« Une rencontre en catimini alors que la presse est aux aguets, c’est tout de même un drôle de catimini, non ?

‘Toute cette agitation politico-médiatique autour des déclarations sulfureuses de Peroomal Veeren ressemble à une grande séance de théâtre qu’on est en train de servir à l’opinion publique’

… C’est un véritable fantasme collectif, ces alliances
pré-électorales »

‘A Maurice, ce n’est pas la rue qui décide de l’avenir
du gouvernement’

 Trafic de drogue : En 1988, lors de la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes, les parties expriment leurs craintes face à la prolifération de ce fléau. C’est une menace grave pour le bien-être des individus et cela entraîne aussi des effets néfastes sur les fondements économiques, culturels et politiques de la société. Tous les dix ans, les Nations Unies adoptent de nouveaux traités internationaux sur la criminalisation et les sanctions. Les Etats-membres, eux, conçoivent des systèmes de contrôle pour lutter contre les problèmes de drogue localement. Mais les stratégies efficaces de lutte sont coûteuses tandis que les réseaux de trafiquants continuent d’alimenter ce commerce extrêmement profitable. La corruption des gouvernements, des forces policières et des institutions s’étend aux quatre coins de la planète. La guerre contre ce crime organisé est difficile. Catherine Boudet nous en parle. 

Mauritius Times : Si ce n’est pas une affaire de crime, c’est souvent une bourbe ou une menace ministérielle ou même une dénonciation ou un aveu devant la commission d’enquête sur le trafic de drogue qui nous choque semaine après semaine depuis un bon bout de temps. Il y a une autre île Maurice – une nouvelle, celle-là — qui se cache, paraît-il, derrière les images de nos cartes postales. Qu’en pensez-vous ?

Catherine Boudet : C’est vrai que l’actualité politique de cette année 2017 est particulièrement chargée en scandales politiques, sous formes de leaks, de dénonciations ou de révélations. Et c’est vrai que dernièrement, avec les travaux de la commission contre la drogue, ces révélations prennent une nouvelle tournure, plus choquante. Mais en fait, ce sont des secrets de polichinelle qui sont révélés au grand jour.

Cette boue qui est en train de ressortir à la surface, c’est le symptôme de tous les mécanismes clandestins d’un système néo-patrimonial, basé sur la confiscation du pouvoir par des clans qui alternent au pouvoir, et qui seraient financés avec de l’argent pas toujours propre. C’est un système qui aurait fonctionné jusqu’à présent sur le principe du secret, comme tous les systèmes de corruption.

La corruption est un échange, clandestin et illégal, dans lequel les protagonistes sont liés par des bénéfices mutuels mais aussi par l’obligation de maintenir le secret pour assurer leur protection mutuelle. Logiquement, le fait de mettre au grand jour ces mécanismes clandestins et criminels, cela ne fait pas plaisir et cela écorne l’image (qui était de toute façon trompeuse) de carte postale, mais c’est très salutaire pour la démocratie.

Mais il y a aussi un autre phénomène qui est en train de se produire, malsain celui-là, c’est l’orchestration par les clans politiques des révélations ou des dénonciations calculées. Ces scandales révélés à dose comptée par les politiques eux-mêmes par le biais des leaks. Comme il y a, en réalité, très peu de véritable investigation journalistique, et que les journalistes se contentent souvent de prendre l’information qu’on leur donne au lieu d’aller la chercher, les politiciens profitent de cette complaisance de la presse.

La plupart des révélations de scandales politiques dans la presse proviennent des leaks. Et ces leaks orchestrés sont soit des menaces de rompre le pacte du secret, soit des ruptures calculées et savamment dosées du pacte du secret. Ce sont des manières de faire pression sur un partenaire/adversaire pour le faire tenir à sa place ou au contraire pour lui prendre sa place. Un petit exemple, la fameuse révélation par leaks à la presse du prêt en euros pour emprunter de l’or, l’an dernier.

* Un gouvernement ne peut pas être tenu pour responsable pour tous les crimes – meurtres, cambriolages, les multiples actes d’agression — sur la place publique ou au sein des familles, mais lorsqu’on se fait égorger dans un complexe haut de gamme et hautement sécurisé, comme l’a été la ressortissante étrangère à Pereybère, cette semaine-ci, on se pose de plus en plus des questions sur sa sécurité personnelle partout ailleurs, non ?

C’est clair qu’on ne peut pas tenir le Gouvernement pour responsable de tous les crimes et agressions. Chacun est responsable individuellement de sa sécurité personnelle. Et la sécurité personnelle, cela ne passe pas seulement par le fait de vivre dans des endroits dits sécurisés, cela passe aussi et avant tout par un certain nombre de précautions à prendre en termes de mode de vie et de comportement.

