Est-ce que notre Tourisme a un guide ?
|Ce qui compte vraiment…
Premièrement
Par KRJ Yash
Faut-il consolider l’image de Maurice et accroître sa visibilité sur le continent européen ? Pourquoi utiliser les fonds publics pour investir dans un marché qui a déjà atteint sa maturité ? Ne vaut-il pas mieux concentrer toutes les ressources disponibles pour aller à la conquête des « marchés émergents » ? Faut-il dépenser l’argent des contribuables pour tenter de fidéliser des touristes ? Avant de fidéliser qui que ce soit, il convient d’analyser et de segmenter les touristes en fonction de ce que l’île Maurice représente pour eux. Un certain pourcentage de nos touristes sont des « repeaters », ils reviennent année après année dans le même hôtel, pour la même durée, pendant la même période.
Si ces messieurs du ministère du Tourisme, de la MTPA et du Tourism Economic Unit prennent la peine de quitter le confort de leurs sofas et chaises longues pour s’installer un peu plus bas sur les plages, ils se rendront compte qu’un nombre croissant de nos touristes sont des habitués et connaissent les bons coins mieux que les locaux.
Une autre proportion de nos touristes sont des « honeymooners », ceux-là viennent une fois après leur mariage, et ensuite, ils reviennent des années après avec la famille. Mais la grande majorité de nos touristes sont des familles avec ou sans enfants qui prennent leurs 8/10 jours de vacances en fonction de la destination qui leur est recommandée par des amis. Si ces « amis de Maurice » leur font une bonne publicité, les milliers de kilomètres n’impressionnent plus. Cette clientèle s’accroche par « un bouche à oreille » efficace et surtout une bonne expérience du produit Ile Maurice.
Il est aussi important de considérer les destinations qui concurrencent Maurice en Europe. Le voyageur a la possibilité de partir à la montagne, en exploration, en pèlerinage, ou dans les îles. Il convient de distinguer le tourisme culturel du tourisme-détente, tourisme-loisir, tourisme-shopping. Quand un Européen veut partir en voyage, il choisit entre les pays qu’il veut visiter et ensuite les destinations où il se sentira bien, mais ce qui compte le plus, en période de crise, c’est son budget.
C’est bien d’essayer de changer l’emballage du produit Maurice de temps en temps pour essayer d’attirer les nouveaux consommateurs, mais dans le cas de notre destination je considère que le ministère du Tourisme/MTPA perd inutilement de l’argent en se focalisant sur un marché européen où tous les acteurs du tourisme sont bien installés et bien connectés. Les grands groupes hôteliers de même que la compagnie aérienne nationale ont des bureaux dans ces pays européens et peuvent faire tout le marketing qu’il faut pour remplir les lits des hôtels et les sièges des avions. Est-il juste de prendre l’argent des contribuables pour financer le plan marketing et la promotion des hôtels et des compagnies aériennes ? Combien de taxes ou d’impôts reversent-ils à l’Etat quand on connaît la propension de certains à s’endetter artificiellement pour ne pas déclarer des profits ?
Le touriste européen d’aujourd’hui choisit sa destination en surfant sur le net. Il finalise son choix en parcourant la liste des prix (vols, hébergement) en temps réel et en lisant les forums où les voyageurs partagent leur expérience du produit. L’Européen ne se déplace plus vers une agence de voyage : il achète son billet directement sur le net. En revanche, les touristes chinois, l’Indien ou l’Européen de l’Est préfèrent passer par un voyagiste pour être sûr que tout se passe bien, d’où la nécessité de faire découvrir Maurice aux voyagistes de ces pays. Investir pour conquérir est plus important qu’investir pour consolider un marché qui est arrivé à maturité.
Je croyais que le ministre des Finances voulait en finir avec cet « euro-centrisme » excessif. Si Pravind Jugnauth veut rendre l’économie résiliente, cela passe par la diversification de nos sources de revenus afin d’éviter que la difficulté passagère d’une monnaie nous force à solliciter une fois de plus les contribuables. On dirait que la MTPA et Nando Bhoda ne veulent pas comprendre qu’il faut aller du côté de la Chine, de l’Inde et de l’Europe de l’Est et oublier l’Europe où nous sommes trop confortablement installés.
Je comprends très bien qu’ils soient un peu effrayés par ces nouvelles opportunités mais si la MTPA et le Tourism Economic Intelligence Unit n’ont plus l’énergie nécessaire ou la vision, alors pourquoi ne pas créer une MTPA nouvelle version afin de donner ce souffle nouveau, si nécessaire à l’économie de notre pays ?
Après « Mauritius, c’est un plaisir » voilà que l’on continue avec les slogans creux tels que « Divine Maurice », « Mysterious Mauritius », «Mauritius is heaven », comme si un slogan pourrait influencer un touriste et l’amener à préférer l’île Maurice aux Seychelles ou la Martinique à la Réunion. Il est grand temps de « think outside the box ».
Deuxièmement
« Accaparement de l’appareil de l’état… »
La perception d’accaparement de l’appareil de l’état par un des partenaires de l’Alliance PTr-MSM-PMSD pose un problème pour la gestion au quotidien. Il est important que cette perception ne s’installe pas de manière durable car elle est source de tensions inutiles qu’alimentent les « metteurs choulas » qui attendent toujours « leur boutte ». Cependant il faut combattre cette perception par des moyens un peu plus sérieux que des conférences de presse à trois et surtout démontrer qu’elle est fausse. N’est-ce pas ?
Troisièmement
Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir
Non, je ne parle pas d’un avocat-maire qui, semble-t-il, paye aveuglément son confrère pour un éclairage juridique, mais plutôt du travail accompli par la Tourism Authority. Il y a peut-être eu des abus, mais il convient de souligner que, vêtus de leur polo vert pomme, ils redonnaient la pêche dans les endroits où ils travaillaient. Cette équipe a abattu un travail visible et concret. J’espère qu’en ne renouvelant pas les contrats des 80 travailleurs de la section « cleaning » de la Tourism Authority, le ministre sait exactement ce qu’il faut faire pour que les travaux d’embellissement se poursuivent.
* Published in print edition on 27 August 2010
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