La Croisette : L’incident tragique qui expose les défaillances de sécurité dans les malls

Eclairages

Par A. Bartleby

Une jeune femme de 21 ans a été victime d’un horrible accident à La Croisette cette semaine. En effet, la jambe de la jeune Fatimah a été prise dans un escalator défaillant alors qu’elle se trouvait dessus. Sa jambe a été engloutie par l’escalator et a été broyée. Il a fallu aux secours plusieurs heures pour pouvoir la dégager, et elle a dû être amputée de sa jambe dont la cheville était complètement broyée.

Il y a là un travail à faire en concert entre les responsables des malls et les responsables politiques afin que ces espaces deviennent des lieux mieux sécurisés. P – mopays.moris

Cet accident n’a pas manqué de susciter l’émoi des Mauriciens. La nature même de l’accident, d’une rare violence, et la manière dont cela s’est produit n’ont pas manqué de choquer. Un grand élan de solidarité s’est tout de suite mis en place, et plusieurs membres du nouveau gouvernement n’ont pas manqué de marquer leur présence et de témoigner leur solidarité de manière très publique. Le nouveau gouvernement a agi avec rapidité pour trouver une solution afin que Fatimah puisse bénéficier de traitements adéquats, et cette dernière a pu être envoyée dans un centre spécialisé dans la chirurgie reconstructive en Inde.

Certains cyniques observeront que le gouvernement a saisi l’occasion de mettre en avant son action et de tirer parti de cette situation sur le plan politique. D’ailleurs, nous avons été témoins d’un Premier ministre délaissant son bureau afin de s’afficher au chevet de la jeune Fatimah, son épouse enlaçant même la mère de cette dernière pour une image qui fera date.

Mais cet accident pose de sérieuses questions sur la sécurité dans les espaces publics et les malls. Nous voyons depuis deux décennies se multiplier les malls, qui sont devenus tout autant des lieux de shopping et de divertissements que des espaces de loisirs pour les Mauriciens qui ne peuvent pas se permettre le luxe des weekends getaways dans les hôtels. Et La Croisette ne fait pas exception à cela. Il s’agit même d’un mall précurseur dans ce domaine, car le management a su allier la partie utilitaire du shopping avec un hypermarché, un foodcourt, des restaurants, un cinéma et une multiplicité d’activités divertissantes comme des concerts, des activités ludiques et des festivals de cuisines du monde et d’artisanat.

La Croisette était ainsi devenue un lieu de vie important pour les habitants du nord. Mais à parler à certaines personnes qui y travaillent, ce lieu devenait également délabré. Les escalators et les ascenseurs étaient constamment en panne selon certains dires, et les équipements du mall avaient mal vieilli. Certains disent même qu’il était grand temps pour une grande rénovation. Nous laissons ce jugement à ceux qui s’y connaissent, mais il est certain que la réputation du mall a pris un sérieux coup, et ce ne sera pas simple de reconstruire sans que le management du mall ne donne des garanties sur le sérieux de leur démarche.

Il y aura bien évidemment les enquêtes qui devront déterminer les torts et les responsabilités s’ils existent. Et nous devons reconnaître que ces enquêtes et les procédures légales qui pourraient en découler prendront du temps. Mais au final, il serait judicieux que ce drame mène à une réflexion plus approfondie sur la sécurité dans les malls et dans les lieux publics.

Il y a là un travail à faire en concert entre les responsables des malls et les responsables politiques afin que ces espaces, qui ne désemplissent jamais de monde, deviennent des lieux mieux sécurisés. Espérons donc que les différents acteurs impliqués prennent leur responsabilité et viennent de l’avant avec des solutions concrètes afin que ce qui est arrivé à Fatimah ne se produise plus.

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Le PM forme son équipe au PMO

Navin Ramgoolam n’a pas tardé à constituer son équipe de conseillers et de nominés autour de lui. Après avoir fait l’annonce que Rama Sithanen serait le nouveau gouverneur de la BOM et que le ministère des Finances serait sous la responsabilité du PMO, avec Dhaneshwar Damry en Junior Minister, il est maintenant pressenti que Gilbert Gnany (l’ex Chief Economic Strategist de la MCB) soit nommé au poste de Senior Economic Advisor du PMO.

Il y a plusieurs choses à dire sur ces nominations.

