Meilleur comportement depuis le permis à points, mais on peut mieux faire…
|Sécurité routière
Moi qui suis conducteur depuis près de deux décennies, je dois admettre que conduire à Maurice est devenu au fil des années un exercice stressant et un véritable parcours de combattant. Les accidents fatals ou banals s’accumulent, malgré la volonté des autorités de se montrer plus sévères au niveau de l’arsenal légal et de l’implémentation de mesures plus strictes. Il est impossible d’avoir zéro accident par année, et il faut saluer ici les différentes institutions publiques du pays, incluant la police, qui font du bon travail.
Mais ce n’est pas assez parce qu’il y a encore des réflexes égoïstes et arrogants chez bon nombre d’automobilistes mauriciens. Ainsi, que pouvons-nous dire du comportement des chauffeurs mauriciens depuis l’introduction du système de permis à points et l’installation de plus de caméras fixes sur nos routes ?
Définitivement, on peut affirmer qu’un changement positif a été noté. La plupart de ceux qui ont généralement tendance à trop appuyer sur le champignon, réfléchissent maintenant à deux fois avant d’accélérer et de dépasser les limites autorisées. J’ai l’impression toutefois que ce sont principalement les conducteurs de voitures privées qui se sont surtout améliorés. Ce n’est pas évident pour eux de casquer Rs 2000 d’amende à chaque fois et obtenir un cumul négatif de points sur le permis. Cela pèse sur le budget familial et le moral.
Les Mad Max mauriciens
Cependant, beaucoup de chauffeurs d’autobus, de camions, de camionnettes, de vans de 15 places, de voitures de certaines compagnies d’assurance-voiture (eh oui !) ou de véhicules d’agences de sécurité, continuent à faire fi de la bonne conduite et du minimum de courtoisie sur nos routes : exigence de la priorité, conduite trop rapprochée avec les autres, changements brusques de voie sans indication, excès de vitesse, etc. Sans compter les motocyclistes, dont ceux qui chevauchent de puissantes et monstrueuses cylindrées et qui dépassent allègrement les 120 km/h sans se soucier du danger qu’ils encourent et qu’ils peuvent causer aux autres usagers.
Ces délinquants de la route doivent être sanctionnés et rappelés à l’ordre au plus vite. Sinon, à chaque accident grave, ces chauffards vont prétexter que « les freins ont lâché » ou bien qu’ils ne se souviennent de rien. N’oublions pas aussi les bons-chics bons-genres, ayant consommé plusieurs verres au Happy Hour et qui roulent à tombeau ouvert, et ces dingues de la vitesse qui ont ‘tuné’ leur bruyante et agressive carrosserie…
Il faut souligner ici que certains conducteurs de voitures privées, soit par ignorance ou par méchanceté, continuent de se maintenir sur la voie rapide même lorsqu’ils roulent bien en-dessous des limites permises. A titre d’exemple, lorsque la limite est de 80 km/h, certains malins vous font du 50-60 km/h sur le ‘fast lane’. Quand c’est du 60 km/h , il vous font du 40 km/h, et ainsi de suite. Ce n’est pas correct et cela oblige les autres automobilistes à faire des manœuvres difficiles pour les dépasser, quitte à zigzaguer dangereusement de droite à gauche et de gauche à droite afin de traverser les chauffeurs-tortues. Ces derniers doivent être réprimandés par les autorités, car non seulement ils forcent les autres à avoir une conduite dangereuse, ne serait-ce que momentanément, mais ils ralentissent lourdement le flot du trafic routier, même quand les voies sont libres !
Revoir limites et ronds-points
En parlant de limitations de vitesse, c’est bien que les autorités parviennent petit à petit à les harmoniser et à réduire les inconvénients du genre « 110, 60, 90, 80, 110, 60… », mais il y a encore du travail à faire. La fin du ‘speed zone’ à certains endroits n’est pas indiquée. Pire encore, des indications ‘end of speed zone’ sont placées juste avant des ronds-points, et des routes qui ne devraient pas autoriser plus de 60 ou 70 km/h, et sont dotées de généreuses limites de 80 ou 90 km/h, surtout aux abords de certains villages.
