Survol de l’hindouisme

Tree of Knowledge

Le symbolisme dans l’hindouisme

Le symbolisme dans l’hindouisme est un vaste sujet, aussi complexe que fascinant, mais pas nécessairement difficile à comprendre, comme le démontrent ces quelques pistes de réflexions ci-dessous.

A travers le symbolisme, aux moyens des idées et des concepts qui en découlent, l’on essaie de représenter la vision hindouiste de l’existence. L’objectif est de faciliter la compréhension des vérités profondes et des idées abstraites par des formes ou des objets qui sont plus ou moins familiers.

Les symboles les plus souvent utilisés sont soit des formes géométriques, telles que le point, le triangle ou le cercle, ou des objets naturels du monde des plantes ou des animaux.

Ces derniers sont, après tout, les créations de ce même Brahman qui nous a créés, et possèdent aussi des facultés et des caractéristiques qui peuvent être similaires, différentes ou même surpasser celles de l’homme.

Cobra de Shiva

Puisque cette série d’articles est basée sur les causeries faites à l’occasion du Maha Shivaratri, commençons par le cobra royal autour du cou de Shiva, avec son capuchon déployé, une posture qu’il adopte quand il se sent menacé.

Il est totalement immobile, comme Shiva en méditation. Mais ne soyez pas dupe : il n’est pas en sommeil, il est extrêmement vigilant et en éveil, et symbolise le mental en éveil, tout comme Shiva l’est dans sa pose méditative.

Aucun autre animal n’aurait pu être le symbole de cet état de méditation active.

D’autre part, dans d’autres images symboliques, le serpent représente le temps dont le flux dans notre monde est comme le mouvement du serpent : toujours en avant, donc irréversible et qui ne revient jamais en arrière. C’est ce que le physicien David Bohm a décrit comme ‘la flèche du temps.’

Puja

Chaque famille hindoue a chez elle un emplacement, voire une petite chambre spéciale réservée pour la prière ou puja, outre celles que l’on fait en communauté dans les temples pendant les grandes fêtes religieuses ou pour d’autres occasions qui marquent notre vie, par exemple, la Saraswati puja quand les enfants vont commencer des études, les pujas lors des anniversaires et des mariages.

Dans cet espace, l’on place des photographies et des statuettes des divinités ou ‘dieux’, termes qui renvoient à la représentation des aspects créatifs du Cosmos, aussi bien que celle des objets et matériaux utilisés pendant la prière tels que lampe, mèche, cloche, etc.

En somme, le puja représente plus qu’une simple prière car il comprend plusieurs parties :

•       d’abord, l’hygiène corporelle ;

•       puis, la préparation mentale y compris la méditation, le rituel des offrandes et le fait d’allumer la lampe ;

•       enfin, la récitation des mantras et des aartis et la lecture des textes sacrés.

Il est possible d’avancer que c’est un rendez-vous avec soi-même d’abord, et puis avec la famille pour se recueillir et raffermir les liens. Ces moments précieux de contemplation intérieure nous aident à nous recentrer afin de mieux affronter les épreuves de la journée et à nous restituer le calme quand elle est terminée.

Communs à tous les pujas, de même que celui que l’on fait au Ganga Talao pour le Maha Shivaratri, sont les matériaux utilisés, et qui comprennent les cinq éléments de la Création. Le geste d’offrir exprime d’abord la gratitude de celui qui prie Shiva pour le don de ces matériaux, et puisque l’être humain est aussi fait des mêmes éléments, cela signifie qu’il s’offre à Shiva en toute humilité. L’offrande est donc un acte de renoncement de l’ego de l’être humain qui purifie son mental et le rend prêt à recevoir la Connaissance Suprême.

C’est cela le vrai sens du puja, samarpayami en Sanskrit, comprenant cette dimension de renoncement de l’ego que le terme charhhao en Hindi n’exprime pas.