Tout d’abord, politiquement, nombreux étaient ceux qui attendaient de voir qui occuperait le ministère des Finances afin d’avoir une meilleure visibilité sur la ligne de succession qui se mettrait en place au sein du PTr. Il n’est un secret pour personne que les deux personnes positionnées pour succéder à Navin Ramgoolam sont Ritesh Ramphul et Dhaneshwar Damry. Ils ont tous les deux le profil requis mais divergent sur plusieurs plans. Ritesh Ramphul est un travailliste pur-sang, issu d’une famille historiquement proche du PTr et marié à la fille de Kailash Purryag.

Danesh Damry est, lui, une recrue récente du PTr. Il a su se rapprocher de Navin Ramgoolam en s’affichant même comme son poulain, comme l’a démontré le fait que Damry avait accompagné Navin Ramgoolam en Inde lors de son déplacement médical.

Beaucoup attendaient de voir comment NCR allait jongler les portefeuilles ministériels pour envoyer les signaux requis. Le fait que Ritesh Ramphul soit dépêché aux affaires étrangères et Damry soit au PMO, sous l’aile de NCR, dit absolument tout ce qu’il faut savoir des plans de Navin Ramgoolam pour l’avenir du PTr. Mais le fait que NCR ait choisi d’avoir la main mise sur le ministère des Finances et de faire de Damry “seulement” un Junior Minister veut également dire beaucoup.

En tout cas, cette configuration semble révéler les intentions stratégiques probables de Navin Ramgoolam, qui semble mettre en place une ligne de succession claire tout en consolidant son pouvoir au sein du gouvernement. Il sera intéressant de suivre l’évolution de cette dynamique, car elle pourrait avoir des répercussions importantes sur l’avenir du Parti Travailliste, sur la transition politique qui pourrait se dessiner dans les années à venir, ainsi que sur la manière dont le gouvernement abordera les défis économiques qui se profilent.

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L’Europe se prépare à une Troisième Guerre mondiale

Alors que la Grande-Bretagne annonce une révision de ses dépenses de défense, une grande partie de l’Europe s’active à se préparer à un acte de guerre qui nécessiterait une réponse de l’OTAN. Dans ce contexte, l’expert en défense Francis Tusa explique ce qui est en train d’être planifié.

À plus de 1 500 km de Londres, une activité frénétique se déploie dans les campagnes de la Pologne, de la Finlande et des États baltes : bulldozers et pelleteuses construisent des défenses de terrain. Fossés anti-chars, pièges à tanks et casemates sont en construction. Dans ces pays, la pose de champs de mines – y compris controversés champs de mines antipersonnel – est même activement envisagée.

La Pologne investit au moins 2,5 milliards d’euros dans son système de défense des frontières, y compris la construction d’un “dôme de fer” similaire à celui d’Israël, destiné à protéger sa frontière orientale d’une menace croissante en provenance de la Russie.

Lors d’une réunion avec les dirigeants européens en mai, le Premier ministre polonais Donald Tusk a affirmé : « Créer un dôme de fer contre les missiles et les drones est nécessaire… Il n’y a aucune raison que l’Europe n’ait pas son propre bouclier antimissile », confirmant ainsi que les travaux sur ce projet avaient débuté. Il a ajouté qu’il ne fallait pas beaucoup d’imagination pour comprendre que l’Europe, tout comme Israël, se trouve également en zone de danger.

Le projet de défense de la Pologne inclut des obstacles physiques anti-chars, des bunkers et des technologies anti-drones alimentées par l’intelligence artificielle pour créer des systèmes de détection précoce et de surveillance. Cela pourrait bien être l’investissement en matière de sécurité nationale le plus significatif dans l’histoire post-guerre du pays, propulsant la Pologne en tant que leader de la défense européenne.

Aujourd’hui, la Pologne dépense 37 milliards d’euros pour la défense, soit 4,7 % de son PIB, avec des augmentations supplémentaires en discussion. Pendant ce temps, en réponse aux tactiques de guerre hybride sur plusieurs fronts baltes, les États baltes investissent des centaines de millions d’euros pour renforcer leurs lignes de défense, avec un autre projet majeur prévu pour 2025, et piloté par les membres de l’OTAN que sont l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie.

L’accélération de la production militaire en Europe du Nord

À travers une grande partie de l’Europe du Nord, plus d’un milliard d’euros est investi – à grande vitesse – dans la construction de nouvelles usines de munitions, notamment pour les obus d’artillerie de 155 mm, que l’Ukraine tire à un rythme jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale.

