Un projet de loi pour les victimes d’abus sexuels et du trafic humain

Combat contre l’esclavage moderne

By Vina Ballgobin

Vivre comme un esclave ou vivre libre : que choisirions-nous si une de ces enfants-mineures était notre propre fils ou notre propre fille ?

Le crime, la drogue et le trafic humain : ces trois fléaux existent aussi à Maurice. Souvent, quand on parle de trafic humain, on pense aux pays développés et à la Thaïlande. On oublie que nous vivons dans un village global. Le trafic humain concerne le travail forcé et l’exploitation sexuelle des humains sans aucune barrière physique ou morale. C’est l’esclavage moderne. C’est un acte criminel. C’est une injustice envers les enfants-mineurs, garçons ou filles.

“Human trafficking, slavery and exploitation of the weak are as ancient as civilization itself. Since ancient times, affluent people have kept and traded in slaves for physical pleasure, manual labor, and profit. Over four hundred years ago, Africans were seized from their homelands and carried over the Atlantic to be exported to different parts of the world for labor. The same slaves who were used for labor were often exploited to fulfill the sexual desires of their owners and masters. The bloodiest war in the history of the United States was fought in large part to end the ugly practice of exploiting other human beings for profit, personal gain and pleasure. Today, we are once again joined in a war. This time it is marked by battles fought largely in private places against shadowy figures who are illusive and ruthless.” (Walters and Davis 2011)

Il est difficile de connaître le nombre exact d’enfants-mineurs concernés par le trafic humain dans chaque pays au monde mais il est connu que ce milieu criminel recrute des enfants-mineurs des deux sexes qui fuguent du toit familial – un milieu de vie violent — et se retrouvent sans domicile. Aux Etats-Unis, divers rapports indiquent que 80% des enfants fugueurs ont subi des agressions physiques ou sexuelles et plus de 244,000 enfants courent le risque de devenir objet du marché de l’exploitation sexuelle.

“According to a 2008 US Health and Human Services report, trafficking victims share common characteristics that make them vulnerable to traffickers:
– They come from countries or communities with high crime rates, poverty, and corruption.
– They lack opportunities for education.
– They lack family support (e.g. are orphaned, runaway/ thrown-away, homeless, have family members collaborating with traffickers).
– They have histories of physical and/or sexual abuse.”
(Walters and Davis 2011)

L’industrie de la prostitution infantile

Les « trafiquants domestiques » sont à l’affût de l’occasion pour tromper les enfants-mineurs vulnérables et, ainsi, alimenter en esclaves l’industrie de la prostitution infantile.  Dans certains pays, on distingue un autre type de prostitution : la prostitution des adolescents-mineurs ou domestic minor sex trafficking. Les criminels du trafic humain les recueillent, les font vivre dans un monde idyllique pendant un court instant, et finalement, ils abusent de leur confiance. Ensuite, il arrive le moment où les enfants-mineurs sont battus physiquement et torturés mentalement et émotionnellement. Ces jeunes  sont obligés de se prostituer pour vivre, sans aucune issue de sortie, traumatisés et sans soutien financier. L’âge de ces enfants-mineurs varie de 12 à 18 ans. Ils sont les rouages de l’industrie du trafic humain pour l’exploitation sexuelle. Lorsque ces enfants sont victimes d’abus sexuels dans leur propre milieu familial, ils deviennent presque toujours victimes de ce trafic odieux.

“Traffickers are individuals and organizations who trade in human beings as commodities. (…) Often they are part of organized crime groups and are increasingly members of Drug Trafficking Organizations (DTOs). (…) Some traffickers are also part of family operations that exploit both outsiders and members of the extended family and local community (…) Many different kinds of persons engage in human trafficking – independent contractors, pimps, sexual predators, and diplomats as well as neighbors, friends and relatives. Some of these criminals are situational, meaning that they engage in trafficking on a limited or one-time basis, while others are full-time purveyors of humans as commodities. (…) Traffickers target children because of their vulnerability and gullibility, as well as the market demand for young victims. (…) Studies demonstrate that pimps prey on victims as young as 12. Traffickers have been reported targeting their minor victims through the Internet and social networking sites, on telephone chat-lines, in clubs, on the street, through friends, and at shopping malls. They also use fellow students to recruit other girls at schools and after-school programs.” (Walters and Davis 2011)

Le trafic humain est un marché qui ne subit aucune crise. Parmi les consommateurs, on y trouve des touristes qui sont capables de justifier leur acte abominable d’une manière ou d’une autre. Sont-ils croyants ou athées ? La question ne se pose plus à ce niveau de décadence.

