Le choix stratégique de ReA accentue la bipolarisation politique

Analyse

Elections et alliances

Par Aditya Narayan

L’échiquier politique a connu un développement important la semaine dernière avec la formation de l’Alliance du Changement, qui rassemble trois partis d’opposition parlementaire (Parti travailliste, MMM et Nouveaux Démocrates) et un parti extra parlementaire (Rezistans ek Alternativ – ReA). Par conséquent, le pays s’achemine vers une bataille électorale bipolaire aux prochaines élections législatives avec la confrontation entre deux blocs : l’Alliance du Changement et une alliance MSM-PMSD, soutenue par de petits alliés. L’opposition extra parlementaire, constituée d’une multitude de forces disparates, ne semble pas pouvoir tempérer cette tendance à la bipolarisation politique.

En effet, l’intégration de ReA dans l’alliance de l’opposition parlementaire est venue consacrer la bipolarisation de l’échiquier politique, laquelle est encouragée par le système de scrutin trinominal à majorité relative (“First Past The Post” – FPTP). À son crédit, ReA a réalisé que ce système électoral ne donne aucune chance aux petits partis aux élections législatives où les gens ont tendance à voter utile.

Quatre options

ReA avait quatre options dans la perspective des prochaines élections.

  1. Faire cavalier seul comme un parti de gauche en présentant certains candidats aux élections avec le risque certain de ne faire élire aucun député sous le système de FPTP, qui favorise les grands partis.
  2. Rejoindre l’opposition extra parlementaire (Linion Moris ou Reform Party) en vue de présenter une troisième alternative tout en sachant que cette troisième force n’aura pas d’influence significative dans une bataille essentiellement bipolaire où l’enjeu des élections est le changement par rapport au statu quo.
  3. Se rallier à l’alliance Ptr-MMM-ND qui représente l’alternative démocratique la plus crédible et viable au gouvernement sortant.
  4. S’abstenir de participer aux prochaines élections avec le risque de rester un parti marginal sans aucune influence sur l’électorat.

En choisissant la troisième option, ReA a abandonné tout dogmatisme idéologique pour rejoindre une alliance d’opposition, qui est plus proche de ses préoccupations socio-économiques, capable d’accéder au pouvoir et disposée à faire certains changements fondamentaux dans la gouvernance du pays. En restant fidèle à ses principes, ReA a voulu être quand même réaliste pour s’assurer une place dans un prochain gouvernement d’alternance. Il est animé par l’esprit du compromis afin de participer éventuellement à l’exercice du pouvoir. Les puristes idéologiques à gauche parleront de compromission mais ils refusent de voir la réalité en face : la politique exige une stratégie de prise de pouvoir pour apporter les changements désirables.

Comment ReA en est-il arrivé là ? Il faut remonter dans le temps pour mieux comprendre ce parti. Depuis quelque temps, ReA avait appelé à une unification des forces de l’opposition pour affronter un « gouvernement autocratique » qui avait dépassé certaines lignes rouges, selon son analyse. Ces lignes rouges comprendraient l’assassinat d’un activiste politique comme établi par une enquête judiciaire, les mesures liberticides diverses, les dérives anti-démocratiques, la mise sous tutelle politique des institutions et les entorses à l’Etat de droit. ReA avait donc entamé des pourparlers avec l’opposition extra parlementaire, toutes tendances confondues, en vue de dégager une plateforme commune.

Toutefois, ces pourparlers n’ont mené nulle part car l’opposition extra-parlementaire est restée empêtrée dans le carcan du slogan “Ni Navin ni Pravind”. Pour dépasser ce réductionnisme politique, ReA a alors lancé l’idée de rassembler l’opposition réformiste autour d’un gouvernement de transition qui puisse jeter les jalons des changements constitutionnels allant dans le sens d’une meilleure démocratie représentative. Il a donc fait une ouverture vers l’alliance Ptr-MMM-ND avec pour objectif de dégager une alternative qui puisse ratisser large au sein de l’électorat.

Contradiction principale

La démarche de ReA est hautement stratégique. Conformément à une analyse politique pointue, ce parti s’est rendu compte qu’il fallait résoudre la contradiction principale dans la politique locale, c’est-à-dire l’opposition entre deux tendances politiques antinomiques, une tendance autocratique représentée par le gouvernement en place et une tendance progressiste représentée par l’opposition parlementaire. Il s’agissait d’identifier l’obstacle principal au changement et présenter l’alternative capable de renverser le statu quo. L’obstacle principal est le gouvernement en place dont la reconduction au pouvoir approfondirait « l’autocratisation » du système politique. Les contradictions entre les différents partenaires de l’alliance sont donc considérées mineures ou secondaires dans ce cas de figure.Read More… Become a Subscriber


Mauritius Times ePaper Friday 20 September 2024

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