Concert du Père Grégoire : Une célébration spirituelle ou une manœuvre politique ?

Eclairages

Par A. Bartleby

Le concert spirituel organisé par le père Jocelyn Grégoire, président de la Fédération des Créoles Mauriciens (FCM), prévu pour le 29 septembre au stade Sir Gaëtan Duval à Rose-Hill, continue de susciter des controverses. La promotion de l’événement a attiré l’attention en raison de l’utilisation d’un logo représentant un soleil orange, souvent associé au Mouvement socialiste militant (MSM). Cette association a conduit à des accusations de politisation de l’événement, avec des critiques affirmant qu’il pourrait être utilisé pour faire passer un message politique en vue des prochaines élections générales.

Le concert spirituel du 29 septembre représente un test crucial pour le père Grégoire, qui doit éviter que ses intentions soient interprétées comme étant politiques. – Le Défi

En réponse à ces critiques, le père Jocelyn Grégoire a fermement nié toute intention politique liée au concert. « Le concert est en train d’être associé à un événement politique quand tel n’est pas le cas », a-t-il déclaré au quotidien « Le Défi » en début de semaine. Selon lui, l’objectif principal de cet événement est de renforcer la foi et de rassembler les fidèles autour de chants et de prières, loin de toute connotation politique.

Le concert spirituel s’inscrit dans une série de réunions de quartier organisées à travers le pays pour mobiliser le plus grand nombre de personnes. Ces efforts de mobilisation incluent la participation des membres du groupe ZeziVreZom (ZVZ), soulignant l’engagement communautaire autour de cet événement.

Les divergences d’opinion entre le père Jocelyn Grégoire et le père Jean-Claude Véder, notamment sur l’utilisation du logo et de la couleur orange, ont également été évoquées. « Le Défi » nous rappelle que dans une interview publiée le 25 août dans « Le Dimanche/L’Hebdo », le père Véder a exprimé des réserves sur ce choix, le jugeant « regrettable » dans le contexte politique actuel.

Le concert, prévu dans un contexte électoral particulièrement sensible, est perçu par certains comme une opportunité pour le père Jocelyn Grégoire de montrer son soutien au gouvernement et au MSM. La présence attendue de plusieurs élus, dont les députés Sandra Mayotte, Joanne Tour et Gilbert Bablee, ainsi que des figures politiques émergentes comme Lindsay Morvan et Didier Moutou, renforce cette perception.

Par le passé, le père Jocelyn Grégoire a été critiqué pour ses actions perçues comme politiques. En 2021, il avait invité le public à applaudir le Premier ministre Pravind Jugnauth lors d’une cérémonie officielle, ce qui avait provoqué une vague de critiques de la part du diocèse de Port-Louis.

Actuellement, l’évêché de Port-Louis reste discret sur la polémique entourant le concert. Il a été suggéré que le père Grégoire devra expliquer la portée du concert spirituel, et qu’un communiqué sera émis à cet effet.

La religion et la politique

L’implication des religieux dans la politique est un sujet délicat qui suscite souvent des débats. Dans de nombreux pays, les institutions religieuses ont été appelées à maintenir une séparation claire entre leurs missions spirituelles et les affaires politiques. Le rôle des prêtres et autres leaders religieux devrait se concentrer sur l’édification spirituelle et le soutien moral des communautés, sans interférer dans les dynamiques politiques qui peuvent compromettre leur neutralité.

L’expérience internationale montre que si des figures religieuses s’engagent dans des activités politiques, cela peut entraîner une perte de confiance et une polarisation des opinions. Par exemple, aux États-Unis, le rôle des pasteurs dans les mouvements politiques a souvent été sujet à controverse. Le soutien ou l’opposition de figures religieuses à des partis ou à des candidats spécifiques peut influencer les perceptions du public et déstabiliser la mission spirituelle des institutions.

En Amérique Latine, des figures comme le père Ernesto Cardenal ont joué un rôle actif dans des mouvements politiques, ce qui a suscité à la fois admiration et critiques. L’implication politique des religieux doit être gérée avec prudence pour éviter les accusations de manipulation ou de favoritisme, qui peuvent miner l’autorité spirituelle et éthique de ces leaders.