Quant au coco sec, les fibres abondants représentent les multiples agitations de notre mental qui sont aussi tenaces que la coque du coco. Arracher – de force ! – ces fibres et briser la coque équivalent à surmonter cette ténacité et à restituer le calme du mental, qui est alors prêt à recevoir la Connaissance Suprême, pure comme la parfaite blancheur de la noix du coco. Intériorisée, cette Connaissance Suprême nous livre directement le nectar de l’immortalité, symbolisée par la douceur exquise de l’eau de coco.

L’on pourrait difficilement trouver dans la création un autre fruit aussi apte que le coco sec à être un des symboles du Maha Shivaratri.

On peut maintenant apprécier la vraie signification de cette offrande, qui n’est pas qu’un geste physique. Si on prend la peine de comprendre ce symbolisme, alors on comprendra aussi la raison pour laquelle on doit reprendre après le puja les cocos et autres fruits comme du Shivaprasad – c’est nous et non pas Shiva qui en avons besoin !

Damru de Shiva et Aum

Il est dit qu’au commencement était le verbe. Mais avant le verbe, il y a le son. Tout ce qui est créé est en état de vibration, et c’est l’intensité de la vibration qui détermine si une chose créée va être de forme solide (par exemple, glace), liquide (eau) ou gazeuse (vapeur).

Tout ce qui vibre produit du son : au-delà d’une certaine fréquence, notre oreille ne capte pas les sons, que l’on nomme ultrasons.

Mais dans l’immensité du Cosmos, qui est dans un état de vibration perpétuelle, il existe un son plus raffiné encore, le ahat naad, que les sages ou rishis avec leur mental épuré de toute agitation ont perçu en leur fors intérieur.

C’est le son primordial. D’où émerge ce son ? Du silence – le silence Cosmique, Brahman. Nous pouvons en faire l’expérience approximative si nous nous retrouvons dans une clairière de la forêt et que nous nous asseyons en fermant les yeux. En nous concentrant, à un certain moment, nous arriverons presque à entendre le grand silence qui nous enveloppe, qui nous pénètre en fait, et qui émane de l’infinité de la voûte céleste.

A ce stade, on appréhende alors le sens de Aum : le son primordial, créateur universel, pranava. C’est le symbole de Brahman jusqu’au moment où nous découvrirons que ce n’est pas que le symbole, c’est Brahman.

Shiva non seulement dissout ; il engendre la création du son qui provient de son tambour, le damru, dont la forme géométrique permet la production d’un son unique composé de deux résonances, c’est-à-dire, le commencement de la manifestation multiple (dont est faite la création) à partir de l’Un, Brahman.

Mudra

Voyons maintenant la mudra – la posture des mains quand nous nous asseyons pour faire une prière ou pour méditer.

Le pouce représente Brahman, l’index l’atman, et les autres doigts le corps, l’esprit et les sens respectivement.

Le cercle, forme mathématique la plus parfaite qui soit, représente la Connaissance Suprême qui est obtenue quand l’atman ‘reconnaît’ et s’établit dans son identité avec Brahman, s’unit avec lui pour ainsi dire : l’index joignant le pouce dans un cercle. Pour ce faire, l’index doit se séparer des autres doigts, c’est à dire que l’atman doit se libérer du corps.

Avec les deux mains dans cette posture, posées sur les genoux avec les pieds croisés dans la position assise, nous fermons les yeux et nous nous enfermons dans le silence intérieur qui nous livrera la Connaissance Suprême.

Namasté

Les hindous se saluent en joignant les paumes des deux mains et en les élevant devant la poitrine en un geste connu comme namasté.

Cela indique que l’atman de la personne qui salue est identique, et donc ne forme qu’un, avec celui de la personne saluée – les deux mains deviennent une seule entité dans le geste de namasté. En d’autres mots, ce faisant, l’individu passe ce message d’identité fondamentale de deux êtres qui ne sont séparés qu’en apparence physique.

Ces exemples sont une infime partie de la richesse et de la beauté du symbolisme dans l’hindouisme. Le reste, c’est à vous, lecteur, de le découvrir, et dans ce processus, vous découvrir vous-même.

Pour de plus amples renseignements, veuillez contacter:

ngopee@intnet.mu


* Published in print edition on 11 April 2014

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