Réflexion sur une fin de crise probable

Le consensus selon lequel la crise qui a frappé l’économie mondiale en 2008 est la plus profonde qui ait sévi depuis la fin de la grande dépression de 1929 cache évidemment de grandes divergences quant aux causes qui y ont contribué.

Les grands pontes de l’économie libérale menés par leurs «think tanks » n’hésitent pas à avancer que la cause principale a été justement le manque d’audace des dirigeants à appliquer les théories libérales les plus extrêmes, notamment en matière de politique fiscale.

Selon cette école de pensée, une réduction, sinon une élimination des impôts sur les grosses fortunes et les bénéfices des entreprises, par exemple, aurait contribué à libérer les « instincts primitifs » du capitalisme et, ainsi, aurait participé à une création de richesses sans précédent. Ce genre d’idéologie est aujourd’hui politiquement très influent au sein de certains groupes, entre autres, la fraction « tea party » du Parti Républicain aux Etats-Unis. Heureusement cette fraction est aujourd’hui marginalisée au sein même de l’establishment américain.

La crise aidant, une autre interprétation – plus réaliste venant d’une gauche encore sous le coup du traumatisme de presque trois décades de quasi-hégémonie du « reaganomics » et autre « thatcherisme » – attribue la crise aux excès découlant justement de cette domination sans borne menant, entre autres, à des dérégulations et à une libéralisation effrénée, notamment dans le secteur financier. Les solutions apportées à la crise ont dans une large mesure décrédibilisé les tenants de l’idéologie du capitalisme sans borne.

La fameuse main invisible, ayant failli dans sa tâche d’équilibriste des forces du marché, l’Etat est intervenu de manière massive pour, entre autres, préserver des entreprises qui – à force de dérégulation – étaient devenues « too big to fail ». Apres quelques années de cet interventionnisme musclé, seuls les plus bornés refusent toujours d’admettre que c’est à ce prix qu’une plus grande catastrophe a été évitée.

N’empêche qu’à la veille de 2014, un autre consensus semble émerger autour du fait que l’économie mondiale devrait enfin profiter d’une embellie même si celle-ci risque d’être tout à fait modeste. Du coup, un espace de débat est ouvert de nouveau entre des tenants de solutions plutôt du centre gauche et ceux d’une droite moins extrémiste quant à la suite à donner aux événements. La montée d’un populisme qui exploite le désarroi des masses populaires pour offrir des solutions démagogiques du genre « il n’y a qu’à renvoyer les étrangers chez eux » pose un défi à tous les partis traditionnels.

De même, à Maurice, il est temps de mener une réflexion dans le même sens. Le niveau d’intégration de l’économie nationale dans l’économie mondiale est tel que nous avons dû subir directement les effets de la crise économique surtout dans nos marchés d’exportations traditionnels, se traduisant en une réduction de la croissance annuelle du PIB autour de 3,5% durant les récentes années de crise.

Mais notre propos ici n’est pas de commenter ce fait qui est aujourd’hui une évidence. Ce qui est peut-être encore plus important si nous voulons réellement tirer toutes les leçons de cette expérience, c’est de faire le constat de la mesure dans laquelle les mouvances décrites plus haut ont influencé notre propre approche économique et cela au-delà des postures « idéologiques » adoptées par différentes formations politiques.

•       Par quels mécanismes ce nouvel ordre économique mondial dominant pénètre-t-il les institutions de formation de nos propres politiques économiques ?

•       Dans quelle mesure cette idéologie dominante est-elle contraignante pour notre capacité à envisager d’autres politiques alternatives?

•       Pour parler concrètement, pourquoi existe-t-il souvent un décalage entre la volonté affichée des gouvernements de centre gauche pour améliorer le sort des populations et la réalité sur le terrain ?

Les réponses aux questions précédentes ne peuvent pas expliquer de façon exhaustive ce dilemme mais peuvent largement y contribuer.

L’idée qu’une plus grande efficacité dans la mise en place d’une politique économique appropriée peut être extrêmement bénéfique – en partant du principe que plus la situation est mauvaise, plus les dividendes découlant de la réforme sont importantes – doit servir de fondement aux efforts de nos responsables économiques et politiques. 2014 sera l’année du positionnement pour maximiser nos chances de profiter de la relance économique annoncée au niveau mondial.


* Published in print edition on 27 December 2013

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