Le cas du père Jocelyn Grégoire rappelle l’importance de maintenir une distinction nette entre le domaine religieux et les activités politiques. Si le père Grégoire souhaite préserver l’intégrité spirituelle de ses initiatives, il devra veiller à ce que ses actions ne soient pas perçues comme des instruments de soutien politique. La transparence et la clarté dans ses communications et ses choix de symboles peuvent aider à apaiser les tensions et à garantir que ces événements restent axés sur leurs objectifs spirituels.

Le concert spirituel du 29 septembre constitue donc un test important pour le père Grégoire. Il devra naviguer avec soin pour éviter que ses bonnes intentions ne soient perçues comme des manœuvres politiques, et maintenir l’accent sur la mission religieuse qui sous-tend son événement.

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Inde : La cote de Modi passe sous la barre des 50 % pour la première fois

La dernière enquête “Mood of the Nation” (MOTN), publiée par « India Today », révèle des tendances politiques intéressantes en Inde après les résultats des élections générales du 4 juin. Le Bharatiya Janata Party (BJP), bien que toujours en tête de la National Democratic Alliance (NDA), se retrouve réduit à une minorité au Lok Sabha.

Le sondage CATI, réalisé auprès de 136 463 personnes, a interviewé 40 591 répondants entre le 15 juillet et le 10 août 2024, et 95 872 au cours des 24 dernières semaines. Pour la première fois, la cote de Narendra Modi en tant que potentiel Premier ministre est tombée sous les 50 %, atteignant 49 %. Les chiffres pour Rahul Gandhi ont augmenté par rapport au sondage précédent, atteignant 22 %. La proportion de ceux qui considèrent Modi comme « exceptionnel » a chuté de 7,3 % par rapport au précédent sondage, selon « The Wire ».

À la question de savoir si le gouvernement BJP abuse des agences d’application de la loi telles que l’ED, la CBI et le département des impôts, 46 % des répondants ont exprimé leur accord, contre seulement 38 % estimant que tous les gouvernements agissent ainsi. Le pourcentage de personnes convaincues du mauvais usage des agences par le gouvernement a augmenté de 43 % l’an dernier à 46 % cette fois-ci.

Le politologue et activiste Yogendra Yadav a qualifié cette enquête de « regard précieux sur l’humeur post-électorale de la nation ». Yadav souligne que les facteurs économiques sont les plus grands ‘points de douleur’:« Bien que l’inflation soit en baisse, les gens ont du mal à gérer les dépenses domestiques. Le chômage est une préoccupation suprême. Les gens ne croient pas aux revendications du gouvernement en matière d’emploi. »

De manière significative, comme le rapportait « The Wire » précédemment, les sondages MOTN de février avaient montré que 52 % des personnes interrogées pensaient que les politiques économiques en place étaient favorables aux grandes entreprises. Ce pourcentage a considérablement augmenté, atteignant 58 %.

La stature du leader de l’opposition, Rahul Gandhi, a bénéficié d’un coup de pouce, 51 % des personnes interrogées jugeant sa performance en tant que Leader de l’Opposition comme exceptionnelle ou bonne. Près d’un quart (24 %) considère sa performance comme exceptionnelle. La session budgétaire du parlement a vu Gandhi en mode attaque, mettant le BJP et ses dirigeants de haut niveau sur la défensive.

En comparaison avec les autres leaders de l’opposition, Gandhi se distingue nettement et semble émerger comme le leader parmi tous les leaders de l’opposition. Sa cote a grimpé à 32 % contre 21 %, il y a seulement six mois. Akhilesh Yadav, avec 8 %, se classe comme un second lointain, bien que sa cote ait également augmenté par rapport à 4 % en février.

Rahul Gandhi est vu comme le principal prétendant au poste de Premier ministre après Modi, avec 29 % de soutien. Le ministre de l’Intérieur et numéro deux efficace dans la NDA, Amit Shah, se classe au deuxième rang avec 20 %, presque à égalité avec Adityanath à 19 %. Nitin Gadkari suit avec 13 %.

Concernant le recensement des castes, l’approbation de cette idée a fait un bond spectaculaire, atteignant 74 %, contre 59 % en février 2024.

Le soutien à une demande clé des agriculteurs en grève, qui a conduit le gouvernement Modi à revenir sur les lois agricoles impopulaires en 2021, est également élevé ; 74 % des Indiens souhaitent que les agriculteurs obtiennent un prix de soutien minimum pour leurs cultures en tant que droit légal. Cette idée, que l’opposition pousse de manière constante, est restée en suspens depuis avant les élections de 2019, le gouvernement dirigé par le BJP hésitant à y répondre.

