ne peut effectivement qu’encourager les jeunes à sortir de leur torpeur et à s’adonner à la pratique du sport. Les innombrables activités extra-curriculaires qui ont lieu sur le campus éveillent l’intérêt des nouveaux venus et offrent ainsi la chance de se familiariser avec les autres étudiants du campus. L’élection des représentants de l’union estudiantine est une expérience nouvelle et tout aussi enrichissante car quelques nouveaux étudiants s’engagent dans les diverses campagnes organisées par les différents partis.
L’université n’est plus un monde inconnu pour les nouvelles recrues aujourd’hui. Entre déception et découverte agréable, ils intègrent ce monde même si cela n’est pas chose facile dans un premier temps. Mais comme le dit si bien le proverbe : « à force de forger, on devient forgeron ». A la fin de la première année, alors que « les petits nouveaux » feront leur entrée à l’université dans quelques mois, ils se demandent ce qui pourrait être entrepris pour améliorer le système. Pourraient-ils faire des propositions et à qui ? Seraient-ils sanctionnés s’ils se mettent en avant pour faire des propositions constructives ? Même si les jeunes vivent dans une démocratie, il semblerait qu’ils ne croient pas vraiment dans les principes régissant la vie démocratique dans leur propre pays. Ils préfèrent rester anonymes…
LOVENA

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