‘Nous méritons autant nos bons gouvernements que les pires d’entre eux…

Interview – Yvan Martial

… Plébisciter la meilleure opposition qui soit est aussi important qu’élire un gouvernement acceptable’

* « Les saisies de drogue sont des bouts d’iceberg. Pour une drogue saisie, huit ou davantage passent en contrebande comme une lettre à la poste’

Yvan Martial, journaliste et historien, condamne vertement les agissements anti-sociaux. Les coupables semblent postés dans tous les coins et à tous les échelons. Petits et gros mafias! Les institutions semblent-elles trop timides pour agir? Ou pire ne pas être à la hauteur pour se débarrasser de la pègre? Le peuple doute, chaque jour, un peu plus de pouvoir respirer un air pur sans se sentir matraqué par la drogue, le crime, le vandalisme etc. Ne semble-t-il pas qu’avoir bonne conscience ne fait plus sens?

Mauritius Times : Les problèmes de société s’aggravent de jour en jour avec les conflits souvent accompagnés de violence au sein des familles, les agressions sur la place publique et autres meurtres, les accidents et les saisies de drogues et les arrestations liés au trafic de drogue qui ne cessent de croître. La police ne peut pas être présente à chaque coin de rue, ni le gouvernement, quelle qu’en soit la couleur politique, ne peut être tenu de responsable de cette situation. Par ailleurs, ceux qui commettent ces crimes ne sont tous pas issus des classes pauvres ou « défavorisées ». Que se passe-t-il donc?

Yvan Martial : Gardons-nous de canoniser trop facilement notre passé pour mieux diaboliser notre présent. Nous avons surtout une presse surtout écrite plus efficace, peut-être pas assez investigatrice, nous renseignant mieux sur les crimes et accidents survenant ici et là autour de nous. Sommes-nous plus violents que nos ancêtres ? Aujourd’hui, nos journaux épluchent la moindre agression. Hier, deux lignes suffisaient pour dire qu’on avait retiré le cadavre d’une femme au fond d’un puits. L’impunité ne date pas d’aujourd’hui.

Des bambins passent des journées à pianoter inlassablement des jeux électroniques leur apprenant à tuer avant d’être tués. Qui s’en soucie ? Certainement pas le criminel, faisant fortune en mettant ces jouets mortifères à leur disposition. Les cartoons dont se gavent-ils ne sont pas plus cléments ni miséricordieux. Leurs parents se nourrissent de films d’actions où la mitraille peut défiler pendant d’interminables minutes. Cette violence audiovisuelle n’est pas gratuite. Elle excite la férocité bestiale en nous. A qui profite ce crime?

Les saisies de drogue sont des bouts d’iceberg. Pour une drogue saisie, huit ou davantage passent en contrebande comme une lettre à la poste. Une mafia dénonce une autre. Nous la démantelons. D’autres occupent le créneau ainsi libéré. Un mois suffit pour éradiquer mondialement le fléau de la drogue. Elle coûte quatre sous à produire. Il suffit de l’offrir gratuitement à consommer mais sous surveillance médicale. Fini ce marché, en raison de cette gratuité. Plus de trafic. L’empire s’écroule. Cela ne fait pas l’affaire des caïds multimillionnaires. Encore moins celle de leurs innombrables protégés, gouvernants y compris.

La police ne peut pas être à chaque coin de rue. Mais elle doit être efficace et performante. Nous, contribuables, rémunérons nos policiers pour faire respecter l’ordre public. Les candidats à nos élections législatives s’engagent en cas de victoire à former un gouvernement capable d’assurer la bonne gouvernance du pays. Malheur à nous, électeurs, si nous faisons un mauvais choix. Nous méritons autant nos bons gouvernements que les pires d’entre eux. Plébisciter la meilleure opposition qui soit est aussi important qu’élire un gouvernement acceptable. Apprenons surtout à voter pour les meilleurs candidats disponibles surtout s’ils n’ont aucune chance d’être élus, en raison d’un décevant électorat.