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Telegram et Pavel Durov : Une arrestation avec des implications géopolitiques ?

L’arrestation récente de Pavel Durov, créateur et dirigeant de « Telegram », samedi dernier, a captivé l’attention des médias internationaux, soulevant des questions sur les véritables motivations derrière cette décision. Accusé de ne pas coopérer avec les autorités françaises dans des enquêtes sur des activités criminelles telles que le trafic de drogue, l’escroquerie, et la pédocriminalité, pour lesquelles « Telegram » aurait été utilisé comme plateforme de communication, Durov se retrouve au cœur d’une affaire qui semble dépasser le simple cadre judiciaire pour toucher à des enjeux géopolitiques majeurs.

Une longue histoire de non-collaboration avec les autorités

Pavel Durov n’est pas étranger aux conflits avec les autorités. Avant de créer « Telegram », il a fondé en 2006 « VKontakte », un réseau social russe. Pendant les manifestations massives en Russie en 2011-2012, Durov a refusé de céder aux pressions de fermer les comptes de figures de l’opposition comme Alexeï Navalny. Son refus de coopérer avec le FSB (les services de sécurité russes) pour fournir des informations sur les membres de groupes pro-Maïdan a conduit à des tensions croissantes avec les autorités russes. Après avoir été évincé de « VKontakte », Durov quitte la Russie en 2014, affirmant son opposition aux pressions politiques.

En 2018, Durov se voit confronté à une nouvelle demande de la part de Roskomnadzor, l’agence de régulation des communications russe, qui exigeait des clés de déchiffrement de « Telegram ». Son refus a entraîné le blocage de la messagerie en Russie, un acte qui n’a pas été entièrement mis en œuvre, mais a boosté la réputation de « Telegram » comme une plateforme résistante aux régulations russes.

Malgré une certaine détente des relations entre « Telegram » et le Kremlin depuis 2018, des doutes subsistent sur l’influence de « Telegram » dans le contexte géopolitique actuel. Le réseau est largement utilisé par des a(correspondants militaires) et des groupes paramilitaires russes, y compris le groupe Wagner, pour diffuser des contenus sur l’invasion de l’Ukraine. « Telegram » joue ainsi un arôle crucial dans la propagande russe, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Russie.

En été 2024, Vladimir Poutine a signé une série de lois imposant aux administrateurs de chaînes « Telegram » de plus de 10 000 abonnés de communiquer leurs données à Roskomnadzor. Ces lois visent à renforcer le contrôle de l’État russe sur la plateforme, bien que Durov ne se soit pas opposé publiquement à ces mesures.

Les liens financiers de « Telegram » et les suspicions de connivence avec le Kremlin

« Telegram » a longtemps été déficitaire et ses opérations ont été soutenues par les fonds personnels de Durov. En 2021, « Telegram » a commencé à afficher des publicités, y compris pour des cryptomonnaies, et a levé 2,5 milliards de dollars pour lancer une cryptomonnaie et rembourser ses dettes. Certains investisseurs russes notables, tels que Roman Abramovitch et Mikhaïl Fridman, ont également investi dans « Telegram », alimentant les spéculations sur des connexions avec le Kremlin.

« Telegram » est connu pour son chiffrement de bout en bout « (End-to-End – E2E) », censé garantir la sécurité des communications. Cependant, des révélations ont suggéré que des aperçus de liens transmis dans les chats secrets pouvaient être stockés sur les serveurs de « Telegram », ce qui soulève des questions sur la confidentialité réelle des messages.

L’arrestation de Pavel Durov, bien qu’elle semble motivée par des questions juridiques liées à la coopération avec les enquêtes criminelles, s’inscrit également dans un contexte géopolitique complexe. Durov est au cœur d’enjeux stratégiques qui vont bien au-delà de la simple gestion d’une plateforme de messagerie.

Cette affaire met en lumière les tensions entre la France, la Russie et les intérêts de « Telegram », tout en soulignant la complexité croissante des relations internationales dans le cyberespace.

