Il est impératif d’améliorer le service et de revoir les méthodes actuelles dépassées

Immigration et douane à Plaisance

Par Rishy Bukoree

Maurice est un pays formidable. Les Mauriciens qui ont eu l’occasion d’étudier et de voyager dans d’autres territoires avant de décider de rester ici pour faire leur vie, pourront attester de ce fait. En termes de qualité de vie, nous n’avons rien à envier aux autres.

Vitrine en pleine expansion du ‘hub’ qu’est Maurice, l’aéroport international Sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR) est le point focal et le lieu de transit du va-et-vient de Mauriciens qui s’en vont et/ou qui reviennent d’autres cieux.

Cependant, ce qui me chagrine, c’est l’accueil réservé en général à de nombreux ressortissants mauriciens qui sont sur le point de départ ou qui rentrent au pays dans cet aéroport. D’abord, juste après le check-in d’usage, on fait la queue pour se rendre à l’un des comptoirs de l’immigration. Souvent, certains des desk-officers qui prennent le passeport et le billet du Mauricien sont froids, sans sourire ni politesse, alors qu’ils sont beaucoup plus chaleureux et avenants envers les touristes, surtout ceux venus des pays occidentaux.

Le comble, c’est que quand arrive le tour du Mauricien lambda, le ‘desk-officer’ sera rejoint par un ou deux de ses collègues qui se tiendront debout derrière lui. Les préoccupations majeures de ces officiers « debout » et cravatés seront de dévisager de haut en bas le Mauricien d’un regard sévère et inquisiteur, de regarder ou de revérifier chaque page de son passeport et l’écran donnant les informations sur le passager, comme si le Mauricien est de facto un criminel, un fugitif contre lequel il y aurait « objection to departure », ou alors comme pour se demander comment et pourquoi ce passager va encore voyager.

 Excès de zèle

Je me souviens comment en 1999, alors que je m’envolais pour ma maîtrise, l’officier au comptoir m’a dit que je ne ressemblais pas au gars qui était sur mon passeport et il m’a demandé ma carte d’identité, tout en appelant un autre collègue à la rescousse ! Comparé aux longs cheveux que j’arborais à 17 ans comme sur la photo de mon premier passeport, en 1999, j’étais déjà un adulte avec des cheveux très courts, mais avec les mêmes traits faciaux ! Si ce n’était pas de l’incompétence de la part de cet officier, son comportement frisait carrément le ridicule.

Au retour du Mauricien lambda dans son pays natal, le saut de l’avion jusqu’à l’ « arrival lounge » de Plaisance est rapide sauf qu’il se retrouve ensuite dans une salle où il y a déjà de longues files d’attente avec quelques rangées seulement mises à la disposition des Mauriciens et ceux détenant un passeport de notre République. Au bout de chacune de ces files d’attente, se trouve un comptoir avec un desk-officer de l’immigration et derrière lui, plusieurs de ses collègues debout, cravatés et les bras croisés, qui scrutent du regard, chacun des passagers mauriciens. L’exercice de « guette figure » s’intensifie lorsque le Mauricien présente son passeport au collègue assis au comptoir. Puis, commencent les devinettes du genre : « Est-ce bien un Mauricien ou un Bangladais/Sri Lankais/Africain? », « Combien de pays a-t-il visités ? », « Pourquoi voyage-t-il autant » ?…

Je n’ai jamais compris pourquoi les autorités postaient autant de personnes pour dévisager les passagers avec d’insistance et pour « marche-marcher » ou être debout à se tourner les pouces. N’aurait-il pas été plus efficace d’ouvrir d’autres comptoirs pour les détenteurs d’un passeport mauricien, tout en utilisant plus judicieusement, en parallèle, les ressources humaines disponibles avec des caméras CCTV ou autres scanners ?

Horde de douaniers

Par ailleurs, après le passage à l’immigration et au comptoir du ministère de la Santé, l’autre stress majeur du passager mauricien est le service obsolète et agressif de la douane mauricienne. En effet, après avoir pris ses bagages, le Mauricien lambda qui n’a rien à déclarer aux douaniers et qui possède dans ses bagages que des articles à usage personnel ayant une valeur ne dépassant pas Rs 15 000, peut emprunter le couloir vert, conformément au communiqué et règlements de la Mauritius Revenue Authority. Pour rappel, les voyageurs ont aussi droit à 1 litre de spiritueux (whisky/gin/vodka, etc.) et 2 litres de vin ou de bière et à 250 grammes de produits de tabac (cigarettes, cigarillos, etc.).

Mais tout ne se passe pas tranquillement pour le Mauricien moyen, à moins qu’il ait des ‘contacts’, ou qu’il soit un ‘big boss’ ou ‘fat cat’ qui n’est pas passé par le State / VIP lounge de l’aéroport. Donc, dès qu’il se dirige vers le couloir vert, il a de fortes chances d’être approché par une horde de douaniers à la mine patibulaire mais en uniforme qui l’auront préalablement épié de loin. Ces derniers lui demanderont son passeport et lui poseront plusieurs questions relatives à son voyage, son travail, son adresse, etc. Si la « poisse » le poursuit, on lui demandera de se diriger vers la zone rouge pour être fouillé. Au bout de 10 minutes, on lui demandera de plier bagage et de s’en aller.

Pourquoi donc perdre tout ce temps pour rien ? Si le passager a choisi le couloir vert, il faut le croire et cesser cette attitude de suspicion qui prévaut également chez les officiers de l’immigration. Pourquoi ce harcèlement continuel alors que le passager mauricien est fatigué après plusieurs heures de vol et qu’il souhaite retrouver les siens au plus vite? Tous les Mauriciens de retour ne sont pas des receleurs, marchands non-ambulants, gros acheteurs de whisky ou de produits ‘commerciaux’ ! Si la loi permet qu’il ramène quelques affaires pour usage personnel et du moment qu’elles sont dans la limite des Rs 15 000., où est le problème de ces douaniers ?

 Revoir tout le système

Il est grand temps que nos décideurs fassent le nécessaire pour nettoyer de fond en comble l’aéroport SSR, afin de le débarrasser de telles attitudes dépassées et de réformer comme il se doit ces douaniers et officiers de l’immigration. J’ai été dans plusieurs aéroports à travers le monde, et je n’ai jamais vu ce qu’on voit à Maurice. Si on ambitionne d’avoir un aéroport de classe internationale, son agrandissement au niveau infrastructurel et la création de nouvelles pistes d’atterrissage et encore du tarmac ne représentent pas des mesures suffisantes. Il faut élever la mentalité et rehausser le savoir-faire, l’humilité et le professionnalisme de ceux qui y travaillent. Il faut aussi recruter des personnes compétentes et qualifiées à tous les postes critiques à l’aéroport, et non des brebis galeuses et autres agents sans certificat de moralité.

Le passager mauricien ordinaire ne demande qu’une chose : voyager tranquillement et être accueilli avec respect au départ comme à l’arrivée. Et non pas être soumis constamment à des humiliations et traitements souvent dégradants.


* Published in print edition on 15 July 2011

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