Il est vrai que beaucoup de Mauriciens peuvent aujourd’hui se permettre d’acheter des voitures neuves, qu’elles soient berlines européennes ou asiatiques. Mais ce n’est pas une raison pour les autoriser à jouir en toute liberté de la pointe de vitesse de leurs machines alors que Maurice est un tout petit pays et que nos soi-disant autoroutes sont reliées presque toujours par d’omniprésents ronds-points. Certains de ces ronds-points, en passant, ont des dimensions hors-normes (autoroute du Sud en direction de l’aéroport, Camp Fouquereaux, etc) alors que d’autres disposent de creux concentriques (Ebène, Jin-Fei, Terre-Rouge etc.) invitant fausses manœuvres et accidents. Il faudrait peut-être penser à éliminer certains ronds-points (Highlands par exemple), et à réduire les dimensions exagérées d’autres ronds-points, tout en pensant à ajouter des robots aux abords d’échangeurs là où le trafic est très dense (Wooton, Dowlut/Phoenix, Arsenal/Terre Rouge).
Dans des pays comme l’Allemagne, les autoroutes ne sont même pas dotées de limites de vitesse. Mais à Maurice, elles sont extrêmement nécessaires pour conscientiser, pour obliger les gens à les respecter ou à être sanctionnés. Voilà pourquoi je préconise une révision à la baisse des limites actuelles. Je ne crois pas qu’il soit nécessaire, pour des bouts de tronçons reliant une localité à une autre (variant souvent d’une distance de 800 mètres à 1,8 km) d’avoir du 110 km/h. Je pense que c’est trop et que du 100 km/h suffirait amplement. N’oublions pas que les routes secondaires aussi sont souvent pourvues de limites qui donnent droit à des abus.
Davantage de présence policière
S’il faut féliciter les autorités pour avoir installé des caméras fixes qui peuvent flasher les excès de vitesse, il faut se dire que cela ne suffit pas en soi, moyennant que ces limites aient été « gazetted » adéquatement. Une intense campagne de sensibilisation pour tous les usagers de la route (incluant automobilistes, motocyclistes, cyclistes et piétons), étalée sur plusieurs mois doit être menée en parallèle à une présence plus assidue et intimidante des effectifs de la police (motorway patrol, traffic unit, etc), et de la National Transport Authority sur nos routes, principalement sur les axes routiers majeurs du pays aux heures de pointe. Et là-aussi, nos vaillants officiers ne devraient pas avoir peur de stopper ceux et celles qui ne respectent pas les règles !
En dernier lieu, n’oublions pas qu’il faut aussi penser à améliorer les infrastructures routières existantes. Certaines routes (Vieux Grand-Port à Trou d’Eau Douce, Wooton à rue Couvent, Palmar à Flacq, Mare d’Australia à Pamplemousses, Grand Gaube à Cap Malheureux, etc) sont pleines de doubles/triples contours extrêmement dangereux et ne sont pas suffisamment larges pour accommoder des poids lourds et des passants dans les deux sens.
Pour conclure, il ne suffit pas de monter de temps à autre quelques opérations coups de poing pour savourer le fait qu’on a épinglé des contrevenants et que l’on diminue le nombre de délinquants routiers. Il faut aussi et surtout un ensemble d’actions concertées, incluant une constante amélioration du réseau routier et des infrastructures (éclairage, panneaux indicateurs, feux qui fonctionnent adéquatement, etc) et une plus grande visibilité des forces de l’ordre et ce, tous les jours, pour ne pas dire 24/7.
L’entrée au centre-ville de Port Louis, chaque matin, est l’illustration parfaite de la bonne coordination de la police, surtout de la Place d’Armes jusqu’à la rue Desforges. Toutefois, ceux qui ont décidé de placer un arrêt d’autobus à la rue Sir William Newton et de fermer les yeux sur les véhicules, incluant les autobus, garés n’importe comment des deux côtés de cette rue à sens unique, empêchent que ce beau récital soit parfaitement orchestré.
Et c’est en grande partie à cause de cela que l’on assiste à un goulot d’étranglement quasi quotidien à cet endroit spécifique…
* Published in print edition on 25 July 2014
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