Femmes en politique – Pouvons-nous leur faire plus confiance ?
|Journée Internationale de la Femme
Shazia Ilmi a exercé le métier de journaliste de télévision pendant 15 ans. Elle a été membre de l’Association Internationale des Femmes de la radio et de la télévision. Elle a participé activement à promouvoir la survie d’un journal en ourdou en produisant un film P.O. 418 Siyasat Kanpur. Elle a aussi dirigé avec Radha Hola un documentaire sur Vandana Shiva.
Ensuite, elle a démarré son activité citoyenne : elle était la porte-parole d’Anna Hazare en 2011 et 2012. Favorable au mouvement pacifique « India Against Corruption », elle y était même une cheville ouvrière. Nous avons parlé longuement dans les colonnes de Mauritius Times de l’ « Anti-corruption Bill » ou du « Jan Lokpal Bill ». Derrière la campagne pour sensibiliser la population, il y avait un agent motivateur : Shazia Ilmi. Elle a déterminé des stratégies pour propulser la campagne, notamment dans les médias.
Par la suite, elle est devenue très active dans la construction du nouveau parti politique ayant pour emblème un « balai » : le Aam Admi Party (AAP). Dans une déclaration au magazine Femina, en avril 2014, elle a expliqué que cette tâche avait été extrêmement difficile et épuisante. A part le fait de monter un parti politique, il y avait aussi la prise de conscience de l’étendue de la corruption et la nécessité de se battre en tant que femme dans ce domaine. Elle a aussi affirmé que le changement était radical : elle s’est rendu compte de l’écart entre sa fonction d’observatrice et celle de son engagement participatif en politique.
Bien entendu, l’Inde est un pays multiculturel et doit faire face au monstre nommé « ethnicité soustractive », c’est-à-dire l’ethnicité manipulée par certains pour arriver à leurs propres fins. Les déplacements de Shazia Ilmi sont suivis en permanence par les médias. Heureusement pour elle, elle est de foi musulmane de naissance et est issue d’une famille progressiste. Son époux, lui, est mi-Tamoul, mi-Brahmin. Somme toute, elle est Indienne et fière de l’être.
Ensuite, pour la traquer un peu plus, sa déclaration d’avoirs a été fortement critiquée. Mais elle a rétorqué avoir déclaré ses avoirs en toute honnêteté contrairement à plusieurs hommes et femmes politiques du jour qui croient duper la population en ne déclarant que quelques roupies…
Elle a aussi évoqué l’accusation portée contre elle à partir d’un enregistrement sur un site web qui s’est avéré en être un faux… Plus les enjeux sont grands, plus la politique devient dangereuse… Heureusement que la justice est encore là…
Toutefois, elle a quitté le bureau exécutif national de l’AAP le 24 mai 2014. Dans sa déclaration à la presse, elle a avancé des points sur le manque de démocratie interne au sein du parti et a insisté sur le fait qu’elle ne serait pas une transfuge. Par son geste, elle voudrait juste aider le jeune parti à s’améliorer en faisant entendre sa voix, a-t-elle insisté.
Mais elle a rejoint le Bharatiya Janata Party (BJP) le 16 janvier 2015.
De même, Kiran Bedi a été une sportive de talent, ayant fait partie de plusieurs tournois de tennis sur le plan national entre 1965 et 1978 pendant son adolescence. Ensuite, elle a fait carrière dans la force policière. Elle était Directrice Adjointe de la Police (DCP). Nommée à l’Ouest de Delhi, elle y a réduit considérablement le nombre d’actes de violence contre les femmes.
En 1993, elle était inspectrice générale des prisons s’occupant d’environ 9 500 prisonniers dans un espace destiné à 2 500 personnes. Elle faisait une tournée générale de la prison chaque jour. Elle écoutait les prisonniers et notait leurs doléances. Elle a développé un système interne de « Panchayat » où les problèmes étaient présentés, discutés et réglés. Les prisonniers avaient aussi le droit de lui écrire directement.
Elle a mené un combat contre la drogue en 2007, ce qui a donné naissance à la « Navjyoti Delhi Police Foundation » ou « Navjyoti India Foundation ». Elle a ouvert un centre de désintoxication et de réhabilitation pour les drogués. Ensuite, quatre autres centres ont vu le jour, chacun s’occupant d’environ 100 patients. Plusieurs autres réformes dans le domaine en ont fait une figure de proue. Entre autres, elle a défendu les droits égaux pour les filles dans le domaine éducatif et le droit à la propriété. Elle a milité en faveur de l’autonomisation de la femme en milieu rural.
De 2008 à 2011, elle a rejoint les médias et a animé une émission où les gens se rencontraient pour résoudre leurs problèmes au cours d’une simulation de Cour de justice télévisée. Elle a créé un site sur internet http://www.saferindia.com/kiranbedi où l’on peut enregistrer des complaintes qui sont refusées par la police (non fonctionnelle actuellement).
En 2010, c’est Arvind Kejriwal qui l’invite à dénoncer collectivement une affaire de corruption. Pendant la grève de Anna Hazare, elle fait partie du groupe arrêté et détenu par la force policière.
Toutefois elle a démissionné de l’Aam Admi Party en 2014. Elle a soutenu le candidat au poste de PM, Narendra Modi, tandis qu’Arvind Kerjiwal, lui, était le candidat opposant Modi à ces élections. Elle a rejoint le BJP en 2015.
Pouvons-nous faire plus confiance aux femmes en politique ?
Il est indéniable que certaines femmes, en Inde ou ailleurs, ont beaucoup de ressources en termes de création et d’innovation. Certaines sont des stratèges hors-pair. Mais pouvons-nous faire plus confiance à ces mêmes femmes en politique ? Sont-elles moins malhonnêtes et moins pouvoiristes que les hommes ? Moins transfuges ? Sont-elles plus dignes de recevoir la confiance du peuple ?
Finalement, y a-t-il un lien entre la classe politique dans son ensemble — qu’ils soient femmes ou hommes — et les citoyens ordinaires ? Arvind Kejriwal dit ceci : “Ordinary people do agricultural work, build houses, drive rickshaws, fly to the moon, do research work, the politicians don’t. And finally, one day, ordinary people decided to fight elections when there was no other option. Bhagwan, Ishwar, Allah, Vahiguru – God – will always support truth, integrity and honesty.” Dans ce monde matérialiste, le chemin de l’AAP sera long et tortueux, et semé d’embûches et d’embuscades. Les traîtres et traîtresses seront nombreux, plus qu’il n’en faut peut-être…
L — Kiran Bedi (à gauche), ancienne inspectrice générale des prisons, et Shazia Ilmi, qui a exercé le métier de journaliste de télévision pendant 15 ans et a été membre de l’Association Internationale des Femmes de la radio et de la télévision
* Published in print edition on 13 March 2015
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