Assez avec cette thèse mensongère et fallacieuse que nos pires criminels appartiennent à nos classes pauvres et défavorisées. Ils sont seulement plus lourdement sanctionnés et condamnés. Leur implacable misère explique souvent leurs forfaits commis en désespoir de cause. Une prison synonyme de réhabilitation morale peut être la planche de salut leur ayant fait défaut jusqu’ici. Le riche pas seulement financièrement parlant n’a pas cet alibi. Il s’arrange seulement pour que ses crimes, mille fois plus odieux, demeurent indécelables et surtout impunis. Nous n’aurons jamais assez de mépris pour leur cracher au visage. C’est que nous ne valons peut-être pas mieux qu’eux.

Il y a pire que la crapule se pavanant sur une montagne de biens mal acquis. Ce sont les politiciens qui les soutire en les protégeant. Il n’y a pire lèpre que celle de l’âme. Nous ne pouvons rien contre eux. Notre crachat glisse sur leur figure comme de l’eau sur une feuille de brède-songe.

N’en perdons pas espoir pour autant. Tous les diables sur terre ne pourront jamais empêcher un saint de rayonner de perfection. Nous ne pouvons sauver le monde. Pas même notre pays. Sauvons notre vie. Sanctifions-la. Et nous ferons déjà la moitié du boulot.

* Ce qui est certain toutefois, c’est que nos « policy makers » et les institutions, censés surveiller et combattre les égarements et autres fléaux de société semblent être, dépassés. Les choses ne sont plus comme avant, et il se pourrait qu’il existe dans notre société plusieurs et différentes réalités, évolutionnistes qui échappent aux autorités concernées, aux hommes religieux, aux ONGs, à la presse et aux chercheurs. Ne faut-il pas quand même aller au fond des choses ?

Nous sommes mal placés pour savoir exactement ce qui se passait ou non dans le pays Maurice d’antan. Aujourd’hui même, il nous est impossible de savoir ce qu’il y a vraiment dans la pensée de n’importe quel individu, quelle que soit la responsabilité qu’il exerce ou néglige de faire, au sein de notre société. Nous ne sommes heureusement pas juges de personne. Pourquoi perdre alors notre temps à juger ce que les autres font ou ne font pas ?

Nous devons réagir toutefois quand nous prenons conscience que la façon de faire ou de ne pas faire de certains, surtout hauts responsables, nuit gravement à l’harmonie de notre vivre-ensemble ou hypothèque sérieusement la qualité de vie des enfants de nos enfants. Autant pouvons-nous être compréhensifs, indulgents, miséricordieux, cléments même, en ce qui nous concerne, autant devons-nous devenir intransigeants quand celle des âmes à notre charge est dangereusement menacée. Rien alors ne saurait justifier toute abdication, tout refus de combat, de notre part.

Ecartons de votre question, pour davantage de clarté, reléguons à une autre place les demi-responsables que sont nos religieux, ONGs, presse et chercheurs (s’ils existent). Ils font ce qu’ils peuvent. Souvent bénévolement. Ils ne nous doivent rien, à moins qu’ils soient spécialement rémunérés des fonds publics par nous, contribuables, pour assumer une responsabilité qu’ils négligeraient d’effectuer. Nos religieux prêchent surtout et malheureusement à des convertis, des fidèles, qu’au départ nous pouvons classer parmi nos citoyens bienfaisants et non malfaisants. Même si des violents domestiques, des incestueux, des trafiquants de drogue, des corrompus et corrupteurs, des dictateurs en puissance, se glissent parmi les brebis du révérend ou chef religieux, cela n’est pas gravé sur leur front. Même si cela était, le prédicateur de service éprouverait une certaine gêne à laver ce linge sale en pleine assemblée. Un exemple parmi cent : un minus est invité d’honneur à une quelconque liturgie ou fonction religieuse. Le prédicateur de service n’ignore rien, bien sûr, de la perversité pouvant se loger en cette personne. Le goupillon ne peut inviter le sabre pour lui reprocher toutes ses tueries.

Il y a ONG et ONG. Certaines ne connaissent que le service des autres, pauvres de préférence, même à fonds perdus. D’autres s’enregistrent seulement si elles savent qu’il y a, à la clef, possibilité de bourses d’études à l’étranger, de voyages en première classe, de per diem juteux. Laissons, aux responsables pouvant leur allouer ces subventions financières aux frais de nous, contribuables, le soin de séparer parmi ces solliciteuses, sinon racoleuses, l’ivraie et le bon grain. Laissons-les s’arranger avec leur conscience, s’ils en ont une car ils ne semblent pas craindre le torchon annuel de l’Audit.

