Sur une note d’hiver

Carnet Hebdo

Nita Chicooree-Mercier

Le doux hiver couvre l’île – tantôt d’un manteau gris troué d’averses tantôt inondant la végétation. C’est une aubaine quand les foyers et le bon peuple sont bercés des rayons de soleil chaleureux.

Loin d’être une nouveauté, la fraîcheur ou le froid, qui est au rendez-vous depuis l’an dernier, suscite le souvenir du temps jadis où il y avait un réel changement de saison : avril apportait une accalmie après quelques mois de soleil de plomb et de chaleur, et juin obligeait à sortir pyjamas en flanelle et tricots en laine que les doigts de fée des mères confectionnaient à l’avance.

Cette saison d’hiver s’est mise en hibernation pendant de nombreuses années laissant le champ libre au soleil d’été pour jouer la prolongation. Ce cycle a tiré sa révérence, et nous assistons à un retour à la normale des saisons.

Les uns et les autres en profitent pour s’adonner à diverses tâches que la chaleur n’aurait pas permises. Aussi longtemps que le froid nous préserve de la paresse, entité qui a déjà fait son nid douillet dans l’esprit de certains, l’énergie qui nous habite dispose d’une large avenue pour se déployer à bon escient. Il faudrait presque un John Keats pour célébrer « An Ode to Winter » tropical !

Réjouissons-nous donc de ce temps clément sous le ciel d’un bleu magnifique dès que les nuages épars s’éloignent lentement et que le soleil au zénith calme ses ardeurs éblouissantes. Oublions aussi que toute bonne chose a une fin…Et qu’il est trop tôt pour laisser une crise existentielle s’emparer des esprits alors que les eaux montantes de l’océan menacent de tout engloutir au fil du temps sous le regard indifférent du firmament au-dessus de nos têtes.

Entre-temps, chacun vaque à ses occupations. Le mécontentement ne connaît ni l’hiver ni l’été, surfe au-dessus des eaux déchaînées en Asie et traverse la puissance du feu en Europe et plonge cent millions d’Américains dans une vague de chaleur. Et c’est la folie qui atteint le zénith au-dessus de la Maison Blanche qui risque de pousser la Russie de Poutine à rendre l’air de ses voisins irrespirable et d’en étendre le soufre infernal à Londres et à Paris. La santé mentale d’un Joe Biden figure comme la métaphore d’une folie de la toute-puissance, celle qui fait perdre les esprits.

* * *

Ici, cette fin de mois de juillet évoque le début d’une ère de manifestations de rue qui, en fin de compte, fait figure d’une caricature de ce que devrait être une véritable protestation fondée sur une cause valable et authentique.

Il y a trois ans l’auteure de ces lignes profita d’un séjour prolongé dans le pays (à cause de la Covid-19) pour faire connaissance avec les radios locales. Et c’est un 28 juillet qu’une radio privée donna la voix à un personnage qui déclara à peu près ceci : « Je n’ai pas peur de mourir. J’ai déjà été là-bas, j’ai frôlé la mort.»

J’avais une idée vague de ce qui se tramait alors et de ce que les médias annonçaient comme un grand évènement. Ces paroles avaient toute la tonalité et l’accent d’un discours de Martin Luther King, pasteur baptiste, leader iconique de la lutte pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis.

L’effet de cette intervention à la radio était plutôt comique et me fit sourire. Qui était donc ce personnage qui se prend pour ML King ? Le leader noir était pétri de culture biblique et son discours avait tout l’accent du Sermon sur la Colline : « I have been up on the hill. I have seen it all… », etc.

L’intervenant a été à l’origine du mouvement BLD, un slogan qui traduit toute la vulgarité qui sévit dans la société. C’est un homme en tee-shirt noir et au poing levé et menaçant aux Casernes Centrales que le public découvrit plus tard à la télévision.

Caricatural, par l’opportunisme d’autres qui profitèrent pour s’arracher les faveurs du dit personnage. Le petit peuple fut mis à contribution pour gonfler la foule des autobus et des rues au son du tam-tam. Le Wakashio aidant, les bungalows affligés par la marée noire, c’est le peuple arc-en-ciel, toutes couleurs confondues, qui se joignit pour une cause commune, nous fit-on croire. D’autres se joignirent à la foule par effet de contagion et de mode, comme on se rend au nouveau Mac Do ou le dernier resto de malbouffe pour suivre le troupeau.

En passant, le « faire-semblant » était à son plus fort dans les médias. Excitée comme une puce, l’animatrice d’une radio libre annonça avec joie la reprise du jeu par l’équipe Bayern de Munich en Allemagne. Avais-je raté une évolution dans la passion que la gente féminine aurait pour le football international ? Que nenni ! Renseignement pris auprès de braves gens, cette effervescence ne reflète rien de profond, il s’agit du « faire semblant », de se donner des airs, de faire comme les autres par mimétisme.


Mauritius Times ePaper Friday 28 July 2023

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