Toutefois, il est un fait que le taux de criminalité dans un pays est directement lié aux activités criminelles et clandestines telles que le trafic de drogue. La grande criminalité liée à la drogue alimente la « petite » délinquance, pas seulement parce qu’elle crée des besoins financiers et des comportements prédateurs, mais aussi parce qu’elle dissémine dans la société des schémas criminels tels que les règlements de compte, les meurtres commandités, les vendettas…

Et, à ce niveau, les gouvernements successifs ont leur part de responsabilité, pour avoir laissé proliférer le fléau de la drogue et ses logiques cannibales à l’intérieur des institutions de l’Etat et dans la société.

* Découverte de Lannate dans la cellule d’un prisonnier, complicité alléguée entre certains gardes-chiourmes et des trafiquants de drogue, « unsolicited visits » de quelques hommes de loi auprès des trafiquants condamnés par la justice… La Commission d’enquête sur le trafic de drogue nous apprend bien de choses qui, paraît-il, ont échappé à la vigilance des diverses institutions mises en place pour combattre de tels délits. Surprenant, n’est-ce pas ?

Surprenant quand cela sort maintenant au grand jour, avec des témoignages à l’appui. Ceci dit, ce n’était qu’un secret de polichinelle. Les complicités avec les trafiquants de drogue ou avec la corruption à l’intérieur même des institutions, que ce soit au niveau des prisons, des douanes, etc., c’étaient des choses dont on entendait déjà parler. Mais lorsque c’est déposé devant une Commission d’enquête officielle et publique, cela prend d’autres proportions.

Ce qui provoque un électrochoc dans l’opinion publique, c’est que soudain, toute la réalité crue des dessous du fonctionnement du système, tout ce qu’on essayait de garder « en bas tapis » est mis sur la table. Ces agissements n’ont pas tant « échappé à la vigilance », c’est plutôt qu’ils ont fait l’objet d’une grande tolérance, malgré l’existence des lois. C’est le propre des systèmes mafieux et corrompus que de fonctionner suivant des logiques clandestines qui se servent des rouages du pouvoir pour proliférer. On en vient à se demander si Maurice ne serait pas devenue une narco-démocratie, financée par le trafic de la drogue.

Alors même si ce grand déballage a pu être qualifié par d’aucuns de « strip tease », c’est néanmoins une prise de conscience salutaire.

* Il y a eu la semaine dernière le grand coup du détenu Peroomal Veeren devant la Commission d’enquête sur la drogue, et la réaction du Premier ministre qui s’est défendu d’être mêlé au trafic de  drogue et il a, par la suite, dénoncé une « complicité institutionnelle » dans le contexte du trafic de drogue. Des policiers, des douaniers, des officiers d’autres institutions – mais aussi certains dans la presse y sont mêlés, a-t-il affirmé. Il porte là des accusations très graves, il faut qu’il parle davantage, n’est-ce pas ?

Il y a une Commission d’enquête sur la drogue, il faut la laisser faire son travail et rédiger son rapport. C’est très malsain que la scène médiatique double le travail de la Commission, notamment en se faisant la plateforme de défense de certaines personnes incriminées devant la Commission d’enquête.

Quant à Peroomal Veeren, avec ses déclarations explosives incriminant le Premier ministre et affirmant qu’il a financé le parti de ce dernier aux dernières législatives, c’est clair que soit il en a trop dit, soit il n’en a pas assez dit . Encore une fois, c’était le travail de la Commission d’enquête.

Toute personne qui dépose devant la Commission est, selon l’article 12 de la Commission of Inquiry Act, passible de poursuites s’il fait de fausses déclarations. Certes, l’argument avancé par les détracteurs de Veeren, c’est qu’un caïd qui purge déjà une peine de 34 années n’en est plus à une condamnation près. Mais cet argument ne suffit pas. Il existe des petites techniques pour savoir si la personne qu’on interroge ment ou dit la vérité. Alors quel était l’intérêt de laisser Veeren faire son show ?

* Si les partis de l’opposition n’ont pas fait grand cas des allégations du détenu Peroomal Veeren, le MMM ayant choisi de s’abstenir de tout commentaire en attendant que le rapport de la Commission soit rendu public, par contre il y a les commentaires intéressants d’Alan Ganoo et de Rama Valayden à ce propos, le premier réclamant une législation du financement politique et le second exprimant ses appréhensions quant aux risques de « reputational damage » que peuvent causer de telles allégations. Qu’en pensez-vous ?

C’est clair que s’il existait une loi sur le financement transparent des partis politiques, il n’y aurait pas lieu de se servir de la presse comme tribune pour répondre aux allégations d’un caïd.

