Système éducatif : Que veulent les Mauriciens?
|Les médias sont couverts de points de vue sur ce qui se passe dans le monde de l’éducation. Anciens ministres, ministres en poste, associations, syndicats, élèves, tous se veulent garants d’un système ou d’un autre. Mais lequel semble le plus approprié?
Par un recoupement de faits, il semble inadmissible de débourser une somme d’argent imposée – soit Rs 14,000 pour avoir droit à une admission et un diplôme. Il semble scandaleux que 5 credits soient parmi les critères ouvrant la porte vers la HSC. Il semblerait que ce ne soit pas légal de garder les certificats des mauvais payeurs. Ainsi l’on note beaucoup de si… et l’on considère des actions d’envergure pour protester d’une façon ou d’une autre – descendre dans la rue, mobiliser des hommes de loi, par exemple ! Enfin les médias jouent leur rôle pour donner un aperçu de l’évolution de toute cette affaire épineuse.
En écoutant les avis favorables et contestataires, on est à même de juger de certains comportements. Il est certain que depuis des mois les élèves étaient au courant que jouer à l’éternel absent pendant les jours de classe pouvait coûter cher. On déplore de plus en plus l’absentéisme dans les collèges à cause de la dégradation des comportements de plusieurs groupes de jeunes dans la rue, les rencontres organisées par les jeunes dans des maisons de jeu, des coins de fast-foods ou des plages publiques… La liste des incidents s’allonge dans les dossiers de la brigade des mineurs.
Bref, pendant les horaires scolaires, les collégiens ne sont pas en classe : ne faut-il pas trouver la racine de ce problème ? Tous les jours, le Form Master et/ou la Form Mistress fait bien l’appel et note bien combien de jeunes suivent le cursus scolaire, participent ou non aux activités en milieu scolaire. Au cas contraire, le laxisme dans les collèges publics, confessionnels ou privés deviendrait coutumier. Ce n’est pas un hasard si l’établissement scolaire, voire l’ensemble du système éducatif, ne répondent pas toujours à l’idée d’un lieu d’apprentissage correct, havre d’interactions et d’intégration.
Pourquoi tant de jeunes sont-ils absents de leur établissement scolaire ?
– Est-ce pour réviser à la maison?
– Est-ce pour profiter des leçons particulières?
– Est-ce pour manifester leur mécontentement face à ces enseignants qui ne font pas grand-chose en classe?
– Est-ce que tous savaient que les absences répétées et prolongées les auraient pénalisées ?
– Est-ce que les jeunes mentent à leurs parents à propos de leurs absences?
A tenir compte de tous ces paramètres pour ce nombre de cas en suspens ; n’est-ce pas important? Dans le passé des élèves ont admis: « nos recteurs vont nous couvrir ». C’était déjà illégal et injuste vis-à-vis de ceux qui étaient présents. Aujourd’hui beaucoup veulent s’abriter derrière le certificat médical. Cela peut être une solution à court terme. Mais, il est temps de remettre les pendules à l’heure.
Toujours est-il que d’autres ont réglé la grosse somme imposée et ont dit : « on n’a pas le choix ». Contrôler les sorties, les fugues, bref les abonnés de l’absentéisme, ce n’est pas une tâche facile surtout quand les effectifs du personnel enseignant sont en manque. Si l’on faisait un sondage, il serait possible d’évaluer le nombre d’enseignants retraités auxquels on fait appel pour pallier les déficiences et remédier aux faiblesses.
Plusieurs jeunes le disent : « On n’a pas de prof depuis un mois. On attend toujours. Alors c’est bête de rester en classe. » Quoi de plus simple que de ne pas prendre le chemin de l’école dans ce cas-là. La solution est déjà trouvée pour des parents et des élèves. Ils ont recours aux leçons particulières.
Pour presque toutes les matières, ce n’est pas seulement dans le but de concourir aux bourses mais c’est aussi dans le but d’avoir le grading indispensable comme dans certains collèges privés ou publics, et ce, pour se préparer pour entrer dans une université de bonne réputation.
Par conséquent, l’on constate une défaillance du système éducatif pratiquement partout. On accuse parfois à tort les innovations technologiques. Pourquoi ne pas se demander si les méthodes d’acquisition de l’écriture, de l’oral, de l’application des théories sont bien assimilées par les enseignants et ensuite transmises aux élèves ? Si on persiste dans le même sens, peut-on garantir un système éducatif valable ?
Les prises de position sur les « cinq credits » prêtent aussi à débat. C’est sûr que le pourcentage de collégiens-lycéens qui ne peuvent pas obtenir cinq crédits est en hausse. Quelques raisons sont avancées pour expliquer cet échec :
• difficultés à assimiler, surtout les mathématiques et des matières telles que la sociologie et l’économie,
• manque et transfert d’enseignants, donc manque de ressources dans l’établissement,
• programme non complété avant les examens,
• abus des réseaux sociaux ;
• autres activités en cours,
• voyages et vacances pendant la période scolaire,
• utilisation des sites d’internet proposant les mêmes notes…
A ne pas oublier que les credits sont variables : 3, 4, 5, 6. La possibilité de scorer 5 credits n’est pas la mer à boire. Le soutien aux jeunes les plus faibles peut fonctionner en tenant compte du mode d’affectation des enseignants dans les écoles et de la répartition des élèves selon leur capacité. Des progrès notables peuvent alors être enregistrés.
Il suffit d’éplucher les dossiers d’inscription dans les universités publiques et privées pour arriver à ce constat amer : les distinctions sont rares – moins de A ou de B – et davantage de C, D, E. Pourquoi ? Ils ne veulent pas redoubler non plus pour s’améliorer. Le taux de redoublement est faible car on autorise encore les faibles avec trois credits de suivre une classe supérieure.
D’une année à une autre, l’on a l’impression que les étudiants sont démotivés ou n’ont pas les critères requis pour figurer parmi le petit nombre de « bons éléments ». L’équation élèves +5 credits n’est pas plus mal. Ce n’est pas une question de discrimination sociale ni des inégalités sociales. Le bon sens veut que la performance scolaire soit valable. Mais le bénéfice des réformes qui piétinent depuis plus de 10 ans est-il bien compris ou non ?
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