A l’heure des Prix
|By Nita Chicooree
En cette saison des pluies, les prix pleuvent sur le pays, prix du meilleur en telle ou telle catégorie, lauréat de la classe africaine de gouvernance et du business, et il dépasserait même certains grands pays développés en matière de « liberté de faire des bonnes affaires ». L’écran de la télévision nationale affiche fièrement les classements, wow! tout va très bien dans le meilleur des mondes.
Même la capitale de Maurice remporte le palmarès de ces villes… africaines où il fait bon vivre. Le hic, c’est que le citoyen moyen ne prend pas l’Afrique comme référence ou modèle à suivre, et les honneurs de classement laissent perplexe plus d’un.
Ça bouge dans les régions, et tout le monde est content. On a l’impression de regarder CCTV, la télé nationale de l’Empire du Milieu, entre ciel et terre. Mais il serait souhaitable que la MBC et les députés, ministres et élus des collectivités évitent de médiatiser les aides aux familles à bas revenus lors de la remise de chèques ou effets scolaires et laisser ainsi aux gens leur dignité. Quant au répétitif ‘mo bien content’ des parents et les balbutiements de leurs enfants, épargnez-nous ce cinéma gnan-gnan à chaque rentrée des classes. Influence de RFO, sans doute. Idem pour la presse écrite, toutes ces photos des bambins sur deux pages; on sait que le photo-journalisme est aussi un gagne-pain mais quand même…
Revenons au hit-parade du meilleur parmi les mauvais. Quel sera le classement du pays sur le plan de:
1/ La sécurité. Premier souci des habitants dès lors qu’ils envisagent de s’installer, de sortir et laisser leur domicile sans surveillance.
2/ Efficacité policière. Quelle est la capacité de la police et de la CID à combattre le vol ? Ceux qui connaissent le secteur touristique et d’autres pays savent que (quelle honte!), dans aucun pays, les touristes ne sont autant volés sur leur lieu de séjour, hôtel, bungalow, sur les plages et lors de leur déplacement dans l’île.
3/ Le trafic de drogue. Les travailleurs sociaux se battent contre ce fléau à leurs risques et périls. Les habitants ne font pas confiance aux autorités de la police et aux dirigeants politiques et, croient même en leur complicité. C’est lourd pour le moral d’un peuple.
Sur le bulletin décennal, on pourrait noter : Aurait pu mieux faire. N’exploite pas ses capacités. S’endort sur ses lauriers. Ne mesure pas les enjeux de l’avenir.
Autres exemples: le problème de l’eau dont les négligences et le retard technologique relèvent de l’inconscience ; le projet MID, le tri des ordures, le recyclage, l’envahissement du plastique, le compostage, la sensibilisation de la conscience publique sur le problème écologique.
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La Capitale dans tous ses états
C’est ce qu’on pense aussi. Vue d’en-bas, La Citadelle a grise mine, est délabrée et abandonnée. On pourrait l’aménager en espace de détente qui profiterait à tout le monde, Port-Louisiens, ceux qui y travaillent, visiteurs de passage et touristes. Un jardin avec fontaine, parterres fleuris et entretenus avec soin, un coin toboggan, etc… pour enfants, une petite salle de lecture et un service restauration avec cybercafé.
De grâce, évitons les boutiques! Pour vendre quoi? Les mêmes enseignes, les mêmes marques et les mêmes propriétaires ont déjà monopolisé les divers shopping centres, et il y a fort à parier que les lobbies tireront les ficelles dans les coulisses du pouvoir pour l’octroi des contrats et des baux.
Perchée sur la colline, la Citadelle nous permettra de contempler Port-Louis transformé en jardin botanique. Tel est le souhait du Lord Maire. Eh bien, il était temps ! La capitale manque cruellement d’arbres hormis le Jardin de la Compagnie et les quelques palmiers royaux de la Place d’Armes. On espère que le premier magistrat de la ville trouvera assez d’espace cultivable pour réaliser son projet d’embellissement compte tenu de l’étendue de béton qui couvre la capitale.
Il serait souhaitable que le Maire fasse régner la discipline du côté de la rue Farquhar. A l’heure de la fermeture du marché, c’est une véritable scène de désolation, des détritus de toutes sortes, légumes, fruits, cartons d’emballage et plastique jonchent le sol. Le panneau ‘Hawking not allowed’, arraché à moitié, témoigne de l’importance accordée aux règlements émanant de la municipalité.
Et quid de China Town ? Une remise en état des vieux bâtiments nécessiterait des sommes gigantesques si toutefois l’on songe à leur redonner un cachet d’antan. Les environs du pont à la rue Joseph Rivière sont dans un piteux état, les petites maisons en fin de vie ; le canal est une véritable poubelle et les petits commerces ont l’air de survivre malgré eux. L’ancienne maison de jeux, l’Amicale de Port-Louis, restera-t-elle abandonnée longtemps encore?
Seul joyau architectural du quartier, la mosquée à la rue Jummah brille dans sa splendeur. Une partie de China Town pourrait être restaurée en conservant un style ancien avec une architecture chinoise, les toits en briques de couleur ocre ou rouge.
Où est passée la jeune génération des Mauriciens d’origine chinoise? Ils sont indispensables pour prendre le relais et faire revivre ce quartier en y apportant leur dynamisme pour la diversification des activités culturelles, artistiques et commerciales.
En attendant, si les bus Tata – au départ de la gare du nord – pouvaient traîner leur carcasse dans un bruit assourdissant ailleurs que d’emprunter les rues Jummah Mosque et Royal, ce serait un bon débarras en ce qui concerne la nuisance sonore. Le Lord-Maire se pencherait sans doute sur cette question. De même, pour les marchands qui envahissent les petites rues perpendiculaires à la rue Chaussée. Est-ce pour des raisons électorales que l’on a laissé proliférer ce commerce sauvage sur le pont et dans les alentours ? Une véritable plaie !
C’est pourtant le quartier le plus agréable de la ville avec ses vieilles batîsses en pierre, le musée et le Jardin de la Compagnie.
Sinon, il semble bien que la capitale poursuive sa croissance verticale. Les nouveaux locaux de BoM et d’autres tours qui se construiront à l’avenir traduisent la volonté de se coller à l’image de la ville du lion sud-est asiatique.
* Published in print edition on 20 January 2012
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