“According to the US Department of Justice, some perpetrators rationalize their sexual encounters with children with the idea that they are helping the children to financially better themselves and their families. Paying a child for his or her services allows a tourist to avoid guilt by convincing himself he is helping the child and the child’s family to escape economic hardship. Others try to justify their behavior by reasoning that children in foreign countries are less ‘sexually inhibited’, and through the belief that their destination country does not have the same social taboos against having sex with children. Still other perpetrators are drawn towards child sex while abroad because they enjoy the anonymity that comes with being in a foreign land.” (US Department of Justice Child Exploitation and Obscenity Section. Child sexual trafficking. Available at: http://www.justice.gov/criminal/ceos/sextour.html)

Dans différents pays, les recherches démontrent que la prostitution entraîne des risques pour la santé, notamment  hépatite A, hépatite C, syphilis, HIV, consommation élevé de drogue. Il existe des problèmes respiratoires (bronchite, asthme), des problèmes cardio-vasculaires, anémie, d’autre problèmes tels que ulcère, diabète, rein ou foie défectueux, problèmes neurologiques (convulsions, épilepsie, migraine). Par ailleurs, les enfants-mineures victimes d’abus sexuels souffrent de plusieurs types de problèmes de santé bien répertoriés. La violence perpétrée sur les enfants-mineures donne naissance à un taux élevé de maladies chroniques telles que blessures physiques (à la tête), problèmes gynécologiques, problèmes psychologiques (associés aux événements traumatiques, post-traumatiques et au stress vécus), problèmes dus à une consommation accrue de drogue. Plus de 70% d’entre elles pensent au suicide et plus de 50% tentent de mettre fin à leur vie.

« Childhood sexual abuse (…) is (…) a known correlate of prostitution and poor health outcome” (Mandi et al 2008).

Images stéréotypées

De plus en plus, les pays concernés par ce problème sont en train de créer des lois pour protéger les enfants-mineurs et sensibilisent les populations locales à travers l’éducation communautaire. Toutefois, il existe des freins en termes d’images stéréotypées. Par exemple, on dira que la prostitution d’adolescents concerne les drogués, ceux qui se vendent dans la rue par plaisir et ceux qui acceptent les activités  pornographiques contre de l’argent sonnant et trébuchant. Un peu partout, le conservatisme utilise les mêmes stratégies : on n’accuse pas les criminels qui exploitent sans aucune honte les enfants-mineurs mais on condamne plutôt les enfants-mineurs en créant des malentendus sur les définitions élaborées et les politiques mises en place par les autorités. D’autres, les peureux, préfèrent garder le silence et ne jamais évoquer ce problème. Ce sont les «coum sa mem sa, pas capave fer nanrien.»

Dans certains pays, comme aux Etats-Unis, il y a une certaine transparence dans le combat contre le trafic humain. Certains enfants-mineurs sont sauvés de ce milieu et placés dans des familles d’accueil. Toutefois, les recherches démontrent que ces enfants passent par un processus émotionnel extrêmement complexe. Il faut un temps relativement long avant qu’ils ne s’adaptent à un nouvel environnement et à une nouvelle famille. La famille d’origine, les abus physiques et sexuels subis et vécus, le traumatisme de la séparation et de l’abus de confiance des adultes créent une certaine tension émotionnelle chez l’enfant-mineur. Ce dernier a tendance à en vouloir aux parents adoptifs. Les enfants, séparés de leurs parents, souffrent de dépression la plupart du temps. Ils ne se sentent pas en sécurité ou ils souffrent d’une insécurité chronique. Certaines jeunes filles mineures ont un enfant qu’elles doivent apprendre à élever seules, et ce, dans des conditions précaires. Assumer une  responsabilité aussi lourde a des conséquences sur leur santé : elles n’ont ni le temps ni l’énergie nécessaire pour sortir de leur traumatisme.