Selon Christine Dugoin-Clément,analyste en géopolitique, membre associée au Laboratoire de Recherche IAE Paris, ‘Telegram est un acteur majeur de la sphère informationnelle en général, y compris de la sphère informationnelle russe. À ce titre, la plate-forme est aujourd’hui un acteur de premier plan maîtrisant un nœud stratégique du cyberespace russe. L’arrestation de Durov permettra (et permet déjà) à la Russie, mais aussi à des représentants des courants radicaux européens et américains, notamment de droite, de s’offusquer et d’invoquer la liberté d’expression bafouée par les Occidentaux et par la France en particulier. Cet argumentaire omettra de prendre en considération que les raisons de l’arrestation sont directement liées à la non-coopération de « Telegram » dans le cadre d’enquêtes portant sur des activités criminelles, et passera sous silence les nombreuses lois visant à maîtriser la sphère informationnelle russe, particulièrement renforcées depuis l’invasion de l’Ukraine.’

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L’impasse politique en France : Macron rejette la candidature de la Nouvelle Union Populaire

Le président français Emmanuel Macron refuse de nommer un nouveau Premier ministre et un gouvernement dirigé par la coalition progressiste de la Nouvelle Union Populaire (NUP), lançant une nouvelle série de pourparlers alors que la France reste bloquée politiquement.

La NUP, qui regroupe la France Insoumise, les Socialistes et les Verts, a remporté le plus grand nombre de sièges mais sans majorité absolue. Le refus de Macron de nommer Lucie Castets, candidate de la NUP, est perçu par cette coalition comme un déni de démocratie. La NUP exige la nomination d’un Premier ministre de gauche, soulignant son rôle de plus grand groupe parlementaire.

Réactions de la gauche et de l’opposition

Les dirigeants de gauche ont vivement réagi, accusant Macron de mettre en danger la démocratie française et de nier les résultats électoraux. Les Socialistes et les Verts ont refusé de rencontrer le président pour une nouvelle série de pourparlers mardi. La France Insoumise, dont les leaders n’ont pas été invités au palais de l’Élysée, appelle à des manifestations massives contre Macron, le jugeant responsable d’une “situation exceptionnellement grave”.

Marine Tondelier, la leader des Verts, a déclaré dans une interview à « France Info » : “Comment est-il possible que nous en soyons arrivés à un tel déni de démocratie ? Nous sommes en train de nous faire voler cette élection.” Elle a ajouté que la Nouvelle Union Populaire rejetterait tout gouvernement qui ne serait pas de gauche.

François Ruffin, un député de la France Insoumise, a posté sur X que “le peuple doit enlever Macron au nom de la démocratie”, ajoutant que “le chaos et l’instabilité sont de sa faute”.

En revanche, Pierre Jouvet, secrétaire général du Parti Socialiste, a indiqué que ses partisans ne prévoyaient pas de participer aux manifestations et a laissé entendre qu’ils étaient ouverts à de nouvelles discussions avec le président. “Nous ne demandons pas encore aux gens de descendre dans la rue,” a-t-il déclaré à « France Info ». “L’urgence est dans le débat, dans la discussion politique, même si la décision d’Emmanuel Macron nous inquiète profondément.”

Une situation politique sans précédent

Il n’existe pas de règle imposant à Macron de nommer un candidat du parti ayant remporté le plus de sièges, ni de délai pour prendre une décision. L’absence de bloc politique dominant est sans précédent dans l’histoire politique récente de la France.

Le bureau de Macron a déclaré la semaine dernière qu’il nommerait un Premier ministre basé sur les consultations commencées vendredi, visant à “aller vers la majorité la plus large et la plus stable possible”. Les politiciens du centre, de la droite et de l’extrême droite ont suggéré qu’ils tenteraient de faire tomber tout gouvernement incluant des membres de la France Insoumise.

Macron semble plus enclin à rechercher une coalition pouvant inclure des politiciens de centre-gauche jusqu’à la droite traditionnelle. Parmi les noms qui circulent dans les médias français comme candidats potentiels au poste de Premier ministre figurent Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre, et Xavier Bertrand, un ancien ministre considéré comme relativement modéré au sein de la droite française. Le politicien conservateur Michel Barnier, négociateur en chef de l’UE pour les discussions post-Brexit, est également considéré comme un candidat potentiel.

Le président français a déclaré le mois dernier qu’il garderait le gouvernement centriste sortant dans un rôle purement intérimaire pour “gérer les affaires courantes”, notamment pendant les Jeux Olympiques de Paris, qui se sont terminés le 11 août.


Mauritius Times ePaper Friday 30 August 2024

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