Abolition de l’esclavage – Des tabous à briser

Éclairages

Par A. Bartleby

Le devoir de mémoire, ritualisé par les commémorations, doit nous encourager à questionner ce que fut le système esclavagiste et sa pertinence dans l’histoire de la constitution du capitalisme à Maurice. Nous avons trop souvent cette tendance à demeurer dans l’incantation des douleurs coloniales historiques sans avoir le courage de réclamer la vérité par rapport aux causes et aux conséquences du colonialisme dans notre présent.

Par exemple, comment questionner l’exclusion actuelle sans en retracer la source dans la division raciale que le colonialisme institua ? Ou encore, comment comprendre les résistances actuelles au pouvoir sans tracer une généalogie des résistances allant du marronnage jusqu’aux luttes ouvrières en passant par la lutte des travailleurs engagés ?

Le principe fondamental du système esclavagiste reposait sur l’invention même de la notion biologique de « race », ce qui donna un fondement à la division raciale. Et la division raciale fut essentielle pour établir la relation dominants/dominés basée sur la différence de couleur – ce que le Code Noir codifia comme la « barrière de couleur ». La barrière de couleur se trouva au fondement même de la justification de la marchandisation de l’homme par l’homme, qui était le principe de l’esclavagisme et du libéralisme mercantiliste.

Le système esclavagiste donna aux administrations coloniales hollandaise et française la force de travail qui leur permit la lente mise en place d’une industrie sucrière à Maurice. À son abolition, le système de l’engagisme vint le remplacer au sortir d’une bataille intense entre l’administration britannique et le lobby de la plantocratie, représenté par Adrien d’Épinay. Mais à quel prix ? Au prix d’une compensation versée par les Britanniques aux propriétaires d’esclaves afin que les esclaves affranchis puissent en bénéficier… Il est ici essentiel de rappeler qu’aucun esclave affranchi ne toucha de compensation à l’époque.

Il y a tout un ensemble de tabous à briser, tout un ensemble de vérités à regarder en face, tout un ensemble de questions à se poser – dans un pays qui confond trop souvent les bourreaux et les victimes — si nous voulons vraiment restaurer la possibilité même de la justice et si nous souhaitons la véritable égalité citoyenne, surtout dans l’accès à l’économie.

Aurons-nous enfin un jour le courage de cette vérité ?

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Nomination de Premod Neerunjun – Un souffle nouveau

La nomination d’un nouveau Cabinet Secretary et chef de la Fonction publique, représente toujours un événement important dans la vie de l’administration publique. La Fonction publique a un nouveau patron, ce qui peut entrainer certains changements dans le style de management du PMO et des autres institutions sous sa tutelle. Un nouveau Cabinet Secretary peut surtout amener un changement dans la relation personnelle et professionnelle avec le Premier ministre.

Il y a d’ailleurs des précédents intéressants au Royaume-Uni, où les Cabinet Secretaries étaient souvent des hommes à la personnalité forte et au caractère bien trempé, qui n’hésitaient pas à s’opposer à un Premier ministre s’il le fallait. Chose que la sitcom « Yes, Prime Minister » met d’ailleurs parfaitement bien en scène en s’amusant de la relation entre le Premier ministre Jim Hacker et Sir Humphrey Apple by, son Cabinet Secretary.

Comme le faisait d’ailleurs remarquer Margaret Thatcher, cette satire comporte une grande part de vérité, et de fameux précédents ont historiquement marqué l’administration britannique. Nous pensons ici, par exemple, à la relation tendue entre Tony Blair et le Cabinet Secretary de l’époque, Sir Robin Butler. Ce dernier s’était régulièrement opposé à Tony Blair lorsqu’il tentait d’empiéter sur les pouvoirs réservés au Cabinet Secretary, et notamment lorsque Tony Blair avait tenté d’octroyer à ses Special Advisors le pouvoir de donner des ordres aux hauts fonctionnaires – chose impensable dans la grande tradition britannique de la séparation des pouvoirs.

La question est donc posée à Premod Neerunjun : sera-t-il un Cabinet Secretary à la Sir Humphrey Apple by ou quelqu’un qui dira tout simplement « Yes, Prime Minister » ?

Dérèglement climatique – La voie à suivre

Il est aujourd’hui indéniable que le climat évolue rapidement à Maurice, et ceci est dû au réchauffement climatique. N’oublions pas que Maurice compte parmi les pays les plus exposés aux risques et aux destructions liés au réchauffement climatique. Il faut rajouter à cela le fait que malgré les ‘flashs floods’, la pluviométrie est en réalité en baisse depuis quelques années ce qui fait que nous sommes exposés à une aridification progressive de nos sols.

