Regroupement des forces militantes… Steven Obeegadoo à l’oeuvre
Éclairages
Par A. Bartleby
Le projet de rassembler les différentes plateformes issues du MMM est ambitieux ; tout aussi ambitieux que l’ambition de Steven Obeegadoo lui-même. Actif en politique depuis l’âge de 17 ans, Steven Obeegadoo ressent sans doute que son statut de numéro deux de l’actuel gouvernement n’est pas encore le sommet de sa carrière politique et qu’un autre moment arrive, celui de la réalisation de la plus grande de ses ambitions : celle de devenir l’incarnation moderne du Militantisme.
Steven Obeegadoo et Alan Ganoo pour le regroupement des forces militantes. P – Radio One
À défaut d’avoir réussi à éjecter Paul Bérenger du leadership du MMM, il se positionne aujourd’hui comme celui qui saura accueillir les déçus et les désillusionnés de l’interminable errance qui dure depuis 2005. Il faut avouer que les éléments qui pourront accélérer cet exode sont réunis : une énième alliance avec Navin Ramgoolam et la certitude qu’un individu ayant la capacité intellectuelle et le charisme d’assurer la relève du leader historique n’existe pas actuellement dans le Bureau politique du parti, positionnant ainsi Joanna Bérenger dans la succession de son père. À défaut de devenir leader par acclamation et par compétence, on peut devenir leader en étant porté par le vide existant ou que l’on fait autour de soi – tous les partis traditionnels l’ont prouvé.
Steven Obeegadoo aura également compris une autre chose : une nouvelle défaite du PTr et du MMM provoquera unanéantissement de ces partis, ce qui ouvrira un nouvel espace politique à Maurice. Du moins, une nouvelle défaite fera que le PTr et le MMM se retrouveront au milieu de luttes intestinales qui les mettront KO pendant plusieurs années, ce qui favorisera l’émergence d’autres formations politiques. Et Steven Obeegadoo a compris qu’il avait tous les moyens d’occuper une place prépondérante dans ce nouvel espace politique, quitte à briser l’alliance actuelle avec Pravind Jugnauth à un moment donné.
Ce qui est sûr pour l’instant, c’est que le schématisme qui se dessine donne une vision claire des choses à Steven Obeegadoo. Tout semble confirmer que nous aurons pour les prochaines élections générales une bataille claire : Pravind Jugnauth face à Navin Ramgoolam pour le contrôle politique du ‘Hindu Belt’ ; et Steven Obeegadoo face à un Bérenger (père ou fille) pour les quelques sièges urbains qui donneront une majorité confortable à celui qui aura gagné les circonscriptions 4 à 14 – le clan Duval apportant ce qui lui reste de ses 5 sous et, pourquoi pas, des points du permis de conduire d’Adrien Duval à cette équation.
Tout cela, Steven Obeegadoo l’a parfaitement bien senti et intégré dans son propre calcul politique, même s’il lui manque un élément essentiel à son équation : définir clairement ce que doit être le Militantisme au 21ème siècle, sachant que c’est une chose que le MMM est aujourd’hui incapable de faire.
Gagnera-t-il son pari ?
* * *
L’Inde préside le G20
L’Inde a pris la présidence du G20 en décembre de l’année dernière. Cette présidence durera une année, jusqu’à décembre de cette année. Cette information est passée inaperçue dans les médias locaux alors qu’elle relève d’une haute importance pour nous. Non seulement parce que le Premier ministre indien, Narendra Modi, a déjà indiqué son intention d’inviter son homologue mauricien à certains des rassemblements du G20, mais surtout parce que – quoiqu’en disent certaines voix xénophobes – l’Inde deviendra une puissance régionale de plus en plus dominante et un partenaire de plus en plus important pour nous.
Le Premier ministre indien, Narendra Modi ou l’art de résoudre les contradictions. P – The Hindu
Et à trop vouloir réduire la politique indienne à son expression idéologique actuelle, celle que lui donne le BJP, nous avons trop facilement tendance à obscurcir une vue que nous devons absolument garder claire et objective : les ambitions économiques de l’Inde et la géopolitique de l’océan Indien.
L’arrivée de Modi au pouvoir en 2014 a signifié un changement de paradigme dans la stratégie des affaires étrangères indiennes : l’Inde s’est enfin débarrassée de l’idéalisme poussiéreux de Nehru afin d’affirmer un pragmatisme absolu. Pour dire les choses autrement, l’Inde ne défend plus une vision du monde fondée sur des idéologies devenues obsolètes, mais avance aujourd’hui ses intérêts avec un réalisme froid et calculateur. D’ailleurs, l’actuel ministre des affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, est l’incarnation même de ce pragmatisme fondé sur la maîtrise technocratique des sciences économiques et politiques.
Ce pragmatisme s’est d’ailleurs parfaitement bien déployé au niveau de la politique étrangère de la Grande Péninsule depuis 2020. L’Inde est en train de sortir renforcée de la pandémie de la Covid, et cela est intimement lié à ses prises de position. Par exemple, elle a refusé de lâcher la Russie – son partenaire historique – lorsque Poutine a envahi l’Ukraine. Cela a permis à l’Inde de négocier l’achat de pétrole russe à un prix hautement inférieur au prix du marché, participant à son tour à court-circuiter les sanctions occidentales sur l’économie russe – qui sera en croissance de 2,4% cette année selon le FMI.
Parallèlement à cela, l’Inde n’a pas non plus aliéné son allié américain, trouvant des terrains d’ententes économiques hautement stratégiques pour les Etats-Unis, notamment dans le domaine des nouvelles technologies. Il en va de même pour ses coopérations militaires, avec la France notamment, le président Macron annonçant clairement que l’Inde devient un partenaire privilégié de la France et des industries françaises.
Ainsi, la diplomatie indienne devient maître dans l’art de résoudre des contradictions qui peuvent actuellement sembler insurmontables. Elle joue parfaitement bien sur plusieurs tableaux parce qu’elle fait justement preuve d’un pragmatisme qui fonctionne et qui requiert de conserver un non-alignement vital pour son développement et la promotion de ses intérêts.
Or, c’est justement ce non-alignement et ce pragmatisme retrouvé qui doivent nous interpeller à Maurice. Surtout que ce non-alignement et ce pragmatisme pèseront très lourds dans les calculs géopolitiques de l’océan Indien. Saurons-nous donc redéfinir nos objectifs de coopération avec l’Inde afin d’en faire un partenaire pour atteindre nos propres objectifs de développement économique, sécuritaire et industriel ? Read More… Become a Subscriber
Mauritius Times ePaper Friday 10 February 2023
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