La presse a déjà fort à faire de rapporter ce qu’il y a de mal mais aussi et surtout ce qui se fait de bien, de bon, de beau, de juste, sur notre bonne terre mauricienne. Elle nous tient informés. Œuvre sanctificatrice par excellence. Henri Souchon disait : Je complète ma prière quotidienne par la lecture des journaux du jour. Un Evangile comme un autre. Nous ne remercierons jamais aussi nos journalistes pour cet autre pain quotidien. Peut-être préférable à celui de nos excellents boulangers à qui je présente ici humblement mes excuses pour mon impair. Que le Pain des Iles surtout ne m’en veuille pas !

Nos chercheurs existent peut-être. Nous éprouvons grand-peine – à les …trouver. Rêvons d’une université capable d’intervenir lumineusement dans nos tâtonnements et nous offrir des sorties de tunnel libératrices.

Il fut ,certes, un temps quand nos problèmes nationaux étaient solutionnés par des fonctionnaires pas forcément « british born », avec la bénédiction de parlementaires du calibre d’un Edgar Millien, d’une Emilienne Rochecouste, d’un Renganaden Seeneevassen, d’un Harilal Vaghjee, d’un Aunauth Beejadhur, d’un Raoul Rivet.

Ces hauts fonctionnaires maîtrisaient leurs dossiers et osaient tenir tête à un Seewoosagur Ramgoolam, à un Razack Mohamed, à un Kher Jagatsingh. Un Frank Richard n’aurait jamais accepté d’être transféré aux Coopératives ou aux Sports. Nous, journalistes, respections au moment de l’Indépendance, autant nos secrétaires permanents que le minus pouvant poser son séant sur un fauteuil ministériel, le transcendant infiniment. Ce temps béni existe-t-il encore ? Nos fonctionnaires sont-ils devenus de simples exécutants, attendant pour la mettre à exécution la moindre éructation même stupide d’un minus, sorti d’on ne sait où, peut-être aussi incompétent que ses pairs ?

Nous arrivons enfin à nos « policy makers ». Ils brillent souvent par leurs incompétences. Mais ils se sont portés candidats pour occuper ces lourdes et écrasantes responsabilités. Nous ne sommes pas allés les chercher. Ils se sont imposés à nous par leur libre candidature. Nous, électeurs, avons majoritairement commis la monumentale bêtise de leur faire confiance.

Ne soyons pas lâches comme certains. Assumons pleinement notre responsabilité électorale. Le meilleur citoyen aujourd’hui est celui qui se prépare le mieux présentement à voter le plus intelligemment possible aux prochaines Législatives. Autrement dit, celui qui se détermine à voter pour les meilleurs candidats sur la liste, surtout s’ils n’ont aucune chance d’être élus. Voilà le salut de notre pays, de l’avenir des enfants de nos enfants. Et nulle part ailleurs.

* Nous disions au début de cet entretien qu’aucun gouvernement ne peut être tenu pour responsable de cette situation, mais il se pourrait qu’une politique économique qui d’une part, n’arrive pas à atténuer les inégalités et, d’autre part, favorise la consommation, pousse certains dans des activités illicites, mêmes criminelles. Qu’en pensez-vous?

Je vous laisse l’entière responsabilité du possible versement dans …l’irresponsabilité que nous devrions accorder au gouvernement en place, dit gouvernement Lépèp. Il a bon dos notre Peuple admirable quand nous prenons conscience du népotisme, du « noubanisme », sévissant dans tant de décisions ministérielles depuis le 12 décembre 2014.

Nous n’aurions peut-être pas fait mieux que les minus qui nous gouvernent mais nous au moins ne nous sommes pas portés candidats pour assumer des responsabilités gouvernementales. S’ils découvrent enfin leur nullité, ils sont libres à tout moment de nous rendre leur tablier, de démissionner en bloc, de se départir de leurs responsabilités ministérielles et législatives. Bref, de rendre à l’électorat souverain son droit de choisir, espérons plus intelligemment, le gouvernement le plus compétent qui soit.