Quant aux risques de « reputational damage » liés aux déballages tout azimut d’un caïd qui n’a rien à perdre, il faut bien comprendre que les stratégies utilisées par Peroomal Veeren s’inscrivent dans un contexte bien précis. Et ce contexte, c’est donc celui de la mise à jour des logiques clandestines qui jusque-là régissaient le fonctionnement du système politico-mafieux, fondé sur les appartenances claniques et financé par la drogue.

Pour lutter contre la corruption, il faut mettre à jour les logiques qui sont à l’œuvre de façon clandestine. Mais, en même temps, dans ce processus, on voit que ceux qui n’ont rien à perdre se retrouvent en position de force pour rompre le pacte du silence de façon calculée et faire pression sur les clans adverses, y compris par des techniques de mudslinging et de diffamation.

* En ce qui concerne les liens tissés entre la mafia de drogue et le milieu politique, Me Antoine Domingue a déclaré récemment à Week-End qu’il existe « des informations précises sur des montants, des lieux, des noms des récipiendaires et des protagonistes de financement politique qui sont devant la Commission et qui devraient sortir bientôt… C’est autrement plus sérieux que les déclarations de Veeren ». S’il s’avère que tel est effectivement le cas, c’est qu’on aura touché le fond… ?

Toute cette agitation politico-médiatique autour de la Commission de la drogue et, en particulier, autour des déclarations sulfureuses de Peroomal Veeren, cela ressemble à une grande séance de théâtre qu’on est en train de servir à l’opinion publique. Encore une fois, c’était attendu que Veeren allait faire des révélations fracassantes et embarrassantes.

Suite à cela, il y a eu évidemment une levée de boucliers pour dire que ses allégations ne seraient que des « sornettes » ou des « jokes ». D’une part, comme vous le soulignez, il y a ceux qui sont venus dire que ces allégations ne sont pas sérieuses mais que de vraies allégations sérieuses et précises « vont sortir bientôt ». Ainsi donc, il y aurait les allégations sérieuses et celles qui ne le sont pas ! Et qui décide de cela ? Des interviewés dans la presse ? Mais le problème n’est pas seulement dans la véracité des allégations, il est surtout dans la capacité à poser des questions pertinentes permettant de démêler le vrai du faux.

D’autre part, il y a ceux qui sont montés au créneau pour défendre le Premier ministre mis en cause par les déclarations du caïd. Le camp gouvernemental, et même le Prime Minister’s Office, se sont sentis obligés de répondre à ces allégations par voie de presse, y compris par le biais d’un communiqué officiel. Ça, c’était soit une grossière erreur de communication politique, soit au contraire une pièce supplémentaire du jeu de théâtre. Déjà, l’Exécutif n’aurait pas dû être impliqué dans une affaire qui implique la personne de Pravind Jugnauth à titre individuel. De plus, un communiqué officiel du PMO pour répondre aux allégations d’un caïd de la drogue incarcéré, cela ne peut que faire de ce dernier un acteur du jeu politique à part entière, un super héros.

Du coup, il était donc devenu nécessaire que Pravind Jugnauth dépose devant la Commission d’enquête contre la drogue. Mais est-ce que cela ne devait pas être à la Commission de prendre l’initiative de le convoquer ? La Commission a cette prérogative. Pourquoi dans les cas de Veeren Peroomal et de Pravind Jugnauth, ne l’a-t-elle pas exercée ?

* L’opposition reste divisée, donc moins redoutable et efficace. En d’autres temps, elle aurait fait une bouffée du Gouvernement après la succession d’affaires impliquant les proches du pouvoir durant ces deux dernières années. On ne sait pas à ce stade comment les choses vont évoluer au niveau de la Commission d’enquête et si cela va faire encore plus mal pour le Gouvernement. Mais il faut aussi garder en tête que même l’affaire des ‘Amsterdam Boys’ en 1985 n’avait pas chassé le gouvernement MSM d’alors du pouvoir… Qu’en pensez-vous ?

L’opposition parlementaire, le temps d’une manifestation, le vendredi 11 août dernier, a réussi à trouver un terrain commun, en l’occurrence pour dénoncer la hausse des prix des carburants. C’est intéressant de constater à ce sujet que des partis politiques se sont approprié un outil de mobilisation qui d’ordinaire est le fait de la société civile. Ceci dit, ils n’ont pas vraiment réussi à mobiliser mieux que la société civile, mais c’est aussi parce que cette revendication sociale était surtout un prétexte pour une revendication très self-serving, à savoir la tenue d’élections générales anticipées.

