Un esprit de continuité
|Carnet Hebdo
Par Nita Chicooree-Mercier
L’intérêt national prime au-dessus de la politique partisane. Est-ce ainsi qu’il faut interpréter la composition du gouvernement, arrachée au forceps presque trois mois après les élections législatives en France ? Tout le scénario électoral déclenché par la dissolution du gouvernement en juin s’apparente à une mauvaise farce. Le deuxième tour en France ressemble à une crapulerie dont le seul but serait de manipuler le système électoral en faisant ‘barrage’ aux élus du premier tour et de réunir dans une coalition des partis aux idées divergentes et opposées. Cette pantomime réussit, par diverses contorsions, à reconduire les mêmes partis au pouvoir.
L’auto-flagellation dans la démocratie
Ce capharnaüm a poussé les ténors de la presse et autres experts à aller vite en besogne en qualifiant leur pays d’ingouvernable. L’auto-flagellation et l’exagération sont monnaie courante dans les démocraties.
En fait, le Président a bien pris acte que la France a basculé vers l’extrême droite depuis les élections européennes et qu’elle a gardé la même constance en termes de voix aux législatives. Il était donc hors de question de laisser un pays lourdement endetté connaître le sort du Venezuela si le parti d’extrême gauche, La France Insoumise, avait la voie libre pour choisir un premier ministre.
Le retour à l’autorité
D’autre part, la hausse de la criminalité, les agressions contre les forces de l’ordre et les meurtres à répétition sur les civils, commis par des gens issus de l’immigration, imposent un retour à l’autorité et à l’ordre public. Ce ministère a été perçu comme laxiste, à l’image du Labour Party en Angleterre, connu pour son manque de fermeté et son laxisme envers les malfrats qui menacent la sécurité de l’espace public.
Désormais, c’est un dur de la droite qui assume ce portefeuille. Le choix de postes clés confiés aux personnalités de la droite et à celles de Renaissance, parti du président Macron, reflète un compromis entre les deux extrêmes. C’est une situation inédite qui pousse l’Élysée à faire preuve de pragmatisme en sélectionnant un premier ministre de droite, et de ce fait, ne peut que s’incliner devant le choix des ministres effectué par le nouveau locataire de Matignon.
La question de l’intérêt national prend tout son sens face au verdict des urnes, qui est balayé d’un revers de la main. Et pourvu que le nouveau Gouvernement dure jusqu’à 2027 !
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Les mesures “socialistes” à Maurice
Maurice traverse une phase de “socialisme accéléré” — ce que d’autres qualifieraient de “populisme”, chacun selon ses affinités politiques — en cette année de campagne électorale. Ces mesures sont nécessaires et sensées afin de prendre en considération les aspirations et les intérêts de diverses franges de la société. Du taux zéro d’intérêt pour les 18 à 25 ans, plus abonnement internet sans frais, aux soins médicaux gratuits pour sportifs de haut niveau, c’est la jeune génération qui reçoit la part belle de ces mesures. Et c’est tant mieux que le plus grand nombre bénéficie des retombées financières qui maintiennent l’économie à flot.
Néanmoins, un vaste chantier demande à être exploité pour améliorer la qualité de la vie, politique sociale en vogue ces temps-ci. L’inauguration des gymnases lève le voile sur le grand vide en matière d’infrastructure sportive qui a perduré pendant des décennies. Les régions rurales restent les parents pauvres d’un encadrement digne aspirant à promouvoir sports, loisirs et santé. Ce sont de véritables laissés-pour-compte des autorités, et il va sans dire que cette situation est alarmante, d’autant plus que ces régions sont surpeuplées par l’accroissement des cités.
Alors que le pays traversait ses pires moments dans les années 70, les villages avaient quand même des clubs de ping-pong, de théâtre et quelques terrains de foot, destinés principalement à la population masculine. Hormis les terrains de foot, le théâtre et le ping-pong ont disparu définitivement du paysage rural.
