‘Robinson sur l’île durable’

L’île Maurice durable, c’est ce mauricianisme qui trace son chemin entre la tradition et la modernité

Après Alice in Dodoland et A contre-courant, Eric Ng, économiste mauricien, lance un nouveau livre intitulé Robinson sur l’île durable. Il comble ainsi un vide laissé par les économistes et répond, par la même occasion, aux attentes de ceux qui aimeraient savoir ce qu’un économiste pense de la question de l’environnement et d’autres enjeux de société. D’emblée, il précise que son ouvrage tient compte de toutes les sensibilités et souhaite ouvrir le débat pour enrichir et non pour léser n’importe quel lecteur.

Après une longue introduction posant les termes du débat, s’ensuivent deux chapitres introductifs. Le premier chapitre met à plat les idées reçues sur le changement climatique et le modèle de développement accompagnant le projet Maurice Ile Durable (MID). Le deuxième chapitre concerne l’économie et la philosophie de Robinson Crusoé. L’auteur s’intéresse moins au développement durable et s’oriente plus vers le développement de l’homme. A travers une étude de la nature humaine, il propose de mieux cerner les concepts de base de l’économie et les faits de nature qui gouvernent le comportement de l’homme.

La première partie de l’ouvrage est divisée en plusieurs chapitres comme suit. Chapitre 3 : Les constitutifs du droit naturel et l’exercice d’une pleine citoyenneté ; Chapitre 4 : L’exercice d’une intelligence pratique dans l’action humaine ; Chapitre 5 : Les faits de nature et la liberté de l’individu ; Chapitre 6 : La responsabilité individuelle ; Chapitre 7 : L’état de droit ; et Chapitre 8 : La division du savoir.

La deuxième partie de l’ouvrage dissèque les arguments de l’écologie politique qui traite l’environnement comme un bien économique. Les trois dominances écologiques y sont relevées pour mieux souligner le pessimisme anti-économique des écologistes (chapitre 9). Celui-ci sert de prétexte à la redistribution de richesses en soutenant l’idée utopique de l’état stationnaire sous les dehors du développement durable (chapitre 10). Dans le même esprit, les économistes qui s’appuient sur le critère d’efficacité proposent des solutions publiques aux problèmes causés à l’environnement (chapitre 11). A l’opposé, les libéraux font confiance aux droits de propriété et à la fonction régulatrice du marché (chapitre 12). Le gouvernement mauricien favorise la première approche avec sa taxe carbone (chapitre 13), mais il devra envisager la seconde approche s’il veut développer l’économie maritime dans un contexte de vieillissement de la population (chapitre 14). En fin de compte, l’objectif de toute politique, c’est d’améliorer la qualité de vie des citoyens, sachant qu’il est impossible de mesurer le bonheur collectif ou d’éliminer l’inégalité matérielle, mais que la justice procédurale est la seule égalité concrète (chapitre 15).

La troisième partie du livre analyse ce nouvel environnement issu de la mondialisation (chapitre 16), marquée par la mobilité du capital, celle des investissements directs étrangers qui sont insuffisamment diversifiés à Maurice, et celle des fonds offshore pour lesquels le pays est trop dépendant de ses incitations fiscales (chapitre 17) ; la crise économique, la déliquescence de l’euro, laquelle n’est pas une fatalité pour Maurice (chapitre 18), moyennant que ses industriels comprennent que la compétitivité nationale se trouve dans la productivité au niveau des firmes (chapitre 19), et à condition qu’ils innovent en permettant l’émergence de nouvelles idées au sein de l’entreprise (chapitre 20). L’auteur aborde aussi le phénomène des marchandages avec les électeurs, un phénomène permanent qui pervertit la démocratie (chapitre 21) et la manipulation de l’opinion publique contre le système économique (chapitre 22).

Dans la dernière partie du livre, l’auteur propose que le pays fasse le pari de faire tomber la politique de son piédestal et de bannir le système de quotas (chapitre 23), de nettoyer tous les secteurs de la vie politique, économique et sociale de la corruption institutionnalisée (chapitre 24), de mettre en valeur les relations inter-personnelles entre les hommes et les femmes (chapitre 25), de puiser sa force dans la pluralité des cultures et de ne pas instrumentaliser la religion (chapitre 26). On peut être sceptique sur le premier plan, pessimiste sur le deuxième, mais optimiste sur les deux derniers, car les Mauriciens sont unis par la liberté dans la quête de l’être (chapitre 27).

L’île Maurice durable, en guise d’épilogue, c’est ce mauricianisme qui trace son chemin entre la tradition et la modernité.


* Published in print edition on 28 June 2013

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