Outre la hausse des prix des carburants, il y a certes de nombreux autres sujets de mécontentement dans le pays, notamment les différents scandales politico-financiers qui se succèdent sans discontinuer. Mais on sait bien qu’à Maurice, ce n’est pas la rue qui décide de l’avenir du gouvernement. Et, au niveau des sièges au Parlement, il semble que l’opposition ait déjà fait le plein de mécontents, après le passage du PMSD dans l’opposition et la démission de Roshi Badhain.

Quant à parler d’évolution de la situation, moi, je ne veux pas rentrer dans le jeu pervers des pronostics, car j’estime que la politique est un processus qui a son importance et on ne peut pas la réduire à un sport national. Je me contente donc de faire des constats. Je suis d’avis qu’il faut respecter les procédures démocratiques, et déjà il faut attendre effectivement la publication des travaux de la Commission sur la drogue. Si des personnes ou des partis sont incriminés par les conclusions cette dernière, alors il serait de bon ton que ces personnes ou partis, de leur plein gré, démissionnent de leur siège.

* Pensez-vous que la seule solution à la crise actuelle passe nécessairement par des élections anticipées ?

Les élections anticipées, c’est de tout temps le refrain préféré de l’Opposition, comme si des élections allaient changer la face du monde, alors que cela équivaut à remettre à chaque fois les mêmes crabes dans le même bouillon.

Comment la population peut-elle se montrer aussi naïve en reprenant ce refrain qui est un argument très self-serving, utilisé par les partis qui ne veulent qu’une chose, (re)prendre le pouvoir ?

Bien sûr il y a l’espoir que des élections générales apportent du sang neuf en politique. Mais cela, c’est utopique tant qu’on ne réforme pas ce fameux First-Past-The-Post qui oblige les partis à faire des alliances pour obtenir une majorité au Parlement. Prenez l’exemple de Roshi Badhain, c’était bien du sang neuf dans la politique mauricienne, regardez le résultat trois ans plus tard, il a repris les mêmes méthodes que ses prédécesseurs. Pourquoi ? Parce que le jeu politique se joue dans le cadre du système politique avec ses règles formelles et informelles. C’est de la naïveté que de prétendre le contraire.

Donc, non seulement des élections anticipées ne sont pas une solution à la « crise » actuelle, mais en plus je pense que cela ne ferait qu’empirer les choses si c’était pour mettre en place encore une alliance contre-nature entre le parti au pouvoir et un allié déguisé dans l’opposition, comme il semblerait que ce soit à nouveau d’actualité de nos jours avec cette soi-disant rencontre en catimini lors de la fête de l’indépendance de l’Inde…

* On disait, quelques semaines de cela, qu’à un certain moment, Paul Bérenger lui-même semblait frustré du fait que Pravind Jugnauth n’arrivait pas à se débarrasser de tous ceux dont les noms sont cités devant la Commission d’enquête sur la drogue et qu’un ‘Remake MMM-MSM’ devenait compliqué dans ces circonstances. Mais voilà que Pravind Jugnauth aurait rencontré le député Aadil Meea dans un couloir d’une cuisine à l’hôtel Le Méridien, mardi dernier, et que les spéculations sur un éventuel rapprochement MMM-MSM sont relancées. Votre réaction ?

Tout de même, une rencontre en catimini en marge d’une réception officielle alors que la presse est aux aguets, c’est tout de même un drôle de catimini, non ?

C’est un véritable fantasme collectif, ces alliances pré-électorales. C’est à se demander si elles ne sont pas faites dans la tête des gens avant même d’être négociées par les principaux concernés. Ceci dit, c’est le système électoral de First-Past-The-Post qui veut cela. Suivant ce système électoral, c’est mathématique, ce sont les stratèges les plus habiles, qui auront réussi l’alliance la plus fonctionnelle, qui remporteront le scrutin. A partir de là, c’est une évidence que les alliances pré-électorales sont incontournables dans la politique mauricienne, et un gros facteur d’instabilité politique.

Ce ne sont ni les scandales, ni la rue qui peuvent renverser un gouvernement, on le sait très bien. Toute cette agitation politico-médiatique autour de la Commission d’enquête sur la drogue montre que la colère de la population est bien instrumentée par les politiques. Ils contrôlent très bien le degré d’indignation dans le pays, parce que c’est cette indignation qui leur donnera, le moment venu, la pseudo-légitimité pour former une nouvelle alliance et convoquer de nouvelles élections.

Ainsi de tout côté on voit donc que ce sont des logiques pyromanes qui sont à l’œuvre sur la scène politico-médiatique mauricienne. Pour ceux qui les manient, quel capital politique escomptent-ils en tirer ?

 

 

* Published in print edition on 18 August 2017

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