- Y a-t-il eu un projet quelconque pour doter les villages d’un terrain ou d’une salle de badminton ? Non.
- Un espace pour pratiquer un sport aussi basique que le ping-pong ? Non.
- Des clubs de natation, des associations de basketball, etc., pour filles et garçons ? Rien.
Ne parlons pas de sports qui restent élitistes, comme le tennis et les sports nautiques, inaccessibles à la majorité de la population. Mais y a-t-il un espace ouvert du district council, par exemple, avec un jardin fleuri, une fontaine d’eau apaisante et quelques bancs pour les passants, un endroit accueillant ouvert au public ? Rien.
Ce vide est sidéral. Il y a un manque criant d’espaces publics alors que le besoin en logement grignote de plus en plus de terrain.
Retards dans la politique sociale
La politique de promotion de la qualité de la vie accuse un retard flagrant depuis des décennies, et c’est l’épanouissement et le bien-être de la population qui en font les frais. Toutes les tranches d’âge méritent d’être prises en compte. La plage de Mont Choisy est pourvue d’un aménagement pour les amateurs de musculation et d’étirement, fréquenté principalement par des hommes.
Il faudrait aussi aménager les jardins d’enfants avec un coin pour les petits en bas âge, avec deux ou trois bancs où les parents peuvent les emmener pour se détendre après une journée de travail. Un espace de 60 mètres carrés pour un jardin d’enfants en bas âge, avec balançoire, toboggan, etc., et avec deux ou trois bancs, ferait le bonheur des enfants et des parents dans cette région.
Pour la énième fois, nous insistons sur le fait qu’il faudrait absolument développer des structures non lucratives mais qui contribueraient à l’épanouissement du grand public : petits, enfants, adolescents, garçons et filles, et adultes d’âge mûr. Ajoutons une piste de skateboard aux parcours de santé qui commencent à sortir de terre un peu partout. Quelques bénévoles donnent des cours de yoga à leur domicile ou dans leur jardin. Des séances de yoga sur les plages publiques restent insuffisantes, et il manque certainement des moniteurs et monitrices de yoga. Une solution consisterait à recruter quelques professionnels de l’Inde.
Nous assistons à une phase intéressante d’une ambition affichée d’améliorer la qualité de vie de la population afin d’inclure le plus grand nombre. Il faut espérer que cette politique se concrétise dans un esprit de continuité et que le budget suive les déclarations d’intention.
Il demeure qu’il reste un vaste chantier à abattre dans le domaine médical afin d’améliorer l’accueil des patients et la qualité des soins dans les hôpitaux. Cela participe aussi de la qualité de vie des habitants.
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Les valeurs démocratiques
Dans de nombreux pays, la démocratie est devenue un jeu d’arène d’une lutte pour l’amour du pouvoir, pour le pouvoir et l’ego des politiciens. Mais l’attachement aux valeurs de liberté et l’épanouissement du plus grand nombre par un partage de la prospérité reste, fort heureusement, le mot d’ordre. La France a fait le choix d’écarter le pire malgré les urnes. D’autres pays l’ont fait pour éviter les régimes obscurantistes qui se faufilent dans les partis politiques à l’apparence honorable. Quelques-uns continuent à verrouiller un système politique en écartant ou en éliminant des adversaires, et en opprimant leur peuple, qui commet la grande erreur de les élire par besoin de changement, irréfléchi ou par défaut.
La culture mauricienne a un ancrage fort dans les valeurs de liberté, du bien commun, la promotion de l’éducation et de la connaissance, l’esprit du bon sens et de la logique. Il est du devoir de chacun de veiller à ce que ce ne soit pas le Sri Lanka ni le Bangladesh ici.
Pour finir, stabilité et continuité d’une politique sociale raisonnable sont à souhaiter pour l’intérêt national.
Mauritius Times ePaper Friday 27 September 2024
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