Exclus: comment agit-on envers eux?
|Malgré le changement, les bonnes intentions et les manifestations de grogne, les divisions sont de plus en plus criantes. D’un côté les nantis et d’un autre les mal-lotis. On ne peut pas revenir sur les siècles passés pour parler des exclus, de l’esclavage, des camps, etc. Epoque révolue ! Mais les plaies et les séquelles sont là.
La lutte syndicale essaie tant bien que mal de rappeler aux politiciens et autres concernés qu’il faut revoir, améliorer les conditions pour éviter les écarts entre les classes sociales. Radhakrishna Sadien a parlé de la nécessité de créer des emplois au cours de la célébration des 70 années de lutte syndicale. Le combat contre l’injustice doit être une priorité. De quelles injustices devrait-on parler ?
Elles sont visibles partout : dans les formes de recrutement, les promotions, la distribution des étals/tables dans les municipalités, les politiques de deux poids deux mesures dans les corps paraétatiques et le secteur privé. Multiplication des cas d’injustices liées à la corruption qui a toujours existé et qui continue de plus belle !
Les gens le savent oui ; mais ne savent pas par quels moyens exiger une politique de transparence. La presse en parle mais obtient-on gain de cause ? Ici mette fort gagne fort ! Et je parle en connaissance de cause ayant eu l’occasion de comprendre les agissements dans les comités et d’entendre le verdict en faveur de tel ou autre. C’est alors que les beaux idéaux éclatent ! Réalité politique oblige ! Faut laisser faire ! Tout le monde ne parle pas le même langage.
Dans Week-End du dimanche 11 octobre 2015, Pierre Dinan signale les attentes déçues à déplorer. Il dit dans sa belle analyse que « c’est parmi les nantis que se trouvent la majorité des gouvernants, des leaders d’opinion et des professionnels ; il leur manque un contact physique régulier avec les exclus… » Que c’est bien dire ! Rien de plus vrai que de voir les riches, richissimes se pavaner dans leurs grosses cylindrées tout juste pour un étalage indécent de leur fortune.
Pire encore de voir des jeunes au volant des BMW coupées, des Audi et autres décapotables. Ils ne voient plus les tidimounes, les gens qui tendent la main, les crève-faim. Ils oublient que certains quartiers comme les gares, bazars, places des lieux de culte sont de plus en plus remplis d’enfants, de femmes qui ont leur petite boîte en ferblanc dans les mains et attendent des pièces pour se sentir soulages.
A l’ère numérique et avec des développements de plus en plus extravagants mais essentiels pour des secteurs-clés, comment accepter la disparité entre des nantis et des exclus comme si c’est une situation sans solution ? A cause de la misère noire on parle de Kesovo vers Pailles, de camp des exclus – Pathavati — vers Rivière du Rempart, de Camp esclave vers Case Noyale ; on sait aussi que des familles se plaignent de n’avoir aucun travail, de ne pas avoir de repas complet, de se voir dans l’obligation de priver des enfants de l’école ou de les envoyer sans rien sur l’estomac.
Les rapports se succèdent d’année en année, d’un régime à un autre mais pourquoi les solutions adéquates restent lettre morte ? Suffit-on de compenser ces familles avec des vêtements et aliments sous forme de donation ? Pourquoi sont-ils les éternels exclus ?
Dites-vous bien que des groupes de toutes les confessions, chrétienne, hindoue ou islamique qui sont concernés. Leur combat, s’ils en ont, ne servent à rien. Mais au moins qu’on leur donne les moyens pour avoir un petit pouvoir d’achat, qu’on les empêche de mendier dans les rues ou qu’on comprenne pourquoi ils ont recours à la mendicité ou encore pourquoi ils squat sous des tunnels…
Dans sa dernière conférence de presse le leader de l’opposition Paul Bérenger remet sur le tapis le plan Marshall contre la pauvreté. Plan bien ambitieux dans le programme gouvernemental. Et toujours des mémoires qu’on demande à être soumis, en bref des paperasses à l’infini.
Pourquoi ne pas envoyer ces ONG dans les quartiers avec des questionnaires ? Gender Links de Loga Virahsawmy est en perpétuel contact avec les jeunes filles et femmes qui sont avertis sur les problèmes de drogue, de prostitution et qui sont sur le terrain. C’est le travail terrain qu’il s’agit de décupler pour avoir des résultats concrets. Halte aux rapports qu’il faut peut-être substituer à des documentaires sur les rues, les quartiers des exclus.
De visu compte plus de nos jours. Est-ce que voir ces enfants maigrichons, à demi-fous donnera la chair de poule ou fera naître la honte ? Ou les officiers de certains ministères y sont-ils allergiques ? Et les autres conseillers – complices du déclin ou quoi ? Alors pourquoi user de grands mots comme intégration, inclusion, efficience énergique quand le pays se casse en deux : nantis et exclus ?
- Published in print edition on 16 October 2015
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