Relent NMUesque

Ecœuré. Je pèse mon mot. Sur le coup, il est vrai, mais rassurez-vous : grosse rigolade tout de suite après. Je ne crois pas avoir entendu de telles conneries depuis… NMU. «L’hégémonie hindoue est un nouveau colonialisme » que l’express dimanche, toute chose, n’a pas hésité une fraction de seconde à employer ce titre pour annoncer l’interview-biographie d’une certaine Roshni, employée de Lux Resorts.

Ainsi, on apprend que cette dame issue d’une famille fortunée a quitté le pays à 20 ans parce qu’elle était surtout, je cite, «fâchée avec mon pays» et tant qu’à faire elle a poursuivi de bien brillantes et longues études de littérature chez sa Majesté. A cette époque – 1992 — c’était Sir Anerood Jugnauth et le MMM de son oncle (eh oui, elle a tout raconté) qui étaient à la barre. C’est pas gentil pour eux !

Puis elle a vécu dans une petite ville quelque part dans les Midlands avant de s’installer à Ningbo. Ah, Ningbo « bourgade sympathique » — et le saviez-vous ? — ah, non – eh bien vous n’allez pas mourir idiot car la pétillante dame nous raconte, sans rire, que c’est un port, tenez-vous bien, parmi «les plus actifs du monde »…

Bref, la Chine a bien fait de l’autoriser à séjourner chez eux. A noter qu’il faut montrer patte blanche pour avoir un visa de séjour dans ce pays et ne pas résider n’importe où; on vous choisit plutôt une ‘bourgade sympa’, loin de ce qui peut agacer d’horribles amoureux de la démocratie de chez nous. Des tonnes de louange en contrepartie à faire rougir les plus chauds partisans du système chinois. Elle s’y plaisait «énormément» (sic) en dépit de l’absence de libertés, constat qu’elle glisse subrepticement, ni vu ni connu.

Bref, après avoir connu tout ce beau monde en particulier Ningbo, bien des lustres plus tard, la voilà débarquant chez nous pour découvrir les horreurs de notre pays : «l’hégémonie hindoue». Bon ça on est habitué de l’entendre depuis NMU. Avec moins de charme, certes. Et elle en rajoute, branchez votre ceinture de sécurité car ce qui va suivre va vous faire brandir de rire, «dans la vie publique, l’omnipotence hindoue est un nouveau colonialisme ». Même NMU n’avait pas osé faire une telle affirmation. Il aurait probablement eu plus de succès dans son entreprise de démolition du peuple mauricien.

Pour ceux qui ont oublié la signification du mot colonialisme, je vous le résume en deux mots : doctrine politique qui prône l’exploitation par la métropole des territoires sous-exploités. Soit elle ne connaît pas ce que cela signifie pour ces millions de combattants anticolonialistes qui y ont laissé leur peau, et cela peut se comprendre, soit elle fait exprès. J’ai un penchant pour la première hypothèse, vu sa bio.

Autre bien belle grosse connerie : le castéisme. Je suis d’accord que c’est un boulet culpabilisant qu’on traîne depuis trop longtemps, mais de là à être, je cite, « le pire ennemi du développement »… Pas un ennemi, mais carrément le pire ennemi. Tout le reste — les ressources naturelles, la gouvernance, la corruption, l’instabilité politique, les crises économiques mondiales, etc., etc., — c’est probablement de la foutaise de son point de vue.

Du coup ces belles paroles empreintes de tant d’essence philosophique ont non seulement fait sauter de joie les nostalgiques de NMU mais aussi les lobbies sectaires qui vont avoir là du carburant gratos. Voilà le résultat. Je ne suis pas certain que Nita appréciera.

On apprend enfin qu’elle bosse désormais dans l’hôtellerie de luxe où elle va, j’espère, connaître la vie du grand secteur privé, privé bien sûr d’hégémonie ou d’omnipotence. Est-ce qu’elle va nous raconter, avec la même passion, les abominables conditions de travail des petits employés du secteur hôtelier en particulier, l’énorme écart de leur salaire avec ceux des cadres ? On connaît d’autres, embauchés dans ce secteur, qui n’arrêtent pas de nous casser les oreilles sur les horreurs de la «vie publique» (sic), tout en couvrant de fleurs leur propre secteur. Dur, dur à se faire virer de ce placard doré et « sympa ». En tout cas, bon courage, ma chère !

J’avoue que j’ai beaucoup de mal à la suivre. Je ne suis pas sûr que l’intervieweur ait saisi. Lui qui lui pose tout de même la question bête et méchante : « Finalement, a-t-on raison de croire que l’herbe est plus verte ailleurs ?». Et pourquoi pas « Et Dieu dans tout ça ? ». En espérant, naïvement, une réponse du genre « Après tout ce que je viens de vous dire vous n’avez pas toujours pas compris ? Oui, je me casse demain pour Ningbo la sympa. » Eh bien, non réplique l’interviewée : « Ici, nous sommes riches d’un modèle culturel unique ».

Excusez du peu ! Merci, merci. Et dire qu’elle est « fâchée » avec notre pays, et ce colonialisme qu’est l’« hégémonie hindoue ».


* Published in print edition on 2 August  2013

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