Les États à travers l’Europe du Nord s’accordent sur un point : si l’Ukraine perd sa lutte contre la Russie, cette dernière pourrait être encouragée à prendre des mesures militaires contre les États baltes, la Finlande, voire la Pologne.

La majorité des experts conviennent que ce scénario pourrait se réaliser dans un délai de trois à cinq ans. En termes de planification de défense, cela revient à dire que cet événement pourrait survenir demain. Même à grande vitesse, il faut 28 à 30 mois pour commander et livrer un avion de chasse, 18 à 24 mois pour un char, et 30 mois pour une frégate.

Plus loin des actions immédiates de l’Europe de l’Ouest, les budgets de défense sont également en hausse. Les dépenses militaires de la France ont augmenté depuis huit ans et devraient dépasser celles du Royaume-Uni sur une base comparable d’ici 2027. Les Pays-Bas ont inversé des décennies de réductions de défense il y a deux ans et prévoient de doubler leur budget dans les cinq prochaines années. La Suède, la Norvège et le Danemark augmentent également leurs dépenses de défense, souvent avec des hausses à deux chiffres d’année en année.

Le géant de la défense européen a également émergé : l’Allemagne, parmi les premiers à réduire considérablement ses dépenses militaires après la guerre froide, a augmenté son budget militaire de deux tiers depuis l’invasion de la Crimée par la Russie en 2014.

Ce qui est crucial, c’est que l’invasion de l’Ukraine en 2022 a marqué un véritable tournant pour Berlin, avec le chancelier Olaf Scholz promettant un investissement immédiat de 100 milliards d’euros pour combler les lacunes en matière de munitions et d’équipements.

L’OTAN en ligne de mire

Pour ces pays d’Europe de l’Est, la défense n’est pas considérée comme une « option » mais comme une nécessité absolue. Les dépenses de défense ont doublé, voire triplé, dans ces pays au cours des cinq dernières années. Pourquoi alors le Royaume-Uni semble-t-il désormais moins être un leader européen et plus un retardataire ?

Une des raisons clés réside dans ce que l’on pourrait appeler le « duvet de 1 700 km ». Pour atteindre le Royaume-Uni, la Russie devrait d’abord traverser les États baltes et la Finlande, franchir la mer Baltique, affronter l’Allemagne, la Suède, le Danemark et la Norvège, puis naviguer en mer du Nord.

Quand on interrogeait l’ex-secrétaire à la Défense, Grant Shapps, sur la menace d’attaque par missile sur le Royaume-Uni, il a remarqué que les alliés de l’OTAN s’occuperaient de telles menaces étant donné qu’ils se trouvent entre le Royaume-Uni et la Russie, suggérant qu’il croyait lui aussi en ce « duvet de 1 700 km », sous lequel le Royaume-Uni continue de se lover.

Cependant, la menace se rapproche. Cette semaine, des incidents impliquant des câbles sous-marins endommagés en mer Baltique ont ravivé les craintes de sabotage russe. Des complots russes visant à placer des dispositifs incendiaires sur des avions de transport en Europe ont été évoqués, tandis que des responsables occidentaux suspectent la Russie d’être responsable des incendies dans des centres logistiques en Grande-Bretagne et en Allemagnecet été.

Il est donc de plus en plus probable que le Royaume-Uni devienne vulnérable à ces menaces modernes. Le chef d’état-major de la défense, l’amiral Sir Tony Radakin, l’a admis récemment lors d’une conférence à Berlin, où il a souligné la nécessité de suivre l’exemple des pays nordiques et baltes pour renforcer à la fois la défense et la préparation civile face à la guerre.

En dépit des discours audacieux, la Royal Navy ne peut déployer un groupe porte-avions sans compter sur des navires et avions alliés. L’Armée ne peut déployer une division complète de 15 000 soldats à partir de ses 70 000 militaires et manque de munitions pour combattre plus d’un mois. La RAF ne dispose que d’une vingtaine de Typhoons prêts au combat parmi une flotte de plus de 100.

Le principe de l’OTAN, selon lequel « une attaque contre un est une attaque contre tous », obligera le Royaume-Uni à se rendre sur le terrain des combats – une situation pour laquelle il est tristement mal préparé par rapport à ses voisins européens.


Mauritius Times ePaper Friday 29 November 2024

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