En attendant, que se passe-t-il ? Le contraire de ce que souhaite votre question. Tout est mis en place pour qu’une poignée de privilégiés, tant dans les secteurs public que privé, puissent toucher des rémunérations mensuelles par millions, alors que tant de chefs de familles ne parviennent pas à améliorer la qualité de vie des âmes dont ils ont la charge, malgré des heures supplémentaires, des 2e et 3e emplois, des petits boulots à leur compte car ils doivent aussi entreprendre, pour demain survivre, car leur emploi tient à un fil aussi fragile que celui qui retient le licenciement-épée de Damoclès.

Quand le sommet de notre hiérarchie salariale pyramidale se sucre aussi facilement sans se soucier de la misère noire dans laquelle se débattent les « ti-dimounes » à la base, nous ne pouvons nous attendre à aucun sursaut populaire pouvant actionner un quelconque ressort économique. Commençons par nous défaire de toutes nos limousines valant des millions hors taxes avant de perdre notre temps et notre salive à palabrer sur les inégalités économiques à éliminer. Si inégalité il y a,que ceux, qui touchent au-dessus d’un seuil, que je les laisse provisoirement déterminer, et qu’ils distribuent à moins chanceux qu’eux ce qu’ils en ont en trop. Après quoi, j’accepterai de discuter inégalité économique et sociale avec eux.

Si j’ai un conseil à donner à ceux bénéficiant d’une façon ou d’une autre de l’inégalité économique, prévalant comme un cancer au sein de notre société, c’est celui-ci : Faites-vous aujourd’hui des amis dans l’au-delà, en aidant ceux qui sont présentement dans la mouise. Demain, vous risquez d’avoir besoin d’eux d’une manière infernale. Faites-le aujourd’hui même. Demain pourrait être trop tard.

* Au train où vont les choses, il semblerait qu’on aura besoin d’une commission d’enquête chaque cinq ans pour qu’on puisse combattre les fléaux qui rongent notre société et qui échappent, paraît-il, à la vigilance des institutions mises en place aux frais de l’Etat pour les combattre… 

Le fléau de la drogue est un cancer mondial qui ronge aussi mais dans l’indifférence ce qu’il y a de meilleur au sein de notre société, surtout spirituelle. Crime national, il y a donc depuis longtemps, pour ne pas dire depuis toujours et sur une échelle nationale grandissante. Nous devons nous demander : à qui profite ce crime ?

Des minus jurent les grands dieux qu’il n’y a pas meilleurs éradicateurs de pareil fléau qu’eux. Nous ne contestons pas leur grandiloquence mais nous nous réservons le droit imprescriptible d’évaluer leur sincérité mais surtout leur efficacité, non sur leurs belles, belles, paroles, mais sur le résultat que nous espérons heureux et bénéfique de leur combat.

Nous leur avons remis tous les pouvoirs souverains dont nous disposons. C’est-à-dire la confiance que nous leur avons accordée. Ils ne contrôlent pas seulement notre Police mais toute autorité officielle pouvant s’exercer sur notre territoire mauricien. A eux de venir nous expliquer comment nos prisons peuvent devenir le quartier-général d’un trafic illégal de la drogue, pouvant placer des commandes tentaculaires à l’étranger. Démissionnez si pareille responsabilité est trop lourde pour vos faibles épaules.

La Prohibition aux Etats-Unis de Donald Trump et famille a produit des Al Capone et autres caïds tout autant mafieux, pendant l’entre-deux guerres, au siècle dernier. Quand les Américains ont eu l’intelligence voulue pour abolir la Prohibition, ils ont du même coup tordu le cou à cette mafia de l’alcool. Le fléau du trafic de la drogue repose essentiellement sur un marché à risques parce que volontairement fermé et bouclé. Cela permet aux trafiquants, complices mais aussi protégés, au sommet d’une pyramide mondiale mais aussi nationale, de jouir voluptueusement d’un pactole juteux, artificiellement créé par une nouvelle Prohibition, permettant la multiplication d’Al Capone d’un nouveau siècle et millénaire.

