Promesses électorales et sens éthique : une cohabitation impossible ?
|De la promesse de changer notre vie en 100 jours jusqu’à produire des miracles économiques en période de récession globale, tout y va tandis que le fossé entre les possédants et les non-possédants grandit sans cesse. N’aurait-il pas mieux fallu qu’ils changent leurs mœurs et ne votent pas de pensions à vie mirobolantes pour eux-mêmes ?
Quelle est donc la valeur que l’on pourrait accorder à la parole des hommes et femmes politiques ? Encore plus quand nous sommes en période électorale, et que la démagogie et le clientélisme politique semblent totalement l’emporter sur toute autre considération ?
Examinons donc les propos d’Ivan Collendavelloo, fondateur du Muvman Liberater, allié des deux autres partis de l’Alliance Lepep. Après la présentation des candidats de cette Alliance, il annonce que Mme Aminah Gurib-Fakim sera Présidente de la République en cas de victoire de ce bloc politique. Il vante les mérites de cette « scientifique connue et reconnue dans tous les coins et recoins internationalement. » Mais il mentionne aussi qu’elle a été victime d’injustice en vertu de son statut minoritaire.
D’abord, il est important de noter que Mme Gurib-Fakim a travaillé pendant plusieurs années à l’université de Maurice et, actuellement, elle travaille pour une société privée gérant des activités à visée commerciale.
Ensuite, il est aussi important de souligner que Mme Gurib-Fakim s’était adressé à une institution locale pour demander justice par rapport à sa candidature au poste de Vice-Chancelier à l’UoM. Mais la Equal Opportunities Commission n’avait rien trouvé à redire sur les qualités académiques des autres postulants – ce qui ne relève pas des compétences de cette institution de toute façon –, et avait simplement recommandé que l’UoM fasse diligence en matière de procédure pour les recrutements à l’avenir.
Revenons maintenant aux paroles d’Ivan Collendavelloo. Soulignons d’abord qu’il ne parle pas en tant qu’avocat mais comme un homme politique en rupture avec son parti d’origine, le MMM, et le leader de ce parti – Paul Raymond Bérenger. N’essaie-t-il pas tout simplement, à travers cette stratégie, de se repositionner et, avec ses nouveaux partenaires, d’acquérir la clientèle politique afin de prendre le pouvoir ?
Mentionnons au passage d’autres promesses électorales : Ramgoolam & Co. promettent métro léger gratuit et allocation chômage, Jugnauth & Co. proposent d’augmenter la pension vieillesse et de revoir le sort des petits planteurs brutalement éjectés de Terre Rouge au profit de Jin Fei. Et tout ceci, dans le fief de Navin Ramgoolam à Triolet car, proclament-ils, bien sûr : ce n’est pas une chasse gardée.
N’oublions pas non plus que les hommes politiques de chaque bord, notamment les leaders, n’y vont pas de main morte pour faire de la récupération à travers la « politicaille clientéliste »…
Ce que retient le citoyen ordinaire de ces affaires, en fin de compte, c’est le fait que la classe politique continue de courtiser les associations socioculturelles et d’autres encore en leur proposant des subsides additionnels d’une part, et d’autre part, c’est cette manière de propulser une personne avec un profil ethnique spécifique dans ce jeu infect et politique bas de gamme…
Il y a deux points importants à souligner dans cette démarche.
(1) Y a-t-il une différence entre les stratégies déployées par les deux principaux blocs politiques ? La question reste posée sur les qualités requises pour devenir Président de la République. Ce poste devrait-il être attribué uniquement à quelqu’un sur une base ethnique et/ou pour garantir la parité entre hommes et femmes en politique ? N’y aurait-il pas de critères plus solides qui feraient honneur à la patrie ?
(2) En analysant le poste sur la base de l’ethnicité, y a-t-il une communauté qui n’a pas été représentée à ce jour ? Admettons un instant que l’Alliance Lepep souhaite vraiment se démarquer de Ramgoolam & Co., elle aurait alors penché pour une distribution plus équitable pour toutes les ethnies présentes sur le sol mauricien.
Etant donné que la République de Maurice a déjà connu des Présidents et des vice-Présidents musulmans, hindous, Population générale/Créole catholiques, cela aurait été plus juste et plus crédible de proposer un candidat, homme ou femme, de la communauté sino-mauricienne à la Présidence. Cette communauté minoritaire, dont la contribution à l’économie du pays est indéniable, n’a-t-elle pas autant de droit à la reconnaissance de notre République ?
N’oublions pas non plus que, symboliquement, cela aurait un poids important auprès de cette puissance montante qu’est la Chine et avec laquelle nous partageons des relations de sang et de culture. Sur le plan économique, il y a aussi l’épisode Jin Fei qui reste à régler.
Pour finir, revenons à ces hommes et femmes intègres qui devraient faire attention et ne pas se laisser exploiter par des politiciens aux zigzags douteux. Ne vaut-il pas mieux maintenir son intégrité intacte ? Ne serait-il pas mieux de refuser d’être trainé-e comme un objet de convoitise politique dans cette boue puante de la surenchère politique ? Ne serait-il pas mieux de ne pas être balancé-e comme un appât sur la place publique ?
* Published in print edition on 6 December 2014
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