Tout simplement, le problème des ‘flashs floods’ et des inondations est intimement lié à celui de la captation, du traitement et de la distribution de l’eau. Il y a également le gros problème de la bétonisation du territoire, un phénomène qui ne se décélère pas. Il est donc impératif de développer une approche holistique au problème de la gestion de l’eau. Nous devons tout aussi bien régler le problème des inondations qui plonge de nombreux Mauriciens dans une situation difficile que trouver d’autres stratégies de captation, de traitement et de distribution de l’eau. Il s’agit de repenser l’aménagement du territoire, les plans d’urbanisation tout autant qu’un plan clairement défini pour la construction de dispositifs de captage et de distribution de l’eau.

De ce fait, il est essentiel que le ministère des infrastructures nationales, la CWA et toutes les institutions concernées puissent travailler de concert afin d’optimiser la captation, réduire les pertes et les fuites, et s’assurer que le système des drains fonctionne convenablement afin d’éviter toute catastrophe à l’avenir. 

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Plans d’urgence – Effacer l’improvisation et le hasard

Un plan de réponses aux urgences clair et précis doit être établi. Chaque scénario doit y figurer – allant des cyclones jusqu’aux accidents industriels en passant par les ‘flashs floods’ etc., – et chaque acteur institutionnel doit connaître précisément son rôle dans chaque contexte. C’est ainsi que la police, les pompiers, la SMF, les hôpitaux, les garde-côtes, les centres sociaux et tous les services urgentistes pertinents pourront être mobilisés de la manière la plus rapide et efficace qui soit.

Ce plan doit s’accompagner d’une formation continue destinée aux différents acteurs, ainsi que des mises en situation pour chaque scénario afin que les diverses institutions engagées dans l’exercice puissent se familiariser avec les protocoles distincts et mieux se coordonner entre elles.

Ce plan doit également être connu de tous les Mauriciens afin qu’ils puissent réagir en conséquence lorsqu’une alerte est émise pour le territoire tout entier ou uniquement pour des régions précises.

 

Ces plans existent dans d’autres pays et fonctionnent de manière très efficace. Par conséquent, il suffit de s’en inspirer et de les adapter à nos spécificités. Lorsqu’il s’agit de la sécurité civile, le gouvernement se doit de ne laisser rien à l’improvisation et au hasard.

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Chars américains et allemands en Ukraine – Un ‘Gamechanger’?

La situation devient de plus en plus complexe, et l’aide des pays occidentaux qui se voulait être une aide pour la défense du territoire ukrainien se transforme petit à petit en une aide qui pourrait permettre à l’armée ukrainienne de conquérir des territoires russes. C’est d’ailleurs pour cela que des commentateurs avisés n’hésitent pas à parler d’engrenage pour décrire la situation dans laquelle se trouvent les pays occidentaux – et notamment les pays de l’Union européenne. Quelle sera la limite en termes d’aide ? Après les chars, verra-t-on la livraison d’avions de combat comme le réclame VolodymyrZelensky ou de sous-marins comme l’a mentionné son vice-ministre des Affaires étrangères, AndriyMelnyk ?

Dans tous les cas de figure, nous allons clairement vers une mondialisation progressive du conflit avec un risque de dérapage qui va continuer à s’accroitre, la ligne extrêmement ambiguë de la question de la cobelligérance devenant de plus en plus difficile à définir.

La stratégie américaine semble en tout cas claire de ce point de vue : plus l’Ukraine aura des aides militaires importantes, plus la Russie pourrait s’affaiblir. C’est d’ailleurs exactement ce que recherchent les Américains, voyant d’un œil très inquiet le glissement progressif de certains pays du Moyen-Orient vers la sphère d’influence russe – ce qui résulte d’un travail diplomatique extrêmement important des Russes depuis plusieurs années. C’est le cas, par exemple, de l’arabie saoudite, partenaire hautement stratégique des Etats-Unis, mais leurs relations se tendent de plus en plus du fait que Mohammed Bin Salman entretient des relations très amicales avec Vladimir Poutine.

Ce qui est sûr, c’est que nous devons rester très vigilants à Maurice. Le moindre petit dérapage pourrait faire exploser le prix des énergies et des matières premières, ce qui aurait des conséquences dramatiques pour le panier de la ménagère mauricienne.


Mauritius Times ePaper Friday 3 February 2023

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