Tout cela parce qu’un paquet d’herbe, aussi facile à produire peut-être qu’un paquet de cotomili, peut se vendre des milliers de fois sinon davantage plus cher que son coût de production. Supprimons ce marché en permettant à nos toxicomanes de consommer volontairement la drogue saisie, pour commencer, mais sous totale surveillance médicale, et nous pourrons possiblement éliminer totalement ou en grande partie ce marché illégal et surtout le juteux trafic. Cela ne se fera pas parce que cela dessert ceux , dont des puissants et bien placés, qui ont tout intérêt à ce que ce trafic continue, même si cela doit entraîner l’assassinat d’une malheureuse octogénaire, ayant le malheur de posséder un collier en or, pouvant payer une ou deux doses de ce poison mortel, même si le toxicomane est son petit-fils en qui cette malheureuse avait mis toute sa complaisance.

* Rien n’a été prouvé jusqu’ici et tous ceux qui sont convoqués par la Commission d’enquête sur la drogue sont présumés innocents jusqu’à preuve du contraire, mais ce que nous sommes amenés à voir et entendre à partir de certaines auditions de cette commission d’enquête ces temps-ci lève une partie du voile sur les agissements d’une partie de l’élite mauricienne. Pas beau à voir ou entendre, n’est-ce pas?

Un des plus grands malheurs de notre temps, de notre pays, est le trop long temps passé entre un délit souvent monstrueusement choquant et la sanction espérant fournir au coupable l’occasion de payer, si possible, sa redoutable dette envers la société. Il fut un temps, dans notre pays, quand il se passait moins d’un semestre entre le délit et la sanction qu’on espérait réparatrice.

Quand la Justice prend parfois des décennies pour donner un verdict même pas incontestable, le Peuple a complètement oublié de quel crime s’agissait-il. Il n’y a plus de portée pédagogique, pouvant associer, dans l’esprit des citoyens, tel crime à telle sanction. N’accablons surtout pas notre Justice. Si retard il peut y avoir dans son cas, il est souvent dû à d’autres retards sur lesquels elle n’a aucun contrôle, peut-être aussi par manque de rigueur et de sévérité car il en va aussi de l’intérêt public. Pour faire court et revenir à l’autre bout de la chaîne, autrement dit au moment où survient un crime, un délit, y compris les accidents de la route même non mortels, le bon sens voudrait qu’on batte le fer quand il est chaud.

C’est dire que notre Police a raisonnablement une quinzaine de jours pour éclairer la lanterne de l’opinion publique, lui donner les premières indications, lui permettant de comprendre comment et pourquoi événement aussi malheureux peut se produire chez nous. Il ne s’agit pas tant de désigner à coup sûr un ou des coupables et leur passer sommairement la corde au cou, avec de grands risques de toujours possibles erreurs judiciaires, que de rappeler à tout citoyen qu’il n’a aucun intérêt à prendre pareils risques, pouvant l’entraîner dans de sales draps.

Nous ne sommes plus des écoliers dans « be-low ». Nous devons comprendre par exemple que se mettre au volant d’un véhicule pouvant dépasser les 100 kilomètres à l’heure et circuler dans des zones habitées représente autant de danger que de traverser le bazar central en tenant à la main un fusil chargé. Nous ne prendrons jamais assez de précaution même pour des raisons professionnelles, pour faire bouillir la marmite familiale, et nous devons prendre certains risques pouvant mettre en danger la vie d’autrui.

Il n’y a pas que les dangers physiques pouvant menacer le corps d’autrui. Il y a aussi les crimes moraux, intellectuels, culturels, pouvant mettre en danger l’âme de personnes moins matures que nous.

Nous arrivons à ceux qu’un gouvernement en place choisit pour occuper de hautes responsabilités. En acceptant volontairement pareille mission ils acceptent de devenir des modèles, des exemples, pour l’ensemble des citoyens. Nul ne peut remplir honorablement pareilles responsabilités si quelqu’un peut raisonnablement lui reprocher publiquement une possible infamie.

Demeurer en fonction, s’accrocher misérablement à leur possible « boutte » en attendant qu’un lointain verdict juridique les condamne ou les blanchisse, c’est entacher ceux qui leur ont fait confiance en sollicitant peut-être mal à propos leurs services. Qui doit démissionner ou qui doit leur demander de démissionner ? Laissons ces questions à leur conscience. S’ils en ont une. Il y a toujours la possibilité pour quelqu’un de très haut placé d’être ainsi mis, à tort ou à raison, sur la sellette, de prendre conseil de mentors capables de le conseiller pour sortir de cet imbroglio la tête haute, même s’il doit perdre dans l’affaire quelques sous toujours misérables. Il perdra ceux-ci mais conservera son honneur et l’estime de la population. A lui de nous dire s’il tient davantage à ses sous plutôt qu’à l’estime générale.