“Research tells us that children who are raised in environments with limited adverse experiences are more likely to grow up to be healthy, productive adults than those with negative childhood experiences, such as abuse and neglect. Unfortunately, some children are denied the chance to flourish. The CHILDREN AT RISK documentaries “Domestic Minor Sex Trafficking” and “International Human Trafficking” draw attention to the dire consequences of our failure as a society to ensure that all children are raised with healthy experiences in safe and loving environments. It is our collective responsibility to put policies and services into place to prevent child prostitution from happening in the first place, while also providing treatment and care for the victims of prostitution. (…) While increasing our focus on prevention is of paramount importance, we must also more effectively address how our system responds to the children who are brought into prostitution. Children who enter into prostitution are victims of our society’s failure to nurture them and protect them from harm. (…) Child sexual abuse exploits and degrades children and causes serious damage to their emotional and physical health, putting them at risk for long-term serious health consequences and shortened life expectancies.” (Gavaghan 2011)

Oui, il faut définitivement protéger la vie. Combien de temps encore les enfants-mineures seront-elles les esclaves à mettre au monde de futurs esclaves pour satisfaire les besoins financiers de proxénètes-colons ? Les enfants-mineures sont-elles de la vulgaire marchandise pour alimenter l’industrie de l’exploitation sexuelle ? Ou faudrait-il leur accorder des droits en votant en faveur du projet de loi pour l’avortement dans des conditions spécifiques afin qu’elles y puissent trouver – enfin – un moyen d’échapper à l’esclavage moderne ? Devons-nous leur donner l’occasion de  se reconstruire et de vivre leur enfance ? Vivre comme un esclave ou vivre libre : que choisirions-nous si une de ces enfants-mineures était notre propre fils ou notre propre fille ?

Références

Busch-Armendariz N. B., Nsonwu M.B., Cook Heffron, L., Hernandez M., & Garza J. 2009. Assessing the needs of human trafficking victims: an evaluation of the Central Texas Coalition Against Human Trafficking Phase II. Austin: Texas: The University of Texas at Austin, School of Social Work, Institute on Domestic Violence and Sexual Assault.

Clark M.A. 2003. Trafficking in persons: an issue of human security. Journal of Human Development. 4(2):247

Gavaghan  B. (2011). Prioritizing Healthy Child Development Could Prevent Child Prostitution. Journal of Applied Research on Children: Informing Policy for Children at Risk.   2(1), Article 15.

Giardino, A. P. and Sanborn, R. D. 2011. Human Trafficking: Awareness, Data and Policy, Journal of Applied Research on Children: Informing Policy for Children at Risk. 2(1), Article 2.

Krugman R. D., Leventhal J.M. 2005. Confronting child abuse and neglect and overcoming gaze aversion: the unmet challenge of centuries of medical practice. Child Abuse Negl; 29(4):307-309.

Mandi L. Burnette, PhD; Emma Lucas, MPH, MSW; Mark Ilgen, PhD; Susan M. Frayne, MD, MPH; Julia Mayo, BA; Julie C. Weitlauf, PhD. 2008. Prevalence and Health Correlates of Prostitution Among Patients Entering Treatment for Substance Use Disorders. Arch Gen Psychiatry. 65(3):337-344.

Sciarra D. 1999. Intrafamilial separations in the immigrant family: implications for cross-cultural counseling. Journal of Multicultural Counseling and Development. 27(1):31-41.

Smith L. A., Vardaman S. H., Snow M.A. 2009. The National Report on Domestic Minor Sex Trafficking. Shared Hope International.

Walters J. and Davis P. H. 2011. Human Trafficking, Sex Tourism, and Child Exploitation on the Southern Border. Journal of Applied Research on Children: Informing Policy for Children at Risk 2(1), Article 6.


* Published in print edition on 8 June 2012

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