Les leçons du passé et le showbiz politique

Grâce aux médias qui jouent le jeu des politiques ou vice-versa, le showbiz politique est servi régulièrement au public sur les plateaux de télévision, médium incontournable pour atteindre le public et par lequel l’image l’emporte sur le sérieux d’un projet élaboré par les élus du peuple.La plus vieille démocratie excelle à monter en spectacle la campagne électorale à coups de millions de dollars. Que la télévision fasse son cinéma et son chiffre d’affaires sur les hommes politiques tantôt érigés en stars de foot et héros de duels pour un fauteuil, tantôt accompagnés de leur épouse à l’instar de vedettes du grand écran, on s’y est habitué.

En revanche, on attend du sérieux de la part de la presse écrite. Or, on a eu droit à la Une d’un journal d’une photo très bollywoodienne d’un ministre et de son épouse enlacés après la présentation d’un budget tant attendu par tous. A notre grand étonnement. On fronce les sourcils en s’interrogeant sur la pertinence pour l’intérêt général de ce genre de photos qui relève de la vie privée. Booster la vente par une photo glamour ?

Entertainment du public, les titres accrocheurs des éditoriaux centrés sur la personne d’un seul ministre en spéculant sur sa capacité d’un éventuel leadership ? Est-ce ainsi qu’un journal compte élever le niveau du débat public ? Un objectif non-avoué de régler les comptes entre journalistes et les puissants d’hier… Au fond, ce serait un pied-de-nez à l’ancien Premier ministre responsable du boycott d’un journal et des pertes énormes en chiffres d’affaires. En faisant semblant d’oublier que les ‘nouveaux’ de l’équipe fraîchement élue étaient les anciens du Cabinet précédent et soutenaient le boycott.

Le lendemain de la victoire de l’alliance, Triolet, présenté comme une concentration de tous les maux du pays – vote communaliste, arriéré et chaotique -, selon les commentaires amplement publiés dans la presse durant l’ère travailliste, est devenu fréquentable tout d’un coup, et a valu même une descente journalistique se donnant à cœur joie à la liesse populaire. En matière de vendetta, la presse n’est pas en reste…

Véritable panier à crabes, le milieu journalistique et politique où le retournement de veste se fait sans scrupules aux caprices de l’égo de ces mâles qui pullulent au sein de toutes les instances et réduisent tout débat intelligent en véritable cacophonie. Palabres interminables, guerres d’égos et règlement de comptes. Et ces discours contradictoires ! Habiller les médiocres en costume de héros, une spécialité bien locale. Lèche-botte, opportuniste et rodèr bout, loin d’être le monopole d’un cercle quelconque.

Au-delà de ces discours creux par obligation professionnelle, l’ego surdimensionné de ces mâles bruyants du monde politique et médiatique partage le même appétit de salaires disproportionnés, voiture avec chauffeur (contrairement aux pays riches !), l’auto-satisfecit, et couper les têtes qui dépassent. En somme, ils se complaisent dans tout ce qui est moyen et médiocre aussi longtemps que la machine capitaliste sans freins leur procure un niveau de vie en décalage complet avec leurs véritables compétences…

Si à longueur d’année, voire pendant des années, tous aspirent à un niveau plus élevé de ces élus par défaut de choix, très vite ils changent de ton dès qu’un politicien à l’allure de premier de la classe par son énergie, son excès de zèle peut-être, et sa détermination à aller jusqu’au bout de son objectif, et qui plus est, a le privilège et le culot de passer à la BBC. Une véritable première pour un ministre local. A coup sûr, il allait se faire des ennemis compte-tenu du complexe de certains mâles.

Ici, la politique est le meilleur des métiers pour empocher un salaire mirobolant sans fournir de grands efforts. Ce spectacle affligeant reflète une guerre de clans dont on se serait bien passé. L’accueil ridicule à l’Assemblée malgré le baisemain pour ne pas perdre la face était destiné à un ministre qui a pris trop de place à l’écran et qui, par sa personnalité, se démarque bien des autres et risque de faire ombrage à l’ambition des politiciens, souvent sans mérite personnel, sans éclat.

Plus smart, plus brillant, bouillonnant d’énergie et d’enthousiasme, une certaine prestance, plus classe, discours clair, ton ferme et déterminé, il se place au-dessus des autres et gagne en popularité auprès du public. En voilà un qui a du cran. Premier ministrable par excellence. Coupeurs de tête à l’œuvre, le Premier l’a vite écarté de la MBC. Quant à ses erreurs de jeune ministre, négociation hasardeuse et BAI malmené, pas pire que d’autres mollassons qui sont légion au Cabinet.

L’autre hyperactif de l’Environnement, dynamique et zélé, et rattrapé par le bal de couleurs qui a entraîné sa chute devenait trop populaire dans le grand public. A tel point que certains pensent qu’il a été ‘installé’ pour ne pas faire de l’ombre. Quand tant de monde s’acharne sur une personne, on se pose des questions. Stratégie pour affaiblir un rival potentiel et lobbys économiques fossoyeurs de Heritage City ?

Aucun effort d’explication n’est fourni au public. Cette posture qui consiste à faire de la rétention d’information et à infantiliser le peuple est insupportable. Un hic de ce projet est la source de financement, le design des locaux et les prétendus appartements pour hauts fonctionnaires. Aucune transparence dans ce volte-face inattendu.

Le changement est un facteur important dans la vie d’un peuple. Port-Louis ne peut pas tout concentrer : politique, économie et commerce. Véritable casse-gueule pour les piétons, guêpier des véhicules encombrants, baraque surpeuplée, bruyante et sale, capitale tiers-mondiste d’une économie à grande ambition.

Décongestionner la capitale et créer un autre lieu de haute administration, d’activités culturelles et économiques, conçu au moyen d’une architecture moderne : c’est quand même une nécessité.

Les décideurs qui courbent l’échine devant les lobbys économiques dont certains considèrent avec arrogance les rues de la capitale comme leur propriété privée, le désordre des marchands qui envahissent de nouveau les alentours du marché, patauger dans le statut quo, quel beau projet d’avenir pour la capitale !

Pourquoi la non-obligation de vendre 25% des grands projets immobiliers aux Mauriciens? Pour vendre plus vite aux étrangers et remplir les caisses de l’Etat avec le pourcentage récolté par la taxe ? On attendrait une explication.

Renvoyé aux calendes grecques : le projet d’un complexe sportif à Triolet annoncé en 2010 par l’ancien Premier ministre à un coût de Rs 30 millions, vite oublié et remis sur le tapis un mois avant les élections de décembre 2014 avec un budget annoncé de Rs 110 millions (!). Enterré simplement ?

Promiscuité et criminalité intra-familiale. Silence radio. Une politique d’occupation des terres est bien la source du problème. Une concentration des familles qui ont construit sur l’héritage de quelques malheureuses perches dans les villages. Entre-temps, on se massacre allègrement : frère contre frère, fils contre mère, père contre fils, voisins contre voisins, etc.

Culture et dérive de la société. Aucune mention. Ministère de la Culture, parent pauvre du gouvernement. Comme s’il n’existait aucun lien entre l’économie, la culture et l’évolution d’une société. Si tant est qu’une tête pensante au gouvernement ait une vision quelconque du modèle de société qu’on ambitionne…

Nita Chicooree-Mercier

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