* En France, François Bayrou a, de son propre chef, soumis sa démission en raison d’une enquête qui secoue son parti afin de ne pas exposer le Président Macron et son gouvernement. Le Premier ministre Jugnauth dit attendre le rapport de la commission d’enquête sur la drogue avant d’agir et réclamer la démission de quiconque, proches du pouvoir ou cumulant des fonctions au sein de l’Etat, dont les noms sont cités devant cette commission d’enquête et leurs implications dans le trafic confirmées. Votre opinion?

Il nous est toujours plus facile de croire en quelqu’un qui agit de manière exemplaire plutôt qu’en quelqu’un cherchant à s’abriter derrière de faux-fuyants. Un est crédible. L’autre doit le devenir. Cela dit, Emmanuel Macron se débarrasse peu glorieusement de François Bayrou. Gouverner, c’est prévoir. Ne pas savoir que le MODEM traînait cette casserole ne plaide pas en faveur du nouveau président français. Bonne fête nationale quand même.

* On ne sait pas à ce stade comment les choses vont évoluer au niveau de la Commission d’enquête et si des noms d’avocats proches de l’opposition seront cités ou non, mais on pourrait croire que la commission d’enquête sur la drogue pourrait affaiblir davantage ce qui reste du gouvernement Lepep – quoique l’affaire des ‘Amsterdam Boys’ en 1985 n’eût pas chassé le gouvernement MSM d’alors du pouvoir… Qu’en pensez-vous?

Le gouvernement en place dispose d’une excellente occasion de savoir si Lépèp qui l’a plébiscité le 10 décembre 2014 lui fait toujours massivement confiance ou pas. Il lui suffit de présenter un candidat à l’élection partielle, devant avoir lieu prochainement à Belle-Rose/Quatre-Bornes. S’il ne le fait pas ‘Lépèp Admirab’ ne pourra pas ne pas comprendre que le torchon brûle à l’Hôtel du Gouvernement.

* Le contexte politique aujourd’hui est différent, le MSM est esseulé, ne se retrouvant qu’avec le parti d’Ivan Collendavelloo à ses côtés. Paul Bérenger lui-même semble frustré du fait que Pravind Jugnauth n’arrive pas à se débarrasser de tous ceux dont les noms sont cités devant la commission d’enquête sur la drogue… Un ‘remake’ du ‘Remake MMM-MSM’ devient compliqué, paraît-il?

Chaque chose en son temps. Je refuse d’envisager la moindre alliance ou mésalliance politique, avant la fin de tout mandat électoral. Attendons 2019 pour être plus sage et répondre à pareille question, sachant qu’entre-temps peuvent intervenir tant de dîners à River Walk ou ailleurs, tant de gâteaux hypocritement fourrés sur la langue pas forcément cravate d’un possible allié mais éphémère. La Partielle au No 18 permet en revanche à nos différents partis politiques sinon groupuscules d’établir leur force électorale indépendamment des autres. Nous leur supplions de ne pas nous priver de « Maiden Plate » aussi inespéré.

* Au train où vont les choses, si la partielle aura effectivement lieu, on peut, d’ores et déjà prédire, que c’est le trafic de drogue et ses ramifications dont ses réseaux de connivence au sein des institutions publiques et politiques qui vont dominer la campagne électorale – le cheval de bataille de Roshi Bhadain, le Metro Express, passera lui au second plan. Et, cela va faire mouche…Votre opinion ?

Il n’y a que des imbéciles à pouvoir croire que le résultat de cette élection partielle peut ou non exercer une quelconque influence sur une réalisation aussi pharaonique, pouvant se révéler monumentalement déficitaire. Il s’agit davantage d’une affaire de haute commission. Qui a reçu, doit payer. N’oublions pas que nous pouvons avoir dès demain tous les avantages ou presque du métro léger sans les inconvénients, en favorisant au maximum, même au détriment de la circulation privée, des voitures de maître, le transport en commun par autobus, en réservant par exemple aux véhicules du transport en commun des tronçons de la route Royale, entre La Vigie et Terre-Rouge. Mais